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Punaise de lit et agents pathogènes, qu’en est-il ?

infestation de punaise de lit
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La punaise des lits – Cimex lectularius – est un parasite ultra présent à fort impact social, économique et sanitaire. Hématophage, elle pique pour se nourrir du sang de ses hôtes, dont nous faisons partie. A cette occasion, la punaise de lit peut-elle transmettre des maladies ? C’est une question que beaucoup de personnes se posent. Qu’en est-il ?

Punaises de lit et humains, une cohabitation difficile

La punaise de lit est un parasite hématophage, ce qui signifie qu’elle ne se nourrit que de sang. Elle est connue des ménages depuis l’antiquité. Les oiseaux, les chauves-souris et l’Homme sont ses hôtes de prédilection. Pour ces hôtes, la cohabitation avec cet hématophage strict entraîne des changements physiologiques et comportementaux. Certaines personnes atteintes par les réactions allergiques causées par les piqûres, développent des paranoïas ou des dépressions pouvant conduire à un isolement social. Les infestations entraînent des dégâts de plusieurs millions d’euros dans l’industrie hôtelière, l’industrie avicole et les ménages.

Au-delà de l’aspect économique et social, la punaise de lit est connue pour son fort impact sanitaire qui soulève aujourd’hui des questions. Les substances injectées dans son hôte lors de son repas sanguin provoquent, pour plus de 80% des personnes, une rougeur cutanée. S’ensuit une réaction allergique probablement provoquée par d’autres constituants de la salive. La désensibilisation à ces piqûres varie. Certaines personnes peuvent ne plus exprimer de réponse au bout de 2500 piqûres. D’autres seront toujours sensibles après des centaines de milliers. Les 20% de personnes insensibles aux piqûres de punaises de lit ne deviennent pas sensibles après une exposition répétée.

Les hématophages stricts et la transmission de maladies

Aujourd’hui, s’additionnant aux problèmes déjà existants, des études s’interrogent sur la possibilité pour la punaise d’être un vecteur de maladies. En effet, chez les hématophages, les cas de transmission de maladies sont fréquents. La plupart des infections sont permises par la piqûre ou la morsure. Les pathogènes peuvent être présents sur le rostre ou les mandibules de l’insecte, dans les glandes salivaires, ou alors dans l’intestin. Cependant, bien que le moment de la piqûre soit particulièrement propice à une infection, ce n’est pas le seul. Pour exemple, le réduve, insecte hématophage d’Amérique latine, permet le développement de la maladie de Chagas en déposant dans ses excréments le pathogène Trypanosoma cruzi. La personne piquée fait passer le pathogène par voie transcutanée en se grattant.

De nombreux autres hématophages sont à l’origine de pandémies aux conséquences désastreuses. La mouche tsé-tsé a fortement impacté le développement de l’Afrique sub-saharienne par la transmission de la maladie du sommeil ; le moustique tigre propage le virus de la dengue, du chikungunya ou du Zika dans les territoires d’outre-mer et en France métropolitaine ; la tique est porteuse de l’agent responsable de la maladie de Lyme ; et le pou fût un vecteur redouté du typhus et de la fièvre des tranchées. De plus, des cas de transmission de maladies par des espèces très proches de la punaise de lit ont été constatés chez certains animaux. La punaise de l’hirondelle des falaises, Oeciacus vicarious, peut transmettre le virus Buggy Creek et le virus de Fort Morgan. Les punaises Stricticimex parvus, Cimex adjunctus et Cimex brevis transmettent des virus ou des parasites entre chauves-souris. Aucun cas de transmission à l’Homme n’a été décrit.

Paradoxalement, aucun cas de transmission de pathogène par la punaise de lit n’a pour l’instant été observé chez l’Homme et l’hypothèse d’une punaise de lit vectrice de maladies graves pouvant nous infecter reste une question ouverte.

La punaise de lit chez l’Homme : un vecteur de maladie ?

Pour expliquer l’absence d’observation de cas de transmission par la punaise, les hypothèses les plus répandues sont que certaines bactéries bénéfiques demeurant dans son abdomen ont un effet protecteur contre les agents pathogènes. Les punaises de lit ont aussi développé un système immunitaire très efficace pour survivre à leur mode de reproduction traumatisant qui entraîne des infections entre punaises. Le contrôle de la punaise sur ces pathogènes empêcherait leur transmission à l’Homme.

Malgré cela, des pathogènes humains injectés artificiellement dans des punaises ont pu se multiplier chez ces dernières. Ceci représente une première étape vers l’infectiosité. Parmi ces pathogènes, sont comptés :

  • Trypanosoma cruzi évoqué précédemment comme responsable de la maladie de Chagas,
  • et Bartonella quintana et Borrelia recurrentis respectivement agents causaux de la fièvre des tranchées et de la fièvre récurrente transmises par le pou.

Des traces de Leishmania donovani (agent causal de la leishmaniose viscérale), Yersinia (agent causal de la peste), Francisella tularensis (agent causal de la Tuarémie), du virus de l’hépatite B et du VIH ont aussi été trouvés. Heureusement, le fait que ces microbes puissent persister dans l’organisme de l’insecte pendant plusieurs semaines ne signifie pas qu’ils peuvent s’y développer puis être transmis à l’Homme.

Encore récemment, de nouvelles études suggèrent la présence de la bactérie Rickettsia dans plus de 10% des infestations de punaises de lit. Ces infections ont été trouvées chez des punaises testées par plusieurs laboratoires de recherche dont un laboratoire associé à Izinovation qui est une entreprise lyonnaise de recherche et de formation à la lutte contre les ravageurs comme la punaise de lit. Pour l’instant, rien n’indique une pathogénicité de la bactérie pour l’Homme.

Cependant, cette découverte montre qu’il nous reste beaucoup à apprendre sur la punaise de lit et son potentiel dans la transmission de pathogènes. Ainsi, bien qu’aujourd’hui aucune étude ne confirme que la punaise de lit est un vecteur de maladies, toute prudence doit être gardée. Le mode d’alimentation strictement hématophage, la diversité d’hôtes et la faculté à se disséminer rapidement font de la punaise de lit une menace sanitaire qui doit être surveillée.

Lire également : Punaises de lit, sources de maladies infectieuses ?

Auteurs : Marius Poulain, Lucile Rametti, Dr. Romain Lasseur (IZInovation & IZIPest)

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