La gestion des mouches dans les environnements où les aliments sont stockés, produits, transformés ou servis est une obligation à la fois légale et morale. Les mouches, et plus généralement les insectes volants qui se posent aussi bien sur des articles propres que sur des articles ou objets insalubres, peuvent transmettre des micro-organismes pathogènes par contact, régurgitation et excrétion. Il est important de connaître leur biologie pour les contrôler dans le cadre d’un plan de lutte intégrée contre ces parasites.
Sommaire
Biologie et les différentes sortes de mouches
La gestion des nuisibles dans les environnements où les aliments sont produits, transformés ou servis est l’une des conditions préalables nécessaires au respect des réglementations en matière de sécurité alimentaire. C’est également l’un des points requis dans les audits pour les programmes de certification tels que l’IFS ou le BRC. Les insectes volants constituent une partie importante du plan de gestion intégrée des nuisibles dans l’industrie alimentaire, et en particulier la gestion des mouches est d’une grande importance pour maintenir la sécurité alimentaire.
Leur contrôle est important, en raison de leurs habitudes alimentaires sur des matériaux insalubres et de leur capacité à se déplacer. Les mouches favorisent le transport mécanique d’agents pathogènes, tels que Salmonella, E. coli et bien d’autres, attachés à leurs villosités corporelles et à leurs griffes de pattes.
Elles hébergent également ces agents pathogènes dans leur tube digestif et peuvent les transmettre par régurgitation ou en excrétant des matières fécales sur les surfaces et les aliments sur lesquels elles se posent. L’insecte lui-même peut également contaminer les aliments avec des parties de son corps.
Pour faire simple, les « mouches » ont un appareil buccal de type « lécheur-suceur« . Elles ne sont pas capables d’écraser la nourriture. Pour ce fait, elles effectuent ce que l’on appelle une digestion en déposant de la salive sur leur nourriture. Cette salive va permettre de « liquéfier » cette nourriture. La mouche munie d’un proboscis, sorte de paille prolongeant sa bouche, n’a plus qu’à aspirer ce liquide. C’est à cette occasion que les mouches déposent avec leur salive une cohorte d’agents infectieux sur l’aliment.
L’avis de l’entomologiste Benoît Cottin, LGH.
Mouche domestique (Musca domestica) :
Probablement la plus commune et la plus connue des mouches.
c’est un insecte à métamorphose complète ou holométabole, observant les phases œuf-larve-nymphe et adultes. La mouche domestique préfère les hauts niveaux d’humidité et les températures élevées, c’est pourquoi elle apparaît généralement pendant l’été. On la trouve généralement à l’intérieur des maisons, près de toute source de nourriture qui peut lui servir. Insectes aux habitudes synanthropiques, capables d’habiter les écosystèmes urbains ou anthropiques. Très fréquents dans les zones urbaines et rurales, elles entrent dans les maisons, les commerces, les fermes, les industries, etc. La mouche domestique mesure environ 6 à 7 mm de long. La femelle est plus grande que le mâle. Le corps est divisé en plusieurs parties : la tête, le thorax et l’abdomen comme tous les insectes. Les 2 premiers sont de couleur sombre avec des stries jaunâtres. L’abdomen a principalement une coloration jaune.
Mouche bleue de la chair (Calliphora vomitoria) :
Plus communément appelé la grosse mouche bleue. Adulte de 6 à 12 mm de long ; couleur bleu métallique caractéristique. La larve est semblable à la mouche domestique à tous égards, sauf en ce qui concerne la taille : 18 mm lorsqu’elle est complètement développée. Les adultes vivent en moyenne 30 jours. Ce sont des insectes à cycle complet : œuf, larve, nymphe et adulte. L’éclosion des œufs prend de 0 à 18 heures (chez les femelles, un développement partiel peut se produire). Les larves mettent de 7 à 12 jours pour arriver à maturité. La mouche bleue se développe principalement sur des substances issues de la décomposition de la viande et parfois aussi sur des restes de fromage. C’est un parasite que l’on trouve fréquemment dans les carcasses d’oiseaux ou de rongeurs.
Mouche de la chair (SarcoPHaga carnaria) :
7-20 mm de long, coloration noir grisâtre sans tons métalliques, l’abdomen est également gris clair, avec des taches sombres semblables à un damier d’où son nom. Les adultes vivent en moyenne 30 jours, ce sont des insectes à cycle complet : œuf, larve, nymphe et adulte. Le cycle total dure entre 2 et 3 semaines, les larves se développent en 4 jours. Elles sont généralement les premières à apparaître en présence de viande morte, c’est pourquoi elles sont considérées comme un important vecteur de propagation des agents pathogènes. Les larves vivent et se développent dans tout type de matière organique en décomposition ou dans les matières fécales.
Mouche des fruits (Drosophila spp) :
La mouche du vinaigre ou mouche des fruits se trouve principalement dans les matières en décomposition ou en fermentation. On peut la trouver dans les fruits, les légumes, les produits alimentaires mal fermés, les liquides vinaigrés comme le vin, le cidre ou la bière, les excréments humains et animaux, les restes de nourriture sur les comptoirs et dans les salles à manger, l’eau des lave-vaisselle, etc. Elle se reproduit dans les résidus fermentés ou dans les endroits où il y a un risque de contamination. Les bactéries et les levures qui sont générées dans ces processus sont la source de nourriture des larves de cette espèce. 3 mm de long, avec un corps tacheté de jaune-brun brillant, des yeux rouge vif. Ils survolent la même zone avec un vol très lent. Les adultes vivent en moyenne 30 jours. Ce sont des insectes à cycle complet : œuf, larve, nymphe et adulte. La femelle peut pondre jusqu’à 500 œufs.
Une autre espèce de drosophile : (Drosophila hydei)
Commune dans les cuisines des restaurants, des bars… Ce petit moucheron noir est facilement reconnaissable avec ses ailes repliées le long de l’abdomen. C’est surtout ces excréments que l’on observe sur certains reliefs comme les angles de portes, les taches d’un bar, les angles d’une hotte… On voit alors
ces petits points beiges/noirs agglutinés. Ces petits excréments contiennent des phéromones d’agrégation. En d’autres termes : plus j’ai d’excréments, plus j’ai une odeur, ma phéromone, qui me dit de venir à cet endroit pour faire caca et donc ma quantité de caca va augmenter de façon exponentielle et non linéaire. Intéressant à savoir dans point de vue du contrôle ! Les éviter bien sûr mais aussi nettoyer les supports.
À lire également : La mouche domestique et les agents pathogènes humains
Impact économique et risque sanitaire des mouches en milieu alimentaire.
Les mouches sont un facteur de propagation des maladies d’origine alimentaire dont il faut en tenir compte dans les entreprises de transformation alimentaire, car il a été démontré qu’elles sont des vecteurs de nombreuses maladies d’origine alimentaire et que, par conséquent, leur présence peut être associée à la contamination des aliments par leurs agents pathogènes. Deux des espèces les plus étudiées à cet égard sont la mouche domestique (Musca domestica) et la mouche du vinaigre (Drosophila melanogaster). Ces espèces se sont révélées être des vecteurs efficaces de Salmonella et d’Escherichia coli, deux bactéries qui provoquent des infections intestinales pouvant être graves.
La problématique des mouches dans ce type d’établissements peut se résumer dans les points suivants :
La mouche domestique peut transporter jusqu’à 2 millions de bactéries. Augmentation du potentiel de risque et la transmission de maladies en cas de contact avec des aliments, des ustensiles et des surfaces de travail et de production. Produits endommagés, nettoyage exceptionnel, pertes financières. Rejet par les clients, baisse de facturation et perte d’image. Sanctions possibles par l’autorité sanitaire.
Une enquête européenne réalisée en 2022 a montré que 15 % des non-conformités détectées lors des audits alimentaires étaient dues à une gestion insuffisante des mouches. Ces dernières représentent également une source majeure de contamination croisée dans les environnements de production alimentaire, augmentant les risques d’intoxications alimentaires.
Prévention et contrôle des mouches dans les entreprises et restaurants.
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- Un nettoyage strict,
- Éviter d’accumuler de déchets et garder les poubelles fermées,
- Éviter de stocker les aliments sans protection ou laisser la vaisselle avec des restes de nourriture sans protection,
- Protéger les fenêtres avec des moustiquaires,
- Nettoyer les drains et s’assurer qu’ils sont exempts d’accumulation de matière organique,
- Utiliser des dispositifs de piégeage d’insectes appropriés,
Les pièges à insectes à émission UV font partie des méthodes les plus efficaces de lutte contre les mouches dans le secteur alimentaire. Ceux situés entre 350 et 368 nanomètres sont les plus intéressants et ne présentent aucun risque pour l’homme. Une fois attirés par la lumière, ils se collent pour la plupart au film collant de l’équipement.
Ces appareils sont très utiles dans l’industrie alimentaire et les services de restauration, car les bonnes pratiques de fabrication et la nécessité de réduire l’utilisation de biocides font de ces appareils des alliés incontournables.
Ils sont également très utiles dans les programmes de lutte intégrée contre les nuisibles, qui cherchent à combiner diverses stratégies générant des interactions et des
synergies entre elles, car ce sont des méthodes physiques qui ne contiennent pas d’agents toxiques ou dangereux pouvant contaminer tout processus de production ou matière première et qui aident significativement pour se conformer au système HACCP.
Les pièges à insectes permettent le suivi et l’identification des espèces, ainsi que de déterminer l’abondance des populations d’insectes et d’évaluer les défauts d’herméticité des installations des mesures correctives à prendre et éventuellement la nécessité d’un traitement biocide.
Ces appareils sont essentiels dans une gestion intégrée des insectes volants. Mais il est également essentiel de pouvoir identifier ces insectes. La découverte d’un grand nombre signifie généralement l’accumulation de matière organique mais aussi des ouvertures de fenêtres non protégées par des moustiquaires. Autre exemple observé : une explosion de psychodes nous a permis d’identifier que le nettoyage avait été fait avec une grande quantité d’eau et que la matière organique s’accumulait sous les plinthes en plastique mal jointes au sol. Ce cocktail (eau et matière) organique sous les plinthes a permis à des centaines de larves de psychodes de se développer. Ces appareils nous ont permis de révéler ce problème.
L’efficacité de ces dispositifs anti-mouche est liée à plusieurs facteurs :
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- Utilisation de lampes fluorescentes ou LED avec une plus grande production de rayonnement UV-A.
- Conception qui permet une meilleure diffusion du rayonnement.
- Surface adhésive de capture suffisante
Les modèles de désinsectiseur UV ne seront pas les mêmes à proximité des quais de livraison, en salle de production ou dans les zones de pause par exemple, un conseil d’un spécialiste est indispensable pour éviter des appareils inefficaces voire contre-productifs. L’approche est également différente s’il s’agit d’un projet en industrie, en élevage ou en CHR.
Mathieu Sachoux Directeur chez ABIOTEC UV
Quelques recommandations sur l’installation et la manipulation des appareils des gestion des mouches pourraient être résumées dans les points suivants :
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- Les appareils doivent fonctionner 24 heures sur 24. Une fois l’activité industrielle terminée, en l’absence de lumière artificielle ou naturelle, le désinsectiseur UV démultiplie ses performances.
- Ils doivent être installés à une hauteur comprise entre 1,5 et 3 mètres.
- Idéalement dans des zones où il n’y a pas de concurrence lumineuse excessive (lumière naturelle ou artificielle) et à l’abri des courants d’air.
- Le nombre d’appareils doit être suffisant, compte tenu de la superficie de la zone à protéger et de la couverture de l’attrape-insectes.
- Lors de la planification de l’installation, il est nécessaire d’assurer un accès facile pour la maintenance ultérieure.
- Les lampes ultraviolettes perdent de leur attrait avec le temps, il est important de remplacer ces lampes une fois par an, idéalement au printemps lorsque les insectes sont plus actifs (tous les 3 ans pour les lampes LED).
- Concernant les feuilles adhésives, leur remplacement dépendra des caractéristiques de l’installation, mais généralement tous les deux mois au moins.
Les implantations des pièges sont réalisées à partir de plan du site ou après visite en partenariat avec le prestataire de service en sanitation. Les clients peuvent ainsi présenter un document précis lors d’audit ou améliorer continuellement la prévention.
Mathieu Sachoux Directeur chez ABIOTEC UV
Coupe-insectes ou capteurs d’insectes :
Traditionnellement, des dispositifs qui agissent par électrocution ont été utilisés, mais ils sont de plus en plus désuets en raison de leur efficacité douteuse. Actuellement, la tendance est à l’utilisation de destructeur d’insectes volants qui n’agissent pas par électrocution, mais disposent d’une plaque adhésive, où les mouches restent piégées. Les avantages par rapport aux autres sont incontestables :
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- Parfaitement sûr, pas de risque incendie
- Efficace sur les insectes même les plus petits
- Plus silencieux.
- L’encapsulation des captures se fait sans produire de déchets polluants.
- Ils permettent l’identification des espèces, ainsi que le comptage des spécimens, facilitant ainsi les études d’analyse des tendances.
Les mouches sont des insectes qui ont la capacité de contaminer les aliments et les surfaces de travail avec un grand nombre de micro-organismes, soit mécaniquement, en les transportant sur leurs pattes ou dans les poils de leur corps, soit par régurgitation d’haleine ou de matières fécales.
La lutte contre ce type d’insectes est essentielle dans les établissements de restauration dans le cadre du plan général d’hygiène, les mesures d’exclusion étant généralement la première option.
L’utilisation de dispositifs de piégeage d’insectes basés sur l’utilisation de bandes adhésives pour la capture, est une option de contrôle efficace, propre et discrète.
Les références.
Benoît Cottin, entomologiste LGH – 3D (Dératisation, Désinsectisation et Désinfection)
Mathieu Sachoux Directeur chez ABIOTEC UV
En ligneArbizu, G. (2017). Gestion intégrée des mouches dans les productions intensives. Revue Latamplagas. Tome 1. Pages 21-23.
Agneau, D (2017). Importance des pièges lumineux UV-A pour le contrôle et la surveillance des insectes volants dans l’industrie alimentaire. Revue Latamplagas. Tome 1. Pages 25-26.
OMS. (2008). Santé publique de l’importance des ravageurs urbains. (2008).
Villegas, H (2017). Biologie et contrôle des mouches domestiques. Revue des arthropodes et de la santé. Vol 8. N° 2. Png 11-29.
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