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Aphybio : un vrai combat & une bouffée d’air dans le milieu des 3D

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Créée par Jean jacques Olivares, Aphybio est une association de « phytobiocideurs » qui a pour but de faire évoluer le secteur de la lutte antiparasitaire vers plus de professionnalisme. Dans une seconde partie de son interview, Jean Jacques Olivares nous explique pourquoi il a créé cette association.

Par Hélene FRONTIER

Que faut-il faire pour améliorer le secteur de la lutte antiparasitaire en France ? 

Jean-Jacques Olivares : Il faut former les gens pour leur apprendre à choisir un produit biocide intelligent. Quand je dis un produit intelligent, je parle du bon produit pour la bonne application. C’est ce que j’essaie de faire avec des formations de sensibilisation connexes avec l’association Aphybio.

Quelques années auparavant, lorsque j’ai vu le nombre et le profil des gens qui s’inscrivaient en formation, j’ai compris qu’il était important de les aider. Il n’existe aucune formation au lycée ou dans l’enseignement supérieur sur l’utilisation de produits biocides. 

Avec Aphybio, tous les adhérents échangent sur les bactéries, travaillent ensemble etc.. Je fais ça sur mon temps libre et je ne perçois pas d’argent. 

Comment allez-vous procéder pour trouver des solutions et faire progresser le secteur 3D ?

Dans un premier temps, nous allons faire des commissions verticales et des commissions horizontales pour pouvoir aborder les spécificités et aussi les problèmes communs à chaque filière. On n’en est qu’à la moitié à peu près. Il y a peu d’adhérents, une trentaine de personnes mais c’est déjà un bon début. 

Je réunirai les gens qui auront participé à ce mouvement naissant et je leur demanderai ce qu’ils veulent faire. D’après vous, quelles sont vos priorités. Est-ce la formation ? Est-ce la recherche appliquée ? Est-ce la création d’un label ? Etc. C’est une démarche assez intéressante. On passe en revue les problèmes liés aux rongeurs, aux insectes, aux bactéries, les limites du biocontrôle, etc. Ensuite, nous étudierons les problèmes liés aux produits, à la réglementation, et le problème du marketing dans notre secteur. 

Il existe déjà des formations professionnelles dans le secteur, comme le CQP, qu’en pensez-vous ?

Le CQP (certificat de qualification professionnelle), c’est un premier pas. Mais ce qu’il faudrait faire, c’est un CAP ou un BEP. Il faudrait que ce soit pris en charge par l’Éducation nationale ou par les lycées agricoles qui ont déjà des formations phytosanitaires. 

Il y a des formations axées sur les produits phytosanitaires du CAP jusqu’au diplôme d’ingénieur. C’est l’enseignement agricole qui est le mieux placé. Il y a plein de points communs et c’est là d’où vient le nom Aphybio. Les matières actives sont les mêmes. Du coup, les modes d’action sont les mêmes. La cible est différente, l’objet du traitement est différent mais la protection, les équipements de protection individuelle sont les mêmes. Il y a plein de points communs. Le raisonnement de la lutte devient le même. 

Le CQP, c’est une amorce. Il faut absolument que tout le monde se mette autour de la table et que chacun énonce ses contraintes et ses facteurs limitants, y compris l’amateur, pour qu’on puisse aborder l’hygiène publique et privée comme un réel problème auquel il faut faire face en France. J’espère que la crise sanitaire aura montré que l’hygiène est primordiale, qu’ils doivent se laver les mains plus souvent et qu’ils seront plus prudents. 

Là c’est pour les microbes, mais il y a aussi plein d’autres problématiques… Prenez la punaise de lit, par exemple, même si ce n’est pas un problème lié à l’hygiène, mais plutôt au gaz carbonique et à la température dans les logements. Lorsqu’il y a une infestation, il y a toujours ce problème de savoir qui paye l’intervention : le locataire ou le propriétaire ? C’est encore un problème de l’interprofession. Ça ne se règle pas uniquement avec les applicateurs 3D. 

Le certificat de qualification professionnelle dure 400 heures pourtant, n’est-ce pas suffisant ?

Je suis un ancien formateur de CFPPA, je sais donc comment se déroule la formation. Ce genre de formation est réalisé pour ceux qui veulent avoir la certification agriculture biologique pour avoir une formation courte professionnelle d’adultes. Ce sont des formations courtes de huit mois. Je peux vous dire qu’en sortant, l’élève n’a pas les compétences nécessaires. Bien sûr, cela reste mon avis et n’engage que moi.  

En formation initiale, il faut deux ans pour obtenir un brevet professionnel en formation paysager et vous pouvez passer la même formation en adulte en huit mois. Avec des stages ponctuels 15 jours par-ci, 15 jours par-là. Concernant les stages, si vous tombez bien tant mieux, mais si vous faites du rempotage pendant 15 jours, vous apprenez le rempotage mais vous n’apprenez pas autre chose.

Depuis quelques années je suis dans la filière biocides et je constate la même chose.

Pourquoi cette transition vers les produits biocides par ailleurs ?

J’ai commencé par faire du Certiphyto, puis j’ai appris que le Certibiocide allait être mis en place. 

Comme je suis un ancien formateur de CFPPA, je me suis renseigné et je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas d’école, donc pas de formateurs. J’ai donc réalisé un CD-ROM sur les produits biocides, sur l’hygiène publique. J’ai été le premier à demander mon agrément et je l’ai eu assez rapidement. Je l’ai fait à titre commercial. Comme j’étais dans les premiers à être agréé certibiocide, on m’a confié des formations un peu atypiques. Par exemple, c’est moi qui forme les désinsectiseurs des avions de l’aéroport Roissy Charles de Gaulle, j’ai formé des gens de différents secteurs. 

Les deux premières années m’ont permis d’avoir une vision nationale de ce métier, de découvrir des métiers que je ne connaissais pas. De là je me suis rendu compte de deux choses différentes du secteur phytosanitaire et qui ont retenu mon attention. La première c’est qu’il y a une dimension sociale. En hygiène, ce n’est pas les produits qui comptent vraiment, c’est le diagnostic que fait la personne. C’est sa manière d’anticiper, de se poster, de mettre des pièges ou des protections, de savoir parler aux clients, d’avoir de la pédagogie… c’est tout ça. Et ça m’a intéressé. Avec les nouvelles AMM (Autorisations de Mise sur le Marché) et la fin de l’appâtage permanent, il faut un véritable raisonnement dans la lutte antiparasitaire. En plus du côté technique de la biologie des insectes et des cibles, il y a cette dimension sociale à prendre en considération dans le milieu 3D.

En somme, quels sont les objectifs d’Aphybio ?

J’ai pris l’initiative de créer Aphybio parce que je pense que la profession a un réel besoin d’encadrement et de soutien technique. C’est donc une structure de promotion et de développement. Ce n’est pas du tout une structure syndicale. A ce stade, nous n’en sommes qu’à la phase préliminaire d’échange, ce sont de petits ateliers en vidéoconférence. 

Après cette phase, nous allons essayer de faire remonter les problèmes à un niveau supérieur. Par exemple, si les professionnels nous disent : “ce serait bien qu’on fasse des tests sur le gel blattes”, on cherchera des solutions pour le faire. Admettons que l’on ait besoin de 10 000 €. La prochaine fois que je vois un membre de la CEPA, et que je lui présente l’Aphybio, je lui demanderai des conseils pour obtenir de l’aide à ce niveau là.

Une autre idée, ce serait d’avoir un technicien au niveau régional qui encadre les entreprises. On embauche un jeune apprenti que l’on va former, et qui serait à la disposition des gens de l’association pour aller les conseiller, pour aller sur le terrain… ça peut être une initiative.

Je me rends compte lors des formations et des ateliers en visioconférence, que les gens aiment bien se retrouver pour discuter sur ces sujets. Comme ils n’en ont pas l’habitude, ils sont heureux d’être ensemble. Ils échangent leurs adresses, les spécialités, certains ne veulent pas faire du frelon, d’autres ne font pas de dératisation, etc.

J’ai réalisé un petit dépliant que je donne aux applicateurs qui explique le rôle de l’association Aphybio. Les personnes qui ont rejoint Aphybio peuvent mettre le tampon de l’entreprise derrière pour montrer qu’ils sont membres. C’est gratuit. Cela leur donne de la reconnaissance, ils ont besoin d’appartenir à quelque chose. 

Je vais faire un deuxième dépliant sur la punaise des lits, parce que c’est la priorité du moment, pour démystifier le côté hygiène qu’ils ont gratuitement par l’association.

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