Cas de dengue en France : que faut-il savoir ?
Article mis à jour le 10 septembre 2024
Sommaire
Le mot de Benoît Cottin, entomologiste
« Avant de commencer je dirai que le moustique tigre Aedes albopictus est le principal vecteur (pour cette raison on parle de lutte anti-vectorielle) de la dengue. La dengue fait partie des arboviroses (contraction de ARthropod BOrne viruses = donc virus portés par des arthropodes). D’autres arboviroses « célèbres » sont le chikungunya et le Zika. Ce moustique ne vole pas très bien (environ une centaine de mètres de son lieu de naissance). Étant anthropophile, il profite des activités humaines pour y trouver des gites larvaires (citerne d’eau, pneu, déchets, jouets abandonnés dans un jardin) et se transporter (avion, voiture, camion, marchandise…)
Aujourd’hui c’est 67 départements métropolitains où le moustique tigre est présent. »
La plupart des cas de dengue sont « importés »
Les agences régionales de santé (ARS) recensent chaque année de multiples cas de dengue. Cette maladie est la source, dans nombre de cas, de douleurs articulaires et de fièvre. Dans sa forme la plus grave, elle est dite hémorragique. La dengue est asymptimatique de 50 à 90% des cas selon les épidémies.
Au niveau mondial, on estime l’incidence annuelle à 50 à 100 millions de cas avec un taux de mortalité de 2,5%. Elle peut donc entraîner de graves complications pour la santé. À ce jour, aucun traitement curatif ni vaccin particulier n’a été trouvé contre la dengue. Par ailleurs, les anti-inflammatoires non stéroïdiens et l’aspirine ne sont pas indiqués en raison d’une probable hémorragie (l’aspirine fluidifiant le sang). Les personnes touchées par la dengue en France l’ont, pour la plupart, contractée à l’étranger puis ont passé la période d’incubation en France. D’où l’appellation de dengue « importée ».
Néanmoins, il existe Aedes japonicus (présent à l’est du pays) qui est une espèce forestière donc pas forcement en contact avec l’homme. Aedes aegypti est présent dans des départements français d’Amérique et est aussi vecteur. Mais ce moustique ne peut passer l’hiver en France métropolitaine !
Les cas autochtones sont-ils à craindre ?
Les cas autochtones sont en revanche contractés en France, par l’intermédiaire de moustiques installés sur le territoire et donc porteurs du virus. L’Agence Régionale de Santé a confirmé plusieurs cas de dengue autochtones dans plusieurs régions de la France : Hautes-Pyrénées, Pyrénées-Orientales, Haute-Garonne, etc. Salvetat-Saint-Gilles, une commune proche de Toulouse a été récemment touchée, obligeant les autorités à effectuer une opération de démoustication dans le quartier en question.
Ce cas, comme quelques-uns, est « autochtone ». En effet, les personnes touchées n’ont pas quitté le territoire français. Il est donc évident que la maladie leur a été transmise par un moustique-tigre porteur du virus. Si on estime que la pathologie provient de pays tropicaux et que les insectes ont une grande capacité d’adaptabilité, le climat français se présente comme propice à leur développement. Ceci explique donc que bon nombre de cas enregistrés tous les ans soient autochtones. Cependant, il n’y a pas lieu de crier à l’épidémie puisque le nombre de personnes touchées reste faible.
Quel protocole sanitaire est mis en place ?
Tout comme la démoustication qui a lieu dans la commune de La Salvetat Saint-Gille, le protocole de l’ARS indique qu’une opération similaire doit s’effectuer autour du logement de tout sujet touché par la pathologie. De même, tout cas de dengue doit impérativement être signalé afin d’éviter qu’il n’y ait complication et prolifération. La dengue est une maladie à déclaration obligatoire (comme zika, chikungunya et bien d’autres) en clair dès qu’on le sait le médecin le déclare à l’ARS.
Pour se mettre à l’abri des effets liés à la pulvérisation d’anti moustiques autour du domicile des cas recensés, le voisinage doit ranger tout ce qui se trouve à l’extérieur :
linge,
aliments,
jouet pour enfants,
animaux, etc.
L’Agence Régionale de Santé Occitanie a mentionné que le cas de dengue autochtone signalé n’affiche pas de forme grave. En ce qui concerne le zika et le chikungunya, de nombreux cas importés sont signalés chaque année. Toutefois, leur fréquence est encore plus rare que celle de la dengue.
La démoustication pour limiter la propagation
Les opérations de démoustication que prévoit le protocole de l’ARS ont pour principal objectif de contrôler la prolifération du moustique et donc de la maladie. La démoustication avec de la deltaméthrine est effectué dans un rayon de 150 mètres autour du ou des foyers potentiels (150 m car le tigre ne vole pas très bien ! On dit que ce n’est pas un très bon « voilier » en entomologie). Elles permettront en effet d’éliminer les insectes susceptibles d’être infectés. Toutefois, il faut noter que ces opérations ne doivent en aucun cas supprimer les gestes préventifs.
Ainsi, il est conseillé de supprimer les eaux stagnantes autour des domiciles afin d’éliminer les gîtes larvaires. La lutte contre les gites larvaires est ultra importante ! Il s’agit là d’un moyen efficace pour limiter la prolifération des moustiques. Outre cette technique, on peut recourir à des mesures de protection physique. La moustiquaire est par exemple particulièrement appropriée.
La consultation en cas de signes cliniques de dengue
- maux de tête,
- douleurs lombaires,
- douleurs musculaires,
- nausées
- vomissements
- « rash » (éruption cutanée ressemblant à la rougeole)
- Virus du Nil occidental : l’ARS Paca dénombre 3 cas en France
- L’anaplasmose de Sparouine : une nouvelle zoonose transmise par les tiques
- Comment traiter le bois contre le capricorne ?
- Arrivée probable du scarabée japonais en France : doit-on s’inquiéter ?
- Testez vos connaissances sur les nuisibles
- Démoustication : quand et comment opérer ?
ÉCRIVEZ-NOUS
Avez-vous des nouvelles sur le secteur 3D, que vous souhaitez partager avec nous?
communication@hamelin.info