Actualités

Expert anti-nuisibles : un métier qui a bien changé en 60 ans !

Matériel ancien pour expert anti-nuisibles
©Noble Nature

Depuis six décennies, nous assistons à de grands bouleversements dans la profession d’expert anti-nuisibles. Le secteur de la lutte antiparasitaire a en effet vu arriver de nombreux progrès. Jean-Michel Michaux, de l’Institut scientifique et technique de l’animal en ville (ISTAV), commente ces évolutions.

Par Hélène Frontier

Des produits biocides plus sûrs

Les opérateurs de lutte antiparasitaire éliminent et repoussent les rongeurs, cafards, punaises de lit et autres insectes avec des produits biocides puissants. Ces produits servent à éliminer, repousser ou rendre inoffensifs les nuisibles. Cependant, les biocides présentent un danger pour la santé, l’environnement et les espèces non-cibles.

Notre mission est de protéger la santé humaine, bien évidemment, mais il faut également protéger la biodiversité.

Jean-Michel Michaux, ISTAV

Autrefois plutôt agressifs, les produits biocides sont nettement plus respectueux de l’environnement et plus sûrs aujourd’hui grâce aux progrès de la technologie. Ainsi depuis quelques années, l’utilisation des biocides se fait dans le respect des consignes de sécurité et de protection. D’ailleurs, ils sont soumis à une réglementation biocide stricte, qui vise à contrôler leur utilisation.

Désormais, les produits biocides présentent un risque beaucoup plus maitrisé lorsque l’expert anti-nuisibles les utilise correctement. Ils ont également un impact environnemental plus faible (tout en restant efficaces sur les insectes et les rongeurs).

« À partir du développement de la chimie, dans les années 50 et 60, nous avons cru pouvoir tout résoudre à l’aide des biocides », commente Jean-Michel Michaux, de l’ISTAV. Et il est vrai que la chimie a bouleversé le fonctionnement de la lutte anti-nuisibles.

L’arrivée des Autorisations de mise sur le marché (AMM) a vraiment fait bouger les lignes, selon lui. « À l’arrivée des problématiques concernant les produits phytopharmaceutiques, on s’est aperçu que les produits biocides comportaient les mêmes risques et il a donc fallu encadrer l’activité », ajoute-t-il. De fait, cela a commencé il y a moins de vingt ans. Un rapide coup d’œil sur le site de l’ANSES permet de constater que la première décision d’AMM date de 2009. « Il y avait des homologations avant cette date, mais c’est à partir de ce moment-là que la réglementation a vraiment changé les choses », précise le formateur.

Lire également : Les produits anti-nuisibles, désormais plus sûrs

Des nuisibles plus facilement repérables pour l’expert

Nous sommes en guerre contre les nuisibles, mais nous n’avons plus la bombe atomique ! Et la première mesure dans la guerre, c’est le renseignement sur l’ennemi.

Jean-Michel Michaux, ISTAV

Il n’y a pas si longtemps encore, les professionnels de la lutte antiparasitaire ne pouvaient traiter que les insectes et les rongeurs qu’ils voyaient. Aujourd’hui, la technologie moderne nous permet de trouver des insectes ou des termites avant qu’une infestation n’ait lieu. Il en est de même avec les rongeurs. Les outils de diagnostic pour détecter rats et souris ont fait beaucoup de progrès.

De ce fait, le travail d’un expert anti-nuisibles est plus précis et plus approfondi que jamais. « Avant la chimie, il y avait des méthodes de lutte », plaisante Jean-Michel Michaux. « On bouchait des trous, on regardait… on mettait un chat ! »

« Très rapidement après l’arrivée des AMM, la notion de résistance aux produits chimiques a contraint les industriels du secteur à chercher d’autres méthodes », continue-t-il plus sérieusement.

Ainsi, il a fallu trouver des outils de diagnostic plus performants. Jean-Michel Michaux considère qu’on est en guerre contre les nuisibles. Et il file la métaphore : « Nous sommes en guerre contre les nuisibles, mais nous n’avons plus la bombe atomique ! Il faut donc faire autrement. Et la première mesure dans la guerre, c’est le renseignement sur l’ennemi. »

L’expert anti-nuisibles : un professionnel essentiel

Certes, le nombre de solutions contre les nuisibles est très important sur le marché amateur. Mais elles ne sont pas aussi efficaces que les services d’un expert anti-nuisibles professionnel. En France, la loi Egalim a d’ailleurs pour objectif de restreindre l’accès du grand public à certains produits biocides et phytopharmaceutiques.

Comme nous le rappelle Monsieur Michaux, au cours des dernières décennies, les insectes et les rongeurs ont montré une plus grande résistance aux insecticides et aux rodonticides. Outre les outils de diagnostic et le proofing, des produits chimiques à usage professionnel plus puissants sont souvent nécessaires pour éliminer les insectes et les rongeurs aujourd’hui.

D’une manière générale, il est plus efficace de faire appel à des professionnels pour traiter une infestation de nuisibles que d’essayer de le faire soi-même. Sur le long terme, une entreprise experte en lutte contre les nuisibles permet aux clients de gagner du temps et de l’argent. Mais ce n’est pas à vous que je vais apprendre cela !

« De manière simultanée, il faut prendre en compte l’évolution de la démarche qualité en hygiène alimentaire et en protection des plantes », reprend Jean-Michel Michaux. C’est notamment l’hygiène alimentaire qui a énormément apporté en termes de raisonnement : la lutte antiparasitaire s’en inspire largement.

Le principe de la lutte intégrée contre les nuisibles, que désormais tous les professionnels appliquent, implique l’utilisation des produits chimiques en dernier recours. C’est pourquoi il vaut mieux faire appel à un professionnel formé pour intervenir.

« Les bonnes pratiques constituent la première étape de la lutte », reprend Monsieur Michaux. « C’est largement en amont. Ensuite, on doit mettre en œuvre le diagnostic et la surveillance. Puis ensuite, des mesures environnementales permettent de rendre le milieu hostile. En parallèle, il faudra mettre en place des mesures suppressives (curatives). Ces méthodes viennent à la fin et s’adaptent aux mesures environnementales. »

Encore faut-il que le professionnel soit correctement formé ! En tout état de cause, on comprend que le citoyen lambda ne peut pas vraiment se substituer à l’expert anti-nuisibles…

Lutte contre les nuisibles : augmentation des besoins et de la demande

Aujourd’hui, le nombre de personnes ayant besoin de services professionnels de dératisation, de désinsectisation ou de désinfection ne cesse de croitre. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette demande en hausse :

  • l’augmentation du nombre de bureaux et de logements en milieu urbain (exemple de la croissance du centre-ville de Paris),
  • l’intolérance aux insectes,
  • la prolifération des rongeurs,
  • et l’augmentation du nombre d’insectes qui tentent de vivre à l’intérieur des habitations.

Ainsi, le secteur qui réunit les experts anti-nuisibles continue de s’accroître au fil des années.

Et Jean-Michel Michaux de conclure ainsi : « Notre mission est de protéger la santé humaine, bien évidemment mais il faut également protéger la biodiversité. Avec la mutation environnementale et celle du métier, les coûts des interventions pour les plans de lutte anti-nuisibles vont certainement devoir augmenter, malheureusement… »

Consulter également :

Source : ANSES

ÉCRIVEZ-NOUS
Avez-vous des nouvelles sur le secteur 3D,  que vous souhaitez partager avec nous? 
communication@hamelin.info

Que pensez-vous de cet article?

J'aime
2
Bravo
2
Instructif
2
Intéressant
3

Découvrez aussi

commentaires clos