Les MTN gagnent du terrain en Europe : implication pour la lutte antiparasitaire

Article mis à jour le 28 octobre 2024
L’Europe, qui se croyait autrefois à l’abri des Maladies Tropicales Négligées (MTN), fait désormais face à un défi sans précédent. Le réchauffement climatique, conjugué à la mondialisation, accélère la migration de vecteurs pathogènes tels que les moustiques vers des régions tempérées. Cette situation soulève de sérieuses questions de santé publique, avec une augmentation des cas de maladies autrefois confinées aux tropiques. Les MTN sont au nombre de 20 selon l’OMS, la grande majorité de ces maladies sont des zoonoses, donc transmises par des animaux. Aujourd’hui, des maladies comme la dengue, le chikungunya ou encore la maladie de Chagas raisonnent chez nous comme des maladies émergentes.
Sommaire
Les effets du changement climatique sur les maladies tropicales en Europe
Ces changements climatiques, caractérisés par des températures plus élevées et des saisons plus longues, offrent des conditions idéales pour la prolifération et la survie des vecteurs de maladies. Les moustiques, en particulier, trouvent dans les climats modérés d’Europe des environnements propices à leur établissement et à leur reproduction. Cette adaptation a entraîné une augmentation notable des cas de maladies transmises par ces insectes, telles que la dengue, le chikungunya, et le virus du Nil occidental, des maladies autrefois limitées aux régions tropicales et subtropicales.
La mondialisation joue également un rôle crucial dans ce phénomène. L’augmentation du commerce international et des voyages a facilité le transport des vecteurs de maladies sur de longues distances, permettant ainsi leur introduction dans de nouvelles zones géographiques. Ces vecteurs, une fois établis, peuvent transmettre des pathogènes à la population locale, posant de nouveaux défis de santé publique. En outre, les mouvements migratoires humains et animaux contribuent à la dispersion de ces maladies, rendant leur contrôle et leur prévention plus complexes.
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Face à cette nouvelle réalité, il devient impératif pour les systèmes de santé européens de développer des stratégies de surveillance, de prévention et de contrôle adaptées. Cela inclut non seulement une meilleure compréhension et reconnaissance des maladies elles-mêmes, mais aussi une attention accrue aux vecteurs qui les transmettent. La lutte contre ces vecteurs, notamment par des mesures de désinsectisation efficaces, devient un élément clé de la stratégie de santé publique pour limiter la propagation de ces maladies en Europe.
L’OMS indique également que l’urgence de l’épidémie de COVID19, a redéfini ses priorités. Ainsi, les ressources destinées aux programmes de lutte contre les MTN ont été modifiées pour faire face à cette épidémie.
Benoit Cottin, entomologiste LGH
Stratégies de prévention et désinsectisation contre les moustiques
La désinsectisation, centrée sur l’élimination et le contrôle des populations de moustiques, devient un enjeu majeur. En France, par exemple, l’expansion du moustique tigre (Aedes albopictus) a été spectaculaire. Originellement de zones tropicales d’Asie, cet insecte est aujourd’hui une préoccupation centrale pour les autorités sanitaires. La désinsectisation implique une série de mesures préventives et réactives, allant de la destruction des habitats larvaires, à l’usage de répulsifs et larvicides, jusqu’à des campagnes d’information publiques sur les risques et les mesures de protection individuelles.
Les systèmes de santé européens doivent s’adapter rapidement à cette nouvelle donne. La formation des professionnels de santé aux symptômes et traitements de ces maladies tropicales devient cruciale. La sensibilisation du public est également essentielle, car la prévention reste la stratégie la plus efficace contre la propagation de ces maladies.
L’innovation technologique au cœur la lutte antiparasitaire
La surveillance des vecteurs est un aspect fondamental de la lutte antiparasitaire. Des initiatives comme Mosquito Alert, qui utilise la science citoyenne pour signaler les observations de moustiques, sont d’une grande aide. La technologie, notamment l’usage de l’intelligence artificielle pour identifier les espèces de moustiques, joue un rôle croissant dans la surveillance et la prévention. Ces outils permettent une réaction rapide et ciblée, essentielle pour contenir la propagation des vecteurs.
En France, l’ARS enclenche des opérations de démoustication suite à des cas de dengue. Ces opérations impliquent le traitement des eaux stagnantes où les moustiques se reproduisent, l’utilisation de pièges et de produits biologiques pour cibler les larves, ainsi que des campagnes de sensibilisation pour encourager les mesures de prévention individuelles comme l’utilisation de moustiquaires et de répulsifs.

Application MosquitoAlert
Le rôle de la coopération internationale dans la gestion des MTN
Face à un problème global, une réponse coordonnée est nécessaire. La collaboration internationale dans la recherche et le partage d’informations est cruciale. Les efforts doivent porter sur le développement de vaccins, de traitements efficaces, et de meilleures stratégies de lutte contre les vecteurs. La recherche doit également se concentrer sur l’impact du changement climatique sur la propagation des vecteurs et les maladies qu’ils transmettent.
La collaboration internationale dans la recherche est essentielle pour développer de meilleures stratégies de lutte contre les vecteurs et les maladies qu’ils transmettent. Les efforts de recherche doivent porter sur l’élaboration de vaccins efficaces et sur l’impact du changement climatique sur la propagation des vecteurs. En outre, le partage d’informations et la sensibilisation du public jouent un rôle crucial dans la prévention et le contrôle des MTN.
Vers une approche intégrée de la santé publique et environnementale
L’augmentation des MTN en Europe est un signal d’alarme pour la santé publique.
Elle nécessite une réponse proactive en termes de lutte antiparasitaire, de désinsectisation, de recherche, et de coopération internationale. Alors que les frontières s’estompent entre les maladies tropicales et tempérées, une action concertée devient essentielle pour protéger les populations et prévenir une crise sanitaire plus large.
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