L’adaptation du métier de professionnel 3D aux enjeux sociétaux et environnementaux
Depuis la nuit des temps, l’homme cherche à réduire sa compétition ou ses interactions avec d’autres espèces, notamment animales, et cela pour des raisons de protection de sa nourriture ou pour des raisons de santé. Cet article a été rédigé avec la contribution de Romain Lasseur, Expert espèces animales envahissantes chez Izigroup.
Sommaire
Les espèces animales s’adaptent
Au travers de sa sédentarisation, l’Homme s’est organisé socialement avec la création de la cité, héritage devenu nos villes et notre milieu urbain. L’écosystème de la “cité” s’est vu complètement bouleversé pour accueillir de fortes densités humaines tout en garantissant une protection de la population, notamment contre les risques sanitaires. Cette construction urbaine a attiré la convoitise de nombreuses espèces animales (rongeurs, insectes) ayant la capacité de s’adapter et prospérer dans ces nouveaux écosystèmes anthropisés. L’impact sanitaire de ces espèces animales au contact de l’Homme a été très largement démontré dans l’Histoire : grands épisodes de peste, grippe espagnole, paludisme et, plus récemment, de leptospirose en sont les grands témoins.
Pour ce faire, l’Homme a sans cesse développé des stratégies de régulation de ces espèces impactantes sur la santé ou la nourriture. Ces stratégies ont été facilitées par l’avènement de la chimie de synthèse, inspirée de molécules naturelles. Le contrôle des rongeurs, des insectes et des microbes constitue, par conséquent, un pilier indiscutable de la salubrité publique en parallèle des progrès de la médecine.
Pour répondre à la demande de plus en plus forte, le métier de professionnel 3D émerge
C’est alors que le métier de professionnel 3D (Dératisation, Désinsectisation, Désinfection) a fortement émergé pour répondre à une demande de plus en plus forte d’intervention sur ces espèces animales envahissantes, notamment dans les entreprises et établissements accueillant du public comme les particuliers. En parallèle de la forte augmentation des problématiques liées aux espèces animales envahissantes, notamment en France, les rapports sociétaux à l’animal ont fortement évolué. Face à ce constat, des mouvements de remise en question du contrôle strict de ces espèces animales en ville en brandissant la souffrance animale, la biodiversité et la possible cohabitation entre l’Homme et ces animaux, et notamment le rat et le pigeon pour lesquels des associations militent contre leur régulation, apparaissent.
De la même manière, il est observé une vraie remise en question sociétale de l’utilisation de la chimie de synthèse ayant comme carburant les frondes anti-pesticides pointant du doigt en premier lieu l’agriculture et la protection des plantes. Nous observons également, plus généralement, une prise de conscience d’une nécessaire protection de l’environnement et le besoin de mettre en place des actions face à l’effondrement de la biodiversité et au réchauffement climatique.
Une prise de conscience
De facto, l’évolution de la place de l’animal sauvage a fortement évolué ces dernières années, notamment en milieu urbain, visant à laisser une place de plus en plus importante au vivant en ville, au verdissement de la voie publique et plus généralement à une volonté de protection de toute forme animale liminaire avec pour objectif une protection animale large et un leitmotiv bien rodé qu’est la volonté d’abolir toute forme de souffrance animale avec les réseaux sociaux pour caisse de résonance. Ces mouvements idéologiques ont gagné toutes les grandes métropoles françaises avec malheureusement un manque de discernement au sujet des espèces animales envahissantes dont l’impact est souvent très fort sur la biodiversité locale mais aussi sur la santé humaine.
Les professionnels sont là pour réguler les envahisseurs
En effet, les professionnels de la 3D constituent un réel rempart à l’infestation de l’espace urbain par ces espèces animales envahissantes qui peuvent rapidement mettre à mal l’équilibre biologique mais aussi la santé publique. Si on prend l’exemple du moustique tigre, alors que des associations s’opposent au traitement de cet insecte, c’est plus de 2000 cas de dengue (maladie virale transmise par le moustique tigre) qui ont été recensés en France en 2023. Le métier de professionnel 3D, consistant à réguler des animaux pour des questions de santé publique ou d’atteinte à l’image des entreprises, n’est pas encore aussi impacté que d’autres activités comme la corrida, le cirque ou encore les conditions d’élevage.
Néanmoins, tous les indicateurs de l’évolution sociétale montrent que le métier de professionnel 3D passe petit à petit du pest control au pest management, c’est-à-dire que le métier de régulation d’espèces s’oriente de plus en plus vers un métier de manager du risque pour le client.
L’environnement au cœur des débats
Plus généralement depuis une trentaine d’années, la nécessaire prise en compte plus importante de l’environnement s’est également fortement répandue dans les entreprises de toutes tailles. Autrefois très focalisées sur la production puis la sécurité au travail, les entreprises, au travers des engagements RSE (Responsabilité Économique/Sociale et Environnementale), ont rapidement compris que leur engagement sur un plan d’action environnemental devenait un facteur de compétitivité, mais également un point d’attractivité incontournable pour intéresser les jeunes générations (Marque Employeur). C’est ainsi que dans les grands groupes industriels la fonction de responsable RSE est apparue afin de mieux concilier activité économique de l’entreprise et engagements sociaux et environnementaux.
Le professionnel de la 3D doit évoluer et apporter des solutions
C’est cette double évolution sociétale et évolution des entreprises qui pousse notre métier de professionnel 3D à évoluer. Notre métier doit accepter sa révolution. Hier éradicateurs, aujourd’hui régulateurs d’espèces non désirables, demain gestionnaire du risque sanitaire et d’image pour le client. Prévention, précision des interventions, boîte à outils intégrant de la chimie de synthèse, mais aussi des méthodes complémentaires dont le piégeage, le professionnel va intervenir là où le risque est réel, en prenant mieux en compte la sensibilité de son client sur la thématique souffrance animale. Favoriser les processus naturels, en extérieur, par des méthodes environnementales vertueuses comme l’éco-pâturage, les hôtels à insectes, les nichoirs et abris, sera la clé de l’adaptation du professionnel pour :
- Valoriser son efficacité là où le risque est réel (intérieur).
- Proposer des services différents pour la gestion des extérieurs donc s’éloigner de ce que propose la concurrence.
- Concilier le métier de professionnel 3D avec les attentes et engagements RSE du client.
Le professionnel 3D va également devoir apporter de nouvelles solutions à son client, notamment là où l’on intervenait hier, en extérieur, sans trop de discernement. La révolution de notre métier de professionnel 3D, tout en ne remettant pas en cause les fondements de notre nécessaire efficacité là où le risque pose un caractère d’urgence, passera par l’intégration des attentes sociales et environnementales de nos clients.
Source : article paru dans le magazine Viva Protect – été 2024
Auteur : Mia Rozenbaum
Contributeur
Romain Lasseur : expert en espèces animales envahissantes chez Izigroup.
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