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Enfin la solution miracle contre le frelon asiatique ?

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Véritable fléau depuis plus d’une quinzaine d’années en France pour les agriculteurs et plus particulièrement pour les apiculteurs, les frelons asiatiques sont aussi une menace pour la santé publique. Eric Darrouzet, enseignant-chercheur à l’université de Tours, a étudié le frelon asiatique depuis une dizaine d’années afin de mettre au point des outils de lutte efficaces contre ses insectes. Mais l’insecte reste assez méconnu du public et des professionnels. Frédéric Larguier, un ingénieur français passionné d’apiculture, a peut-être enfin trouvé la solution pour en venir à bout sans utiliser de solutions chimiques…

Le frelon asiatique : Pourquoi est-il dangereux ?

Les principales cibles des frelons asiatiques sont les abeilles. Ils s’attaquent à elles dans les ruches, ce qui ruine le travail de beaucoup d’apiculteurs car même si toutes les abeilles ne meurent pas, elles sont stressées par les attaques de ces prédateurs.

Les abeilles sont indispensables à notre biodiversité. Sans elles, la pollinisation des fruits et des fleurs est impossible. En décimant les ruches, les frelons asiatiques sont donc une véritable nuisance, surtout en été.

Les frelons asiatiques s’attaquent aussi à d’autres insectes : mouches, guêpes, papillons et araignées font partie de son festin.

Le frelon asiatique est également un potentiel danger pour l’humain, leurs piqûres douloureuses peuvent provoquer des réactions allergiques graves. Elles ont par exemple causé la mort d’un homme de 57 ans dans le sud de la France en 2018

Le frelon asiatique : Comment en venir à bout ?

Le frelon asiatique n’a aucun prédateur naturel en Europe. Il est donc quasiment impossible d’en venir à bout en attendant que la nature fasse son œuvre.

Pour le moment, aucune stratégie mise en place pour éradiquer les frelons asiatiques à l’échelle nationale n’a vraiment fonctionné. Si les insecticides peuvent s’avérer efficaces dans un premier temps, leur utilisation à outrance est à proscrire. Ils polluent les vergers et les sols, et intoxiquent également les abeilles.

S’attaquer directement aux nids de frelons asiatiques est une solution ponctuelle efficace. Mais le problème persiste et est récurrent d’année en année.

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Interview avec Frédéric Larguier

Frédéric Larguier semble avoir inventé un piège écologique et sélectif. Un tel dispositif pourrait bien être la solution idéale. Il nous explique comment fonctionne le Vigivelutina (c’est ainsi qu’il l’a baptisé) et pourquoi ce piège est différent des autres.

Hamelin : Frédéric Larguier, comment vous est venu l’idée d’un tel projet ?

Frédéric Larguier : De ma passion pour l’apiculture. Voyez-vous, je suis ingénieur en bureau d’études dans la gestion de projet de conception de machines spéciales pour l’industrie de l’emballage et dans le cadre de mes loisirs. Je fais de l’apiculture depuis 6 ans. J’ai immédiatement été confronté sur le terrain à la problématique du frelon asiatique.

Au début j’ai essayé d’appliquer les méthodes qui existaient. Puis je me suis aperçu comme beaucoup qu’elles sont assez inefficaces. On arrive à capturer des frelons mais pas à supprimer celui se trouve devant la ruche, celui qui pose véritablement le problème. Donc j’ai réfléchi de manière pragmatique comme je le fais dans le cadre de mon métier. Je me suis demandé quelle solution serait la plus efficace. J’en suis venu à un piège technologique basé sur la reconnaissance du frelon avec un déclenchement mécanisé.

H : Pouvez-vous nous expliquer le fonctionnement du piège ?

FL : Alors le principe du vigivelutina est simple. On fixe un tunnel à l’entrée de la ruche. Ce tunnel fait à peu près la même dimension que la ruche, le but étant de canaliser le passage des abeilles. Le frelon vient faire sa prédation. Il effectue un vol stationnaire devant l’entrée de la ruche, mais en retrait. A ce moment-là, une caméra détecte sa présence. Une fois détecté, un soufflet descend et enferme le frelon, qui se retrouve captif dans une chambre noire.

Un passage laissant entrer la lumière du jour guide l’insecte qui cherche à s’échapper vers un bac de capture transparent. Une fois dans ce bac, il ne sait pas comment faire demi-tour et cherche à s’échapper par le haut. Il est pris au piège.

H : Une caméra détecte sa présence, dites-vous ?

FL : Absolument, cette caméra est dotée d’une intelligence artificielle. Elle permet de faire de la sélection et de garantir pratiquement à 100 % qu’on est bien en présence d’un frelon asiatique et non d’un frelon européen ou d’un autre insecte. Dès que le frelon est détecté, le piège se déclenche de manière systématique. La détection et la capture systématique sont les deux atouts principaux de ce piège sélectif. Si jamais des abeilles se font capturer, des orifices intégrés au piège sont prévus pour qu’elles puissent s’échapper.

Son intérêt est aussi qu’il n’utilise aucun insecticide et est donc totalement écologique.

piège vigivelutina frelon

H : D’où provient le nom de votre piège, le vigivelutina ?

FL : Le préfixe « vigi » rappelle le mot vigilance et « velutina » est le nom latin du frelon asiatique. C’est vrai que pour quelqu’un qui n’a pas l’habitude, le nom est un peu surprenant mais pour les apiculteurs, ça leur parle de suite.

H : Question pragmatique… A qui s’adresse votre piège ?

FL : Le piège s’adresse surtout à un marché d’amateurs. Les apiculteurs professionnels possèdent de grands ruchers. Or, la prédation du frelon sur les grands ruchers est moindre. Les petits ruchers sont beaucoup plus vulnérables. Les professionnels sont concernés car ils souvent mettent en prestation des ruches pour des entreprises, des collectivités, qui exploitent peu de ruches. Les professionnels qui proposent ce genre de prestations peuvent être intéressés.

ulule vigivelutina frelon

H : Vous avez lancé une collecte de fonds sur le site Ulule, semble-t-il ?

FL : Le logiciel pour la détection développé par notre partenaire Neo-Tec Vision – basé à Rennes – coûte assez cher.Cette société est spécialisée dans l’analyse d’images depuis plus de 30 ans, qui finance entièrement la partie détection du piège. J’ai donc lancé un crowdfunding, un financement participatif. Le site Ulule demande de mettre un seuil minimum pour pouvoir récolter des dons. J’ai donc indiqué un minimum de 5 000 €, ce qui n’est d’ailleurs pas suffisant. Actuellement la cagnotte s’élève à 12 000 €, ce qui est un très bon début.

Un nouveau partenaire basé à Nantes va prendre en charge la partie électronique pour médiatiser le projet. Nous n’avons pas reçu d’aides, mises à part celles de nos partenaires. Je développe cette idée à titre personnel. Je n’ai donc le droit à aucune aide de l’Etat, si ce n’est des « accompagnements ». Parallèlement au financement participatif, j’ai participé au concours Tech the futur organisé par la région Occitanie dans lequel j’ai été finaliste. Je vais donc recevoir l’aide de l’école des Mines d’Alès qui va travailler sur le projet.

H : Votre campagne de crowdfunding se termine mi-mars, quelle est la suite des évènements ?

FL : « La détection devrait être au point cet été. Une fois le projet abouti, lorsqu’il sera prêt à être commercialisé, je m’en séparerai. C’est un industriel qui prendra la suite pour commercialiser et fabriquer le produit.

Je n’ai évidemment pas de calendrier car il serait inutile de faire des projections tant qu’on n’a pas fini la mise au point de la détection et l’intégralité du travail d’études.

H : Que manque-t-il à votre piège pour le rendre totalement autonome ?

FL : « Le piège doit pouvoir fonctionner sur un mini contrôleur qui serait alimenté en 12 volt. Il serait alors totalement autonome, ce qui ferait baisser son prix d’achat. Il pourrait même être alimenté par des panneaux solaires.

H : Comment suivre l’avancée de ce projet passionnant ?

FL : « Vous pouvez nous suivre sur notre page Facebook et notre compte Instagram : Pourtete apiculture. » 

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