Dératisation

[PODCAST] Rat : entre dégâts et débat

Visuel du podcast sur le rat

Le rat ! Rattus norvegicus de son nom scientifique… Il est aussi appelé surmulot, rat brun, rat d’égout, rat de Norvège ou encore rat gris pour le distinguer du rat noir. Écoutez ce podcast passionnant sur l’animal et les méthodes de lutte disponibles pour réguler sa présence parmi les humains.

 

En France, le rat est omniprésent. Les dégâts qu’il occasionne sont difficilement quantifiables. Tout le monde n’est pas d’accord sur les chiffres. Mais tout le monde s’accorde à dire que les populations de rats sont de plus en plus nombreuses. Certains scientifiques avancent une augmentation de 15 à 20 % ces dix dernières années dans les grandes villes du monde.

Les rats constituent une menace pour la population, mais également pour les municipalités. Ils entraînent des problèmes sanitaires et causent d’importants dégâts matériels. Alors, comment savoir si l’on a affaire à un rat brun ou un rat noir ? Comment diagnostiquer la présence de ce rongeur envahissant ? Et quelles méthodes utiliser pour s’en débarrasser ? Nous abordons ces questions dans ce podcast en compagnie de :

  • Dina Deffairi Saissac, conseillère municipale déléguée à la propreté, aux jardins partagés, à la végétalisation, et à la qualité de l’eau et de l’air, conseillère territoriale déléguée aux usages de la ville (accessibilité, lumière, plan lumière, occupation de l’espace public) et à la gestion des tiers lieux à la maire de Saint-Ouen (93) ;
  • Thomas Le Louarn, directeur général adjoint de la société Ratdown, qui fabrique et commercialise des solutions mécaniques alternatives, pour lutter contre les nuisibles, principalement des rongeurs et des volatiles depuis 2007;
  • Gabrielle Cor, de chez Liphatech, l’entreprise leader sur le marché des rodonticides pour lutter contre les rongeurs ;
  • et Mickaël Sage, président de la société Faune Innov’ et de Secu-rat, extensions de corbeilles de propreté et solutions sécurisées dédiées à la détection, au suivi et au contrôle des rongeurs dans un lieu inédit, là où il y en a le plus besoin !

Avec nos invités, nous essayons avant tout de comprendre ce qu’est concrètement un rat pour une dératisation plus efficace, et les facteurs qui favorisent son apparition et son développement.

Le rat brun : connaître l’ennemi pour mieux le traiter

Espèce commensale vivant à proximité des humains, les rats bruns sont souvent considérés comme des nuisibles. Ils se nourrissent de tout ce qu’ils trouvent. Vivant dans des terriers, ils prolifèrent principalement dans les parties basses des bâtiments comme les canalisations, proches d’un point d’eau.  Ils envahissent et endommagent les habitations et les biens. Ils propagent des maladies.

Le rat norvégien est principalement nocturne. Il préfère les endroits sombres et confinés. Il évite de se déplacer dans des espaces ouverts et bien éclairés. L’animal creuse des terriers et construit de vastes systèmes de tunnels et de passages sur les rives des rivières et les espaces ouverts. Il y vit avec ses congénères et s’y reproduit.

Les rats choisissent leurs habitats en fonction de la disponibilité de l’abri, de la nourriture et de l’eau. Ils vivent en groupes et établissent des relations sociales. Dans des conditions favorables, ils peuvent former des colonies de plusieurs centaines d’individus.

Leur capacité de reproduction apparemment illimitée, leur appétit féroce (qui peut entraîner le cannibalisme) et leur capacité à survivre dans des conditions insalubres ne font qu’aggraver leur réputation auprès du grand public. Pour toutes ces raisons et plus encore, les rats sont la cible de stratégies intensives de lutte antiparasitaire autrefois dénommée dératisation.

Comment savoir si l’on a affaire à un rat brun ou un rat noir ? 

Pour de nombreuses personnes, même pour certains professionnels, il peut être difficile de déceler les différences entre Rattus norvegicus et Rattus rattus.

Le rat noir peut avoir un pelage brun et il peut être difficile dans ce cas-là d’identifier l’espèce.

 Mickaël Sage

Dans la majorité des cas, les surmulots se trouvent dans les villes, dans des milieux  humides, comme des zones de travaux par exemple. 

Le rat brun est-il dangereux ? 

Pour Mickaël Sage, le rat n’est pas un problème « en soi ». Mais il peut l’être en raison de sa proximité avec les lieux avec des enfants, des usines alimentaires et des chaînes d’approvisionnement. “Dans ces cas-là, la tolérance de présence des rongeurs doit être à 0” selon l’expert. 

Par ailleurs, on constate de plus en souvent que la catégorisation du rat comme nuisible n’est pas – plus – pertinente. En écologie, un nuisible est une espèce qui peut provoquer des dégâts dont le rat ne fait pas partie d’un point de vue réglementaire.

Le rat, vecteur de maladies ? 

Les infections bactériennes peuvent se propager du rat à l’homme par des morsures ou lors d’un contact avec l’urine et les déjections de l’animal. Les rats sont également une source importante de bactéries résistantes aux antimicrobiens qui peuvent infecter les humains et d’autres animaux.

Ainsi des bactéries peuvent se retrouver dans les chaînes de production de bétail et par conséquent, dans nos assiettes.

Les rongeurs hébergent une soixantaine de zoonoses dont certaines peuvent être mortelles comme la salmonellose et la leptospirose. 

Le rat brun est-il une EEE (espèce exotique envahissante) ? 

Il faut faire la part des choses, et prendre une série de mesures pour protéger les lieux et les bâtiment.

Gabrielle Cor

Outre les problèmes sanitaires, Gabrielle Cor évoque avant tout l’aspect sécuritaire : le rat, tout comme la souris, peut provoquer des dégâts lorsqu’il ronge les fils électriques… D’après certains experts, 1 incendie sur 5 serait causé par les rongeurs.  Certains pays avancent même que 20 % des pertes alimentaires sont dues aux rats. 

Le rat n’est pas foncièrement mauvais, “il faut faire la part des choses, et prendre une série de mesures pour protéger les lieux et les bâtiments” précise Gabrielle Cor.

Rat brun : doit-on privilégier des solutions chimiques ou les solutions mécaniques ? 

Avant toute chose, pour venir à bout des rongeurs, Thomas le Louarn préconise de réaliser une étude terrain (étudier l’implantation du mobilier sur site, rechercher des points de passages…). Puis il faut utiliser les bons outils en fonction du diagnostic réalisé en amont. Par exemple, on utilisera un piège multi-capture dans le cadre de la protection d’un parc. 

Gabrielle Cor ajoute qu’il n’y a pas de bonnes réponses entre solutions chimiques ou mécaniques : cela dépend de plusieurs facteurs. 

Les rats ont naturellement une peur de la nouveauté et notamment les aliments. Ce phénomène appelé néophobie peut parfois limiter l’efficacité des méthodes traditionnelles de lutte antiparasitaire. En effet, les rongeurs ont tendance à éviter les appâts, ainsi que les postes d’appâtage. Aujourd’hui, les méthodes de lutte antiparasitaire les plus couramment utilisées comprennent les pièges anti-rongeurs, les rodonticides, la lutte biologique, et les dispositifs à ultrasons ou sismiques.

Existe-t-il des restrictions réglementaires sur l’utilisation des rodonticides ? 

En France, l’appâtage permanent est une pratique désormais interdite. Cette méthode consistait à laisser de manière permanente des appâts rodonticides. 

Que font les municipalités pour endiguer le problème des rats ?

Dina Deffairi Saissac rappelle avant tout que la mairie de Saint-Ouen régule la population de rats uniquement dans les lieux sensibles comme les écoles. La municipalité met en place une campagne de lutte en utilisant la carboglace. Elle a obtenu des résultats probants en diminuant les terriers de rongeurs dans les espaces verts par 4 ! 

Carboglace, une méthode qui fait débat 

Pour lutter contre la prolifération des rats, les villes réfléchissent de plus en plus à utiliser de la glace carbonique (asphyxie par CO2) pour son efficacité et son  “approche écologique”. 

Cependant, comme le souligne Gabrielle Cor, la carboglace est en pleine mutation réglementaire et doit obtenir l’approbation européenne. Elle n’est toujours pas considérée comme biocide, elle n’est donc pas applicable contre les rats selon la loi. 

Bien qu’on note une réelle volonté d’utiliser ce genre de substance, il existe des dangers au niveau de la manipulation du CO2 et du transport. Des études sont nécessaires afin que les autorités approuvent (ou non) la neige carbonique dans le cadre de la lutte professionnelle contre les rongeurs.

 

Nous remercions vivement Félix Barrès et Vincent Malone du Poste Général pour la conception et la réalisation de ce podcast, en collaboration avec les équipes d’Hamelin.info.


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