Se débarrasser des rats sans produits chimiques
Article mis à jour le 6 septembre 2024
Comme l’indique le sous-titre de cet article, la mission d’un technicien applicateur est de maîtriser les nuisances de certaines espèces animales et non de lutter, voire lutter systématiquement, contre ces espèces. Pour maîtriser les rats et leurs nuisances, on peut dans certains cas vouloir faire appel à des méthodes non chimiques de lutte. Alors comment se débarrasser des rats sans produits chimiques ? Gilles Prisse (Edialux) se propose de faire ici un bilan sur ces méthodes.
Par Gilles Prisse, Edialux
Lorsque les espèces à l’origine de nuisances sont protégées, elles se révèlent généralement intouchables. Il existe également des espèces sans statut, comme le pigeon biset, par exemple. Pour de telles espèces, il est toujours préférable, pour de nombreuses raisons, de régler le problème de leurs nuisances sans s’attaquer aux individus eux-mêmes. Ainsi, contre le pigeon des villes, on mettra préférentiellement en place des mesures d’éloignement. En ce qui concerne le rat (Rattus norvegicus et Rattus rattus) et la souris (Mus musculus), le problème se pose différemment.
Sommaire
Pourquoi contrôler les rats par des méthodes non chimiques
En effet, ces 3 espèces sont des nuisibles déclarés soumis à lutte obligatoire par le code de la santé et le code rural. D’ailleurs, le ministère de l’environnement a homologué des rodonticides pour cela. Les seules limites à leur emploi proviennent de :
- l’interdiction de l’appâtage permanent (formulée en 2018),
- l’attitude des clients et du public : il n’est pas ici question des seuls défenseurs de la cause animale, dont le point de vue est, par ailleurs, respectable ; mais il est question de tous les interlocuteurs, officiels ou privés, d’un prestataire de lutte antiparasitaire ; parmi eux, on trouvera des personnes opposées à l’emploi des rodonticides mais sans refuser la maîtrise des individus eux-mêmes (les responsables agroalimentaires par exemple).
Ces deux paramètres représentent des contraintes réelles à la mise en œuvre des appâts rodonticides actifs. Donc il peut devenir judicieux, pour maîtriser les rats et leurs nuisances, de faire appel à des méthodes non chimiques de lutte.
Mesures d’hygiène, pour éviter les rats
La première alternative à l’emploi des rodonticides est de résoudre le problème à la source. On mettra ainsi en place des mesures d’hygiène qui permettront de prévenir le développement des infestations de rats :
- Ne pas attirer ni nourrir les rats et souris en condamnant l’accès aux sources de nourriture (denrées emmagasinées, résidus alimentaires, ordures consommables, etc.)
- Condamner leurs voies de déplacement et de pénétration dans les locaux (bonne gestion des bâtiments, de la chaussée et des égouts)
- Interdire leur nidification (idem)
Lire également : Prévenir les infestations de rongeurs en 3 étapes
De telles mesures sont difficiles à mettre en œuvre dans des milieux urbains à l’ancienne. À Paris, par exemple, la mise en place des mesures d’hygiène nécessaires n’a pas pu compenser les restrictions d’usage des appâts actifs. Dans le même temps, deux crues de la Seine (2012 et 2016) favorisaient une implantation des rats hors des égouts.
Mais certaines municipalités, moins marquées par une urbanisation historique et contraignante, ont œuvré avec bonheur en ce sens. La ville de Zurich en est un exemple notable.
La lutte mécanique contre le rat
Une autre alternative aux rodonticides est la lutte mécanique.
Pièges contre les rats à capture simple
On pense en premier lieu à la mise en œuvre de tapettes dont les modèles les plus aboutis présentent une efficacité qui permet de garantir la mort immédiate du rongeur piégé.
Une variante à ces matériels est le piège connecté qui informe à distance le prestataire et son client de son état, donc de la prise éventuelle d’un rongeur.
Cette alerte permet de déclencher un diagnostic suivi d’une action adaptée. Ce principe d’intervention nouveau en préventif rongeurs prend en compte l’interdiction de l’appâtage permanent.
Ces pièges mécaniques connaissent une variante au niveau du mode d’action avec les pièges électriques. Des détecteurs de mouvements permettent également de déclencher une alerte, donc une action. Mais ils ne présentent pas d’effet létal sur la cible.
Pièges rongeurs à captures multiples
D’autres méthodes de piégeage des rats font appel à des pièges multiprises. Ces derniers sont capables de capter un grand nombre de rongeurs sans nécessiter de réarmement manuel du système de piégeage. Voici un relevé des records, en nombre de captures, réalisés avec un de ces systèmes :
- 60 rats en 15 jours (usine agroalimentaire)
- 70 rats en 15 jours (usine de panification dans le sud-est)
- 158 souris en 15 jours (boulangerie à Versailles)
- 220 souris en 5 jours (boulangerie en Île de France)
- 26 rats en une nuit (relevé sur LinkedIn)
Ces pièges peuvent également être connectés. Le problème se pose, pour ces matériels, du mode d’élimination des rongeurs piégés et de la conservation de leurs cadavres en l’attente d’enlèvement. Les meilleures des solutions répondant à ces problèmes semblent être : élimination par anoxie et conservation dans une solution alcoolique. Pour rappel, le CO2, sous forme de gaz, est enregistré à l’annexe 2 du règlement 528/2012 et dispose d’une autorisation d’usage au titre des TP14.
Lire également : Rongeurs, le point sur le monitoring connecté
Maitrise non-chimique des rats : les autres dispositifs
Les ultrasons contre les rongeurs
Que penser de l’action des ultrasons sur les rats, puisque certains prestataires semblent remettre en cause leur efficacité ? Notons que pour des raisons techniques, on met en œuvre des sons extrêmement aigus (de fréquence 16,3 Kilohertz) et non pas de vrais ultrasons (de fréquence supérieure à 20 Kilohertz).
Il nous est possible d’affirmer que leur efficacité est réelle. Elle s’exprime par un effet dissuasif et non pas répulsif sur les cibles. Mais lorsque cet effet est correctement appréhendé par un utilisateur, il devient possible de mettre en protection préventive totale certains locaux, c’est à dire d’y réaliser le zéro rongeurs.
Les ultrasons permettent, dans certaines configurations, d’obtenir ce résultat alors que les moyens classiques de protection des locaux sont mis en œuvre dans le cadre d’une garantie de moyens et non d’une garantie de résultats.
Les plaques de glu anti-rongeurs
Qu’en est-il de l’utilisation des plaques de glu ? La mise en œuvre de ces matériels devrait, à terme, être, sinon interdite, du moins très strictement encadrée.
Lire également : Interdiction des pièges à glu, la BPCA s’en remet à ses membres !
Rats et neige carbonique
Concluons en évoquant une technique qui a été « testée » en France il y a peu. Nous devons l’évoquer pour tenir le lecteur informé du développement de ce projet. Il s’agit de la mise en œuvre de neige carbonique en vue d’éliminer les surmulots par anoxie dans leurs terriers. On parle également de glace sèche.
Si cette technique est utilisée aux États-Unis, elle ne peut pas l’être en Europe, aucune demande n’ayant été déposée en vue de l’autorisation de ce produit dans le cadre du règlement biocides.
Les promoteurs nationaux de cette technique se sont initialement prévalus de l’inscription du CO2 à l’annexe 2 du règlement au titre des TP 14. Ils ont omis le fait que cette autorisation valait pour le CO2 à l’état gazeux et non à l’état solide. Distinguo qui est pris en compte par la règlementation biocides…
Consulter également :
- Les pigeons en ville, où est le problème ?
- [PODCAST] Rat : entre dégâts et débat
- [Podcast] Le Rat d’égout – Rattus norvegicus
- Bien-être des rats, les méthodes de gestion n’en tiennent pas assez compte
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