NoPest, à la conquête du marché africain
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Dans cette interview exclusive, Emmanuel Madhavi présente son entreprise NoPest. Ce chef d’entreprise distribue des produits d’hygiène publique 3D au Togo et dans les sous-régions. Il est également directeur export de la société Pelgar International pour l’Afrique, le Moyen-Orient et la France.
Sommaire
Emmanuel Madhavi… Faisons connaissance !
Bonjour, merci d’être venu m’interviewer à Lomé. Mon parcours a commencé dès 1995 dans la vente de produits techniques pour les formulateurs européens biocides. Je vendais principalement des matières techniques. Puis j’ai évolué dans cette profession. Et je suis parti travailler pour la société Lodigroup où j’ai géré une usine en Italie pendant 5 ans avant de rejoindre le groupe Pelgar International. C’est un laboratoire anglais, fabricant et synthétiseur de molécules.
Cela fait maintenant plus de 6 ans que j’habite au Togo. On a ouvert depuis peu un bureau de liaison qui vend des produits phytosanitaires et d’hygiène publique pour les 3D et les jardiniers.
Quelle est la réglementation en Afrique ?
La réglementation telle qu’elle est actuellement en Europe n’est pas appliquée du tout en Afrique et en sous-régions. D’ailleurs, quand je me suis installé ici au Togo, j’étais le premier à demander à homologuer les produits d’hygiène publique pour les traitements des habitations et le traitement des usines agro-alimentaires.
À force de conviction, j’ai pu mettre en place un processus d’homologation au niveau du ministère de l’Agriculture ici au Togo en me calquant sur celle du CILSS (Comité permanent inter Etats de lutte contre la sécheresse et la pauvreté au Sahel) . Avec Pelgar international, nous sommes également homologués là-bas. Cependant, la réglementation telle qu’elle est actuellement n’est pas optimum, car nous sommes la seule entreprise homologuée au Togo pour les produits d’hygiène publique. Nous sommes les précurseurs.
Maintenant, les process sont en train d’être changés puisque le CILSS vient de signer un accord avec le Togo et le Bénin pour rentrer dans une sorte de communauté qui va regrouper plusieurs pays. Lorsque le Bénin et le Togo vont les rejoindre, nous aurons une procédure bien plus claire et définitive pour pouvoir homologuer des produits d’hygiène publique. En effet actuellement, la procédure est floue et varie de pays en pays. Au fur et à mesure, cela va se développer et imposer une marque de fabrique :
- stop aux produits phytosanitaires pour traiter les habitations et oui aux produits sains,
- homologuer sans odeur et sans impact environnemental pour traiter les domiciles et les services 3D.
Pensez-vous que les pouvoirs publics au Togo ont pris au sérieux l’aspect réglementaire et les enjeux environnementaux ?
La venue de Nopest International à Lomé, a fait prendre conscience au ministère, mais surtout à la direction des protections des végétaux (filial ministère de l’Agriculture) qu’il fallait avoir des produits homologués, certifiés et testés ici au Togo. Principalement pour les usages d’hygiène publique. Il y a énormément de personnes ici qui utilisent aujourd’hui des produits agricoles de mauvaise qualité, type herbicides, insecticides, pour traiter les habitations, voire des écoles.
Je pense au carbamate qui est encore utilisé à outrance. Cela crée des intoxications très néfastes. Et cela m’a permis de dire au ministère qu’il faut mettre en place une procédure, qu’il faut avoir des produits sains, de qualité afin que les sociétés puissent être traitées efficacement.
Les entreprises 3D ici au Togo n’avaient pas la possibilité d’acheter ce type de produit. Mais grâce à l’ouverture depuis 1 an de la société Nopest – et avec la volonté du ministère qui appuie dans le sens de notre démarche – on a pu avoir une alternative saine, de bonne facture pour traiter à moindres risques leurs services en général.
Les pays africains exportent des denrées alimentaires vers les pays européens et aussi les USA qui exigent des référentiels de qualité comme l’IFS, BRC et AIB… Comment font-ils pour se conformer ? Et aussi ont-ils les produits adéquats ?
Concernant la réglementation et l’exportation de produits en Europe, avec les nouvelles certifications… Actuellement, la majorité des exportateurs et des transformateurs alimentaires utilisent de la phosphine qui est homologuée partout dans le monde.
Pour les agréments sur les denrées alimentaires, il n’y en a pas selon moi. Et très peu de gens sont capables de travailler avec ce genre de choses au port de Lomé.
En ce qui concerne les entrants et les exportations, la tendance des industriels est d’utiliser des produits sains, certifiés Ecocert pour pouvoir exporter leurs produits.
Il y a aussi un problème de limite de résidus dans les denrées alimentaires de pesticides.
Actuellement, nous sommes en train de travailler avec le ministère de notre côté afin de mettre en place une procédure pour avoir un produit de qualité, pour traiter dans un premier temps les champs sans phytosanitaire ou des résidus de pesticides très élevés, pour pouvoir exporter cela plus facilement à l’étranger.
Pourquoi choisir le business model des franchises pour votre structure NoPest ?
Nous avons remarqué un vide énorme en matière de produits de qualité sur le marché africain. Notre idée est de mettre en place un système de franchise qui permettrait d’avoir un concept complet : de l’habillage de la boutique, du logo jusqu’à la fourniture de produits.
Cela permettrait à des partenaires qui ont envie de monter une structure comme la nôtre de la monter plus facilement, d’être accompagné avec nous sur le niveau de la logistique du design, l’achat de produits, puisque tout est stocké sur Lomé et sera exporté dans les sous-régions.
Quelle est votre différence par rapport aux autres prestataires / distributeurs présents au Togo ?
Sur la partie produits, 4 raisons :
- Nous sommes la seule et unique licence d’importation de produits d’hygiène publique ici au Togo.
- Nos produits sont de qualité européenne.
- Nous n’utilisons pas de produit venant des champs.
- Nous sommes la seule société qui possède 18 produits homologués au Togo en hygiène publique.
Au niveau de la partie service, nous possédons un process de qualité testé et approuvé par nos clients. Nous travaillons avec l’ambassade de France, de grandes institutions, et nous avons de bons retours sur nos prestations.
Trouvez-vous facilement des clients qui vous accordent leur confiance ?
Sur la partie service oui, sur la partie produit c’est beaucoup plus difficile, car nous avons un problème récurrent. Aujourd’hui, encore énormément de prestataires utilisent des produits “traditionnels”. Nous, on est arrivé avec des produits homologués, testés, avec un agrément d’importation et ça fait toute la différence.
Les autres prestataires de services qui démarrent sont obligés de passer dans notre boutique, car la réglementation change. Les contrôles sont plus fréquents. Et ceci est une marque de confiance puisqu’ils reviennent acheter régulièrement des produits dont ils ont besoin. Notre force, c’est qu’ils peuvent acheter en petite quantité.
En ce qui concerne l’Afrique, la procédure est-elle différente par rapport à l’Europe sur le service ?
En Afrique, la procédure est totalement différente de celle en Europe parce que la problématique est là. ¾ des gens nous appellent en urgence tandis qu’en Europe, les services 3D fonctionnent par contrat, avec des passages réguliers, monitoring complet. Ici en Afrique, ce n’est pas le cas. C’est d’ailleurs ce qu’on essaie de mettre en place ici.
Les procédures sont les mêmes, mais les problématiques de nuisibles sont différentes.
En Afrique, vous trouverez des insectes divers et variés que vous ne retrouverez pas en Europe comme les scorpions… ou des reptiles !
Quelles sont les contraintes et les différences liées aux métiers de technicien hygiéniste ?
La formation Certibiocide / Certiphyto n’existe pas ici. Aujourd’hui, la majorité des gens sont formés sur le tas. Ils n’ont pas de formation spécifique, juste le chef d’entreprise ou bien le directeur technique qui possède une formation d’ingénieur hygiéniste. Mais c’est une formation généraliste, par exemple : apprendre les méthodes de pulvérisations,etc. Puis il transmet son savoir-faire à ses employés. Mais nous n’avons pas de diplômes à proprement parler. Tout le monde peut en faire.
La mentalité a-t-elle changé ? Y a-t-il une évolution par rapport à il y a 2-5 ans ?
La mentalité commence à changer, car les grandes institutions commencent à utiliser un service de qualité.
La sensibilisation a été faite sur les dangers d’intoxication, de produits qui sont nocifs, sentant très mauvais et qui étaient utilisés. Et je pense que ça a laissé beaucoup de monde avec un sentiment d’insécurité au niveau de la santé publique. Mais maintenant, nous avons un problème de prix puisque c’est impossible pour nous par rapport aux produits qu’on utilise, venant d’Europe de brader nos produits. Cela crée un différentiel énorme :
Notre produit coûte 20 000 francs CFA tandis que les produits bon marché importés de Côte d’Ivoire par exemple coûtent 5 000 francs CFA. Le plus cher étant le produit et non le transport.
Emmanuel, quelles sont vos ambitions sur le continent africain ?
Je souhaite que mon business model fonctionne, que les gens des sous-régions comme le Niger soient plus à même d’acheter et d’utiliser des produits homologués, certifiés venant d’Europe, sains, de qualité sans odeur et sans impact environnemental. De plus en plus de gens adoptent ce type de produit. L’essayer c’est l’approuver ! La mentalité change, le feedback qu’on a nous démontre le gros potentiel dans la sous-région.
Crise sanitaire… un réel impact ?
La crise sanitaire a été terrible pour tout le monde, particulièrement pour nous. Car nous avons pris un retard de plusieurs mois avant d’ouvrir la société. Nous avons eu moins de clients puisqu’on a eu une baisse constante de touristes. Cela a eu une répercussion sur les hôtels et les restaurants, donc pas de travail. Toutefois, nous avons commencé l’activité NoPest en pleine crise sanitaire et nous avons ressenti l’impact plus que négatif. Aujourd’hui, ça reprend doucement. Mais nous n’avons toujours pas de touristes ici au Togo, les 3⁄4 des hôtels sont vides. On espère que cela reviendra à la normale et que tout le monde puisse venir facilement pour visiter / travailler au Togo pour qu’on puisse travailler plus.
Je remercie le site Hamelin.info de venir nous rendre visite et d’avoir un intérêt sur ce que nous faisons et sur ce que nous essayons de développer. J’espère que grâce à cette interview, notre vision actuelle puisse être répandue dans les sous-régions, qu’on arrête d’utiliser des pesticides de très mauvaise qualité, de contrefaçon venant de la sous-régions et de travailler avec des produits propres. Et je ne dis pas d’utiliser que mes produits ! On travaille aussi exclusivement avec la société Pelgar.
J’espère que des laboratoires complémentaires, que ce soit Bayer, BASF ou d’autres, puissent se dire que l’Afrique est un marché à prendre, et qu’on peut permettre à la population de vivre sereinement, mieux, sans impact sur l’environnement et sur la santé publique.
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