La mérule et autres champignons lignivores

Article mis à jour le 23 septembre 2024

Les champignons lignivores sont des champignons qui se nourrissent de bois. Souvent liés à un problème d’humidité, ces organismes attaquent le bois des maisons, causant ensuite sa décomposition.

Généralités

Les champignons lignivores sont un véritable fléau pour les habitations. S’attaquant au bois des charpentes et des caves, ces champignons peuvent entraîner l’effondrement du bâtiment.  Parmi les espèces de champignons lignivores les plus connues, on retrouve fréquemment :

  • la mérule (Serpula lacrymans), 
  • le coniophore des caves (Coniophora puteana),
  • et le polypore des caves (Fibroporia vaillantii). 

Identification et cycle de vie

Les champignons lignivores se développent dans les endroits humides, mal aérés ou confinés.  Il existe plusieurs espèces de champignons lignivores. Mais ces espèces ont toutes un point commun : elles se nourrissent des bois humides. En revanche, elles ne s’attaquent pas toutes au bois de la même manière. Il existe différents types de champignons, classés selon les dégâts qu’ils occasionnent. Les différents types de pourriture permettent de différencier les différentes espèces de champignons lignivores entre elles. 

La pourriture cubique

Également appelée pourriture brune ou rouge, la pourriture cubique dégrade essentiellement la cellulose et les hémicelluloses présentes dans le bois. Mais elle épargne la lignine. Ce type de pourriture provoque une fissure au cœur du bois infesté et donc entraîne son effritement. C’est la forme de pourriture qui est causée par la mérule ou le coniophore des caves. Elle apparaît dès un très faible taux d’humidité (supérieur à 20%). 

La pourriture fibreuse

La pourriture fibreuse se caractérise par la dégradation de la lignine mais également de la cellulose présente dans le bois. Une fois attaqué, le bois s’éclaircit et se décompose.  Cette pourriture peut être causée par le polypore des caves ou le collybia. Elle apparaît lorsque l’habitation présente un taux d’humidité supérieur à 40%. 

La pourriture molle :

La pourriture molle apparaît lorsque l’habitation présente un taux d’humidité supérieur à 50%. Les champignons lignivores qui provoquent cette pourriture sont les chaetomium globosum ou les peziza. Cette pourriture affecte le bois superficiellement et l’assombrit..  Les champignons qui causent le plus de nuisances sont donc :

La mérule :

Champignon lignivore le plus répandu, la mérule se présente sous plusieurs formes mais la plus répandue est la mérule pleureuse. La mérule pleureuse doit son nom aux filaments humides (hyphes) et à son mycélium de couleur jaune blanchâtre. Présente dans les anciennes et nouvelles habitations, la mérule est très dangereuse pour la structure d’une habitation.  

podcast mérule champignon

Le coniophore des caves :

Le coniophore des caves a besoin d’un plus fort taux d’humidité que la mérule pour se développer. Ce champignon a un mycélium cotonneux et blanchâtre et des filaments bruns foncés qui lui permettent d’explorer le bois. 

Le polypore des caves : 

Le polypore se développe à partir d’un taux d’humidité supérieur à 40%. Son mycélium est blanc et ses filaments restent souple même lorsqu’ils sont secs. Le polypore cause une maladie appelée “maladie cryptogamique” qui se manifeste par des traces blanches sur le bois. Le polypore est également dangereux pour l’homme car il peut provoquer une infection des voies respiratoires. 

Infestation et nuisances

La mérule : 

Image champignon mérule
©monEquerre

La mérule provoque l’effritement du bois en s’attaquant à la cellulose de celui-ci. Elle apparaît lorsqu’il y a : 

  • un taux d’humidité d’au moins 22 % ;
  • une température de 20 à 26 °C ;
  • un manque de lumière et de ventilation ;
  • des vapeurs d’ammoniaque.

Appelée la lèpre des maisons, la mérule donne un aspect calciné au bois et détruit les propriétés mécaniques du bois. Tout cela peut amener l’effondrement du bâtiment. Mais le bois n’est pas la seule victime de la mérule. Si les filaments humides de cette dernière entourent des fils électriques, cela accroît le risque d’incendie dans les habitations.

Le coniophore des caves : 

Image champignon coniophore
©TCB-Deschaux

Le coniophore des caves a besoin pour se développer 

  • d’une température comprise entre 5° et 35°;
  • d’un fort taux d’humidité supérieur à 50% ;
  • d’une remontée capillaire ;
  • d’un environnement confiné et obscur. 

Souvent confondue avec la mérule, le coniophore s’attaque au bois des fondations tout comme la mérule. Mais il ne peut pas transporter de l’eau à travers ses filaments bruns. Le coniophore peut également amener des insectes parasites qui s’attaquent au bois comme le lyctus.

Le polypore des caves

Image champignon coniophore des caves
©CTB-A+

Pour que le polypore se développe, le taux d’humidité doit être supérieur à 40% et une température élevée supérieure à 25°. Lorsqu’il attaque le bois, celui-ci devient alors blanc et spongieux. Il perd ses propriétés mécaniques et ne soutient plus grand chose. Le polypore amène aussi à une infestation de grosses vrillettes (Xestobium rufovillosum, une espèce d’insectes coléoptères, xylophage).

Prévention et risques

Pour prévenir une infestation de champignons lignivores, il est crucial de maintenir un taux d’humidité inférieur à 20% dans les zones sensibles. Voici quelques bonnes pratiques à adopter pour protéger votre habitation :

  • Veillez à garder une ventilation optimale dans toutes les pièces, notamment celles avec des niveaux élevés d’humidité (comme les caves, salles de bains et cuisines). Il peut être utile d’installer un système de ventilation mécanique contrôlée (VMC) pour assurer un renouvellement constant de l’air.
  • Évitez de stocker du bois, du carton, ou du papier dans des pièces humides, car cela crée un environnement propice au développement des champignons.
  • Retirez les boiseries inutiles sur les murs des anciennes caves et privilégiez des matériaux de construction résistants à l’humidité, comme les plaques de plâtre hydrofuges.
  • N’utilisez pas de lambris pour couvrir les murs dégradés par l’humidité, car cela ne fait que masquer le problème sans le résoudre.
  • Réparez rapidement toutes les fuites et infiltrations d’eau, qu’il s’agisse d’eau sanitaire, de pluie ou d’eaux usées, pour empêcher l’humidité de s’infiltrer dans le bois.
  • Asséchez régulièrement les murs humides en utilisant des déshumidificateurs ou absorbeurs d’humidité, surtout après des travaux de plomberie ou lors d’épisodes de fortes pluies.
  • Stoppez les remontées capillaires dans les murs avec des traitements appropriés, comme l’injection de résine.
  • Vérifiez régulièrement l’état des bois de charpente, surtout après des périodes de forte humidité, pour identifier les signes de dégradation.

Si vous constatez une infestation, il faut directement faire appel à un spécialiste qui établira un diagnostic complet et mettra en place des traitements afin d’éliminer les champignons. En effet, une infestation de champignons dans votre habitation peut causer énormément de dégâts comme :

  • la destruction de la charpente, 
  • une infection des voies respiratoires, 
  • un infestation d’insectes parasites,
  • ou encore l’effondrement complet de la bâtisse.

Il est également important avant d’acheter une habitation dans une zone à risque, de vérifier si un diagnostic obligatoire de mérule a été effectué. Ce diagnostic est annexé au dossier de diagnostics techniques (DDT). 

Traitements

Le traitement dépend du type de champignons. Il n’existe aucun traitement naturel contre les champignons lignivores. C’est pour cela qu’il est important de faire appel à un professionnel pour éradiquer les champignons dans votre habitation.  Pour traiter les zones infestées par les champignons, il faut généralement : 

  • assécher les zones humides ;
  • s’assurer que les fuites d’eau sont terminées ;
  • retirer le bois pourri et le remplacer par du bois traité contre les champignons ;
  • frotter toutes les surfaces alentour avec une brosse métallique pour éliminer les spores des champignons et éviter tout risque de nouvelles infestations. 

Pour traiter le bois, il existe deux types de traitements : les traitements de surface et les traitements par injection. Le traitement le plus utilisé reste le traitement par injection, on injecte directement dans le bois et les murs, un fongicide certifié. Sinon on asperge les murs et les zones infectées par les champignons de fongicide et on brûle les maçonneries infectées. Mais une fois encore, le traitement sera choisi selon le champignon détecté. 

 
 
 
 
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