La mérule pleureuse Serpula lacrymans, un squatteur difficile à déloger

Article mis à jour le 22 janvier 2025
Présente sur tout le territoire français, la mérule pleureuse est un champignon capable de faire des dégâts importants sur nos bâtiments. La mérule pleureuse (Serpula lacrymans) est un champignon lignivore reconnu pour ses effets destructeurs sur les structures en bois des bâtiments. Se développant principalement dans des environnements humides et mal ventilés, ce champignon saprotrophe peut provoquer des dégâts considérables en attaquant la cellulose du bois, ce qui fragilise les structures et peut mener à leur effondrement. D’autres espèces moins courantes existent, comme la mérule sauvage (Serpula himantioides), plus souvent présente à l’extérieur qu’à l’intérieur.
Sommaire
Conditions idéales pour la prolifération de la mérule
La mérule va commencer sa croissance dans un environnement sombre, humide (à partir de 22 % d’humidité pour un optimum de 35 %) et mal ventilé. Une température située entre 15 et 25 °C est nécessaire pour entamer la croissance du champignon, sachant qu’une fois commencée, sa croissance sera ralentie, mais non arrêtée, par des températures écartées de son optimum. Si elle est exposée à un stress (lumière, diminution de l’humidité), la mérule va fructifier en formant des sporophores, galettes de couleur brune, pouvant libérer des spores dans l’air.
Un champignon règlementé
La loi ALUR (pour l’Accès au Logement et un Urbanisme Rénové) du 24 mars 2014 vient encadrer la lutte contre la mérule pleureuse en rendant obligatoire une information sur la présence d’un risque mérule au préalable d’une vente immobilière dans un territoire où la présence de la mérule est avérée (art. L126-25).
L’occupant d’un bâtiment contaminé par la mérule, ou à défaut le propriétaire, a l’obligation d’en faire la déclaration en mairie. Par la suite, un arrêté préfectoral va délimiter les zones de présence d’un risque mérule au sein du département concerné. Il existe aujourd’hui 20 départements ayant un ou plusieurs arrêtés préfectoraux, mentionnant les communes concernées par l’obligation d’information en cas de vente immobilière. Même s’il s’agit surtout de départements du nord-est et du nord-ouest, tout le territoire français est concerné par le risque mérule.
L’importance du diagnostic
Ce diagnostic, fortement conseillé en zone concernée par un arrêté préfectoral, est réalisé par un professionnel certifié ou par une entreprise spécialisée dans le traitement du bois. Il peut s’agir d’un diagnostic visuel où l’intervenant va effectuer un contrôle des menuiseries et des boiseries de l’habitation, à la recherche du champignon, de pièces de bois déformées ou devenues molles ; ou par l’odorat, puisque la mérule produit une odeur proche de l’humus.
Suite à ce premier diagnostic, il est conseillé de prélever un échantillon pour réaliser une analyse en laboratoire afin de confirmer la présence de Serpula lacrymans.
De nombreux autres champignons lignivores peuvent être présents dans nos bâtiments (environ 250 espèces différentes), dont certains ressemblent beaucoup à la mérule pleureuse, comme le coniophore des caves ou la mérule sauvage Serpula himantioides. Le traitement de ces champignons ne nécessitant pas autant de déconstruction que pour la mérule pleureuse, il est important de confirmer le diagnostic avant d’agir.
L’analyse en laboratoire peut se faire de deux façons : soit par microscopie optique ou bien par biologie moléculaire (PCR).
Il est possible d’éradiquer la mérule avec un traitement par air chaud, une norme existe pour ce traitement (Norme EN 14128). Le principe consiste à faire monter la température de toute la pièce/habitation afin d’atteindre 50 °C à cœur des pièces de bois pendant 16 h. Attention aux matériaux sensibles à la chaleur qui peuvent être détériorés avec cette technique de lutte.
La mérule représente une menace sérieuse pour les structures en bois des bâtiments. Un diagnostic précis en laboratoire est crucial pour une identification correcte et une gestion efficace de l’infestation. Les techniques modernes de diagnostic, associées à des mesures préventives rigoureuses et des traitements appropriés, sont essentielles pour protéger les habitations et prévenir des dommages coûteux et dangereux.
L’analyse par PCR est à privilégier, car l’utilisation de sondes spécifiques permet de s’affranchir de toute erreur d’identification visuelle. Si les résultats montrent qu’il ne s’agit pas de Serpula lacrymans ou S. himantioides, il est possible de faire un séquençage afin de déterminer l’espèce, ce qui permettra d’adapter le traitement par la suite.
La prévention, le meilleur moyen de lutte
La prévention de la mérule repose sur la gestion de l’humidité et une bonne ventilation. En s’attaquant sur les causes de la présence de la mérule, il est possible d’éviter la germination de ses spores. Il est indispensable de s’assurer d’une bonne circulation de l’air au sein de nos habitations et de réparer rapidement toutes les causes de fuites d’eau ou d’infiltration afin d’éviter d’avoir des bois humides.
Comment éradiquer la mérule ?
Il existe deux référentiels pour l’éradication des champignons lignivores par méthodes chimiques : FCBA DQ Cert. 16-310 et QUALIBAT 1532, sachant que ces certifications ne sont pas obligatoires pour les entreprises de traitements mais sont un gage de qualité. De plus, les méthodes chimiques d’éradication de la mérule nécessitent l’emploi de produits biocides, ce qui signifie que pour acheter et utiliser ces produits de protection du bois (TP8) professionnels, le Certibiocide est obligatoire.
Le traitement consiste à :
- Retirer les pièces en bois infectées,
- Passer à la flamme la maçonnerie touchée afin de détruire le champignon en surface,
- Buriner et brosser à la brosse métallique les joints de maçonnerie.
Une fois ces étapes réalisées, les murs sont percés sur les 2/3 de leur épaisseur pour injecter un produit fongicide.
Auteur : Aurélien Lefeuvre, Responsable de la formation chez BIOVA FRANCE
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