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Les journées techniques de la CS3D ont eu lieu les 20 et 21 septembre 2021 à Antibes Juan-les-Pins. Elles ont réuni 156 participants, en comptant les 18 intervenants qui ont animé un total de 14 conférences afin de traiter un maximum de sujets sur la lutte antiparasitaire.
Par Hélène FRONTIER
Beaucoup de professionnels ont été ravis de se retrouver pour ce rendez-vous annuel. Cependant, quelques acteurs de renom se sont montrés discrets à cette édition des Journées techniques qui sont l’occasion pour eux de rencontrer leurs confrères. Sur fond de crise – et de pass – sanitaire, difficile de savoir si les absents étaient frustrés, malades, ou simplement refroidis… Sans déroger à la règle, le président de la CS3D, Patrick Gravey a ouvert la séance. Et comme d’habitude, le programme des conférences collait le plus possible à l’actualité et au quotidien des professionnels du secteur de la lutte antiparasitaire : produits biocides et phytosanitaires, certification CEPA, désinfection, espèces exotiques envahissantes… Les thèmes étaient actuels, souvent assez techniques, mais également théoriques. Des informations pratiques ont donc circulé, de même que des analyses menant à réfléchir au métier des 3D (dératisation, désinsectisation, désinfection) à l’heure actuelle et en devenir.
Journées techniques de la CS3D… comme Dératisation, désinsectisation, et désinfection
Le Dr Romain Lasseur (IZInovation / IZIPest) a évoqué la souffrance animale. C’est un thème qu’il a préalablement développé dans d’autres interventions (webinar IZIpest, l’Émission 3D et divers articles de presse). A cette occasion, il est revenu sur des sujets phares tels que la chasse à la glu et la question générale des techniques de piégeage. En substance, la souffrance animale – de concert avec la protection de l’environnement et le concept de biodiversité – est un paradigme à prendre en compte, dit-il, et rien ne sert de se « voiler la face ».
La doctorante Chloé Haberkorn (Université de Lyon / IZInovation) a détaillé des éléments de recherches menées dans le cadre de ses études sur la résistance génétique des punaises des lits aux insecticides. Selon elle, la raréfaction des substances actives autorisées « diminue les possibilités d’effectuer une rotation entre les insecticides utilisés ». Cela facilite malheureusement l’évolution de mécanismes de résistance spécifiques. Parmi les méthodes actuelles de gestion antiparasitaire, la chimie verte est souvent considérée comme un « nouvel Eldorado ». Mais la jeune femme pondère cet enthousiasme en rappelant la toxicité de certains produits.
Jean-Michel Michaux (ISTAV) a quant à lui fourni des précisions sur les protocoles de désinfection, à l’heure où le Covid est encore dans tous les esprits. La contamination se fait par les postillons mais aussi les aérosols. Les aérosols sont des particules beaucoup plus petites que les postillons. Ils ont été mis en cause bien plus tard durant la crise sanitaire. C’est néanmoins devenu l’hypothèse primaire. Il rappelle au passage qu’on peut désinfecter les surfaces (avec un TP 2) et les mains (avec un TP1). Ces produits de désinfection répondent à des protocoles stricts, dit-il. Et il est impossible de désinfecter l’air, car aucun produit désinfectant ne saurait agir sur les aérosols en suspension dans l’air.
S’appuyant sur son expérience terrain, le formateur Nicolas Didych (IZIpest) a réalisé une intervention sur les méthodes de proofing pour la lutte anti-rongeurs.
Marc Pondaven (Bioneo), par le biais de la vidéoconférence, s’est exprimé sur les espèces invasives. Il a mis en lumière le contexte actuel de la mondialisation et des échanges de personnes et de biens. Certaines espèces en profitent car elles ont la capacité de s’acclimater. La lutte contre les espèces exotiques envahissantes est encadrée par des textes législatifs. Analysant le rôle des opérateurs de lutte antiparasitaire, il indique qu’il faut respecter la réglementation en vigueur. Cela confirme que la gestion des nuisibles est bel et bien une affaire de professionnels. Même si cette nécessité et ce rôle peuvent avoir des limites.
L’impact de la réglementation sur la gestion antiparasitaire
Pascal Gacel (LodiGroup) a évoqué la question des biocides et des produits phytopharmaceutiques. C’est un sujet qui touche de près les professionnels car bien des applications peuvent être aux frontières des deux réglementations. Il a tenté de redessiner clairement et de manière pragmatique ces frontières en donnant des cas concrets. « Les définitions se font en fonction des usages et non de la composition des produits », rappelle-t-il. La frontière est très variable si on lutte contre des insectes ou des rongeurs.
Il a dans une deuxième conférence parlé de la réforme du certiphyto. Il a notamment évoqué la séparation des activités de conseils, ventes et applications de produits phytosanitaires. En effet, la réforme prévoit que les entreprises de prestations et de vente apportent à leurs clients uniquement de l’information et des recommandations (cible, dose, risques). Face à cela, les professionnels devront anticiper et notamment :
- choisir ou vérifier les secteurs d’activités (conseils ou ventes, prestations),
- anticiper les démarches,
- vérifier les liens capitalistiques,
- adapter les référentiels de certification,
- adapter le ou les certiphyto du personnel,
- assurer les renouvellements des certificats dans les délais (2 à 6 mois).
Lire également : La formation Certiphyto, à qui s’adresse-t-elle ? pour quelles raisons ?
Vincent Ergen (Armosa) a analysé et présenté les usages des rodonticides au niveau européen. Il a clarifié l’appâtage permanent pour divers pays de l’Union et également comparé les niveaux des formations. Selon lui, il est essentiel d’avoir un standard de qualité à l’échelle européenne dans le domaine de la lutte antiparasitaire.
Cette intervention fait directement écho à la présentation du Cepa Certified®. Quatre experts sont intervenus afin d’expliquer l’utilité d’une certification européenne : Marc Aubry (Ecolab France, président de CEPA), Nahtalie Bergeret (FCBA – Institut technologique Forêt cellulose bois-construction ameublement), Mélanie Carel (Bureau Veritas) et Ivan Rimbaud (Conseil Hygiène Solution).
Ce dernier a fait un retour d’expérience assez surprenant. En effet, tout en développant un esprit fédérateur à l’égard de la certification CEPA, il garde un œil critique, évoquant des « zones d’ombres ». D’après lui, la réalité de terrain doit rester « au centre du débat ». Pour faciliter la vie des candidats à la certification, il réclame ainsi :
- l’annonce des nouveaux tarifs régulés pour l’obtention du Cepa Certified® (faite par Monsieur Gravey lors de l’Assemblée générale de la CS3D),
- la formation des auditeurs des organismes certificateurs,
- et la mise à disposition de documents types.
Quant à la question de l’appâtage permanent sera développée dans une conférence animée par Gabrielle Cor (Liphatech). Monsieur Roquette a présenté ses conséquences en milieu agro-alimentaire. Ce retour d’expérience chiffré sur l’utilisation des rodonticides en intérieur jusqu’en 2020 a été très apprécié des auditeurs présents dans la salle. Il a par exemple détaillé les réactions de chaque filière : mesures mises en place et conséquences.
Les Journées techniques, la vie pratique des professionnels
Florence Mignot (SHB) a exposé la problématique de la gestion des déchets pour les professionnels de la lutte antiparasitaire. Elle considère notamment qu’il faut « transformer cette contrainte en opportunité ». Elle a d’ailleurs rappelé qu’avec la conjoncture, il est important d’avoir une exigence de traçabilité et de transparence (track déchet et CEPA). « Les clients s’engagent souvent dans des démarches RSE et veulent que leurs prestataires s’engagent dans cette même philosophie », déclare-t-elle. Elle souligne à ce propos que la protection de l’environnement est une prise de conscience collective également pour les nouvelles générations. « Nous devons nous pencher sur le dossier et le revaloriser », ajoute-t-elle.
Toujours dans les thèmes pratico-pratiques, Charlotte Ruffray (Partenaires Plus), a parlé de la prévoyance entreprise et notamment de l’homme clé, de la fiscalité et de la garantie entre les associés. Puis Benoît Klein (Rhône Guêpes Frelons), pompier de formation, a pour sa part évoqué la sécurité dans le domaine de la gestion antiparasitaire. L’homme, qui a mis le pied dans la filière par le biais d’interventions de guêpes et frelons, estime que la sécurité est un enjeu pour les entreprises, « une responsabilité partagée où l’on doit analyser les risques et mettre en œuvre des solutions simples ».
Lire également : Sécurité au travail, qu’est-ce qu’un risque, pour le professionnel 3D ?
Notons enfin la présence de la FNSA, fédération nationale des syndicats de l’assainissement et de la maintenance industrielle, invitée dans le cadre du rapprochement des branches.
Une nouvelle fois, les journées techniques de la CS3D ont rencontré un franc succès malgré cette période de crise sanitaire. Un rendez-vous d’échanges et de partages incontournable des acteurs de la lutte antiparasitaire.
Vivement la prochaine édition qui aura lieu les 20 et 21 octobre 2022 !
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