Nouvelle classe d’insecticides contre les moustiques : une approche innovante
Article mis à jour le 29 août 2024
Une nouvelle catégorie d’insecticides offre un moyen plus sélectif de lutter contre les moustiques vecteurs de maladies. Des chercheurs de l’université de Purdue affirment avoir identifié une nouvelle classe d’insecticides chimiques. Cette nouvelle catégorie présente un potentiel prometteur pour une lutte plus sûre et plus sélective contre les moustiques vecteurs de maladies infectieuses.
Sommaire
Des antagonistes des récepteurs de la dopamine pour cibler spécifiquement les moustiques
Ces insecticides, connus sous le nom d’antagonistes des récepteurs de la dopamine, agissent en empêchant le neurotransmetteur dopamine de se lier aux récepteurs protéiques présents à la surface des cellules des moustiques. Ces antagonistes perturbent la fonction de la dopamine, un neurotransmetteur. Ce dernier joue un rôle crucial dans la signalisation cellulaire, le mouvement, le développement et les comportements complexes. En fin de compte, ces antagonistes provoquent la mort de l’insecte..
Une approche basée sur le génome du moustique
Pour identifier ces nouvelles substances chimiques, les chercheurs ont exploité les connaissances génomiques du moustique. Grâce à cette approche innovante, ils ont pu sélectionner des composés. Ceux-ci se sont avérés plus sélectifs que les insecticides actuellement utilisés.
Contrairement à ces derniers, qui peuvent également se lier à des molécules chez l’homme et d’autres insectes non ciblés, les antagonistes des récepteurs de la dopamine se concentrent spécifiquement sur les moustiques porteurs de maladies.
Avis de Catherine Hill, professeur d’entomologie et membre de la faculté Showalter.
Efficacité contre les différentes étapes de développement des moustiques
Les résultats des études menées par l’équipe de Hill ont démontré que les antagonistes des récepteurs de la dopamine sont très efficaces contre les larves et les moustiques adultes d‘Aedes aegypti. Cette espèce est responsable de la transmission de la fièvre jaune, de la dengue et du chikungunya. Par ailleurs, Culex quinquefasciatus est le vecteur du virus du Nil occidental et de la maladie défigurante qu’est l’éléphantiasis.
Un peu d’histoire : les défis actuels du contrôle des moustiques
La lutte contre les maladies transmises par les moustiques a toujours été une préoccupation majeure de santé publique. Cependant, l’utilisation excessive d’antibiotiques et d’insecticides a conduit à l’émergence de souches résistantes aux médicaments, ainsi qu’au développement de moustiques résistants aux pesticides conventionnels. Selon Hill « double défi ».
Nous sommes confrontés à un besoin urgent de nouveaux insecticides . Ces dernières décennies, nous avons pu contrôler ces maladies infectieuses grâce à l’utilisation d’antibiotiques et aux progrès de la médecine moderne. Cependant, ces maladies connaissent une résurgence qui menace les populations du monde entier.
C. Hill
Des insecticides structurellement distincts pour un ciblage spécifique
La conception de ces antagonistes des récepteurs de la dopamine représente une nouvelle approche. Elle permet de perturber des molécules essentielles à la survie des moustiques. Leur structure chimique diffère de celle des insecticides actuellement disponibles. Ils agissent en ciblant une voie biochimique spécifique chez le moustique.
Une recherche de produits chimiques prometteurs
Les chercheurs poursuivent leurs travaux en explorant un groupe d’environ 200 antagonistes des récepteurs de la dopamine afin de trouver les composés les plus prometteurs pour le développement de produits commerciaux.
Ces insecticides pourraient être plus rentables que les produits actuels et présentent un faible impact sur l’environnement grâce à leur sélectivité
C. Hill, professeur d’entomologie et membre de la faculté Showalter.
Minimiser les risques pour la santé humaine
Une attention particulière est portée à la sécurité et à la santé humaine. Les chercheurs prennent des mesures pour minimiser le risque que les insecticides se fixent sur les récepteurs de la dopamine humains
Propos de Val Watts, professeur de chimie médicinale et de pharmacologie moléculaire et co-auteur des études.
Les composés identifiés se sont révélés sélectifs pour les récepteurs des moustiques. Par rapport aux récepteurs humains, les rapports peuvent être supérieurs à 100. De plus, certains de ces composés sont déjà utilisés en tant que traitements pour des maladies telles que la schizophrénie, la dépression, et sont manipulés en toute sécurité par les professionnels de santé.
Préserver les insectes bénéfiques
Cependant, l’un des principaux défis consiste à préserver les insectes utiles tels que les abeilles. Bien que les chercheurs aient identifié des produits chimiques hautement sélectifs pour les récepteurs des moustiques, ils continuent d’explorer la possibilité d’accroître la spécificité des insecticides en utilisant des modulateurs allostériques. Ces molécules agissent comme des variateurs d’intensité, permettant de réguler plus précisément la réponse cellulaire à la dopamine. Des perspectives pour le contrôle de différentes espèces de moustiques vecteurs
Au-delà de leur efficacité contre les moustiques responsables de la transmission de la dengue, de la fièvre jaune et de l’éléphantiasis, les antagonistes des récepteurs de la dopamine pourraient également être efficaces. Ils pourraient également être efficaces contre d’autres espèces de moustiques porteurs de maladies. Il s’agit notamment du moustique africain responsable de la malaria, du phlébotome et de la mouche tsé-tsé..
Une avancée significative
Dans leur quête de solutions, M. Hill et son équipe sont déterminés à relever tous les défis majeurs. Ceux-ci sont liés à la lutte contre les maladies transmises par les moustiques. Leurs recherches et leurs découvertes visent à fournir des outils plus efficaces. Ces outils sont plus sûrs et permettent de protéger les populations du monde entier contre ces maladies dévastatrices.
L’identification de cette nouvelle classe d’insecticides représente une avancée significative dans le domaine de la lutte contre les moustiques vecteurs de maladies. Grâce à une approche plus sélective, ces antagonistes des récepteurs de la dopamine ouvrent la voie à des méthodes de contrôle plus spécifiques. Ils réduisent ainsi les risques pour la santé humaine et l’environnement.
Lire également : Une découverte génétique qui pourrait signifier la fin des moustiques
Les recherches menées par l’université de Purdue soulignent l’importance de combiner les progrès de la génomique et de la chimie pour développer de nouvelles solutions contre les maladies transmises par les moustiques. Cette approche innovante offre des perspectives prometteuses. Elle permettra de lutter contre ces maladies et de sauver des vies dans le monde entier..
Un engagement pour lutter contre les maladies transmises par les moustiques
Grâce à son engagement et à sa détermination, l’équipe de recherche de l’université de Purdue aspire à relever ces défis majeurs et à développer des stratégies de contrôle des moustiques plus efficaces et plus respectueuses de l’environnement. Leur travail a un impact direct sur la santé publique. En effet, il pourrait contribuer à réduire la propagation de maladies infectieuses graves. Ainsi, la qualité de vie de la population s’en trouverait améliorée.
Ces avancées scientifiques représentent un grand pas en avant dans la lutte contre les maladies transmises par les moustiques . Elles témoignent de l’engagement de l’université de Purdue à relever ces défis mondiaux cruciaux..
Source : Université Purdue
Poursuivez votre lecture sur le thème :
Réussir la lutte contre les moustiques : une approche intégrée
Brésil : une usine à moustiques pour lutter contre la dengue
La moutarde : une nouvelle arme contre les moustiques !
ÉCRIVEZ-NOUS !
Avez-vous des nouvelles sur le secteur de la lutte anti-nuisibles que vous souhaitez partager avec nous?
Sollicitez la rédaction : communication@hamelin.info