Les températures augmentent et les frelons fabriquent leur nid. L’arrivée du printemps annonce la haute saison des professionnels de la lutte contre les nuisibles. Guillaume Castagné, dirigeant de l’entreprise Allo Frelons, intervient dans cet article pour nous éclairer sur les techniques utilisées et le rôle des professionnels pour réguler les espèces invasives et protéger l’écosystème. Rencontre avec un professionnel du secteur.
Le recours à des techniques graduées
Lors de l’intervention, le professionnel agit de manière graduée. “Nous intervenons d’abord en utilisant des solutions mécaniques lorsque c’est possible, c’est-à-dire détruire le nid physiquement, puis des solutions chimiques à l’aide de produits biocides”, explique Guillaume Castagné, dirigeant de l’entreprise Allo Frelons. Les produits biocides peuvent être sous forme de poudre ou de liquide.
Lorsque les nids sont placés en hauteur, plusieurs techniques existent pour les décrocher ou les détruire. D’abord, avoir recours à une perche permettant de diffuser le produit biocide à l’intérieur du nid et ainsi d’éliminer les insectes. Guillaume Castagné nous confie utiliser une canne fabriquée de manière artisanale à l’aide de plusieurs tiges, qu’il remplace au besoin. Des cannes professionnelles peuvent aussi être utilisées à l’instar des cannes Birchmeier, télescopiques et adaptées à l’application de produits insecticides.
“La perche est ensuite utilisée pour démanteler le nid placé en hauteur, en plusieurs morceaux qui sont récupérés au sol”, souligne Guillaume Castagné. Enfin, des lanceurs – type paintball – permettent d’envoyer une bille d’insecticide dans le nid de frelon. De cette façon, le produit biocide se diffuse à l’intérieur du nid (pouvant être situé jusqu’à 30 mètres de hauteur), de manière très ciblée et sans se mettre en danger.
S’entraîner et s’adapter continuellement
Les professionnels utilisent aussi des aspirateurs dont l’objectif est d’attraper l’ensemble des individus pour éviter leur dispersion et qui seront ensuite broyés ou noyés, en fonction de l’appareil choisi. Si l’aspirateur possède un sac, on pourra noyer les insectes ou bien mettre de la poudre biocide, s’il s’agit d’un seau récupérateur. “Nous utilisons deux aspirateurs à dos, l’un à cendres et le second, de marque Milwaukee, dispose d’un récipient transparent et fonctionne très bien avec tous les nids d’un diamètre inférieur à 40 centimètres”, partage le professionnel. La durée d’aspiration peut varier entre 30 minutes et deux heures, en fonction de la taille initiale du nid.
Apprendre à lutter contre les frelons s’apparente à “un sport de haut niveau, qui nécessite une adaptation, un entraînement et un perfectionnement au quotidien”, sourit Guillaume Castagné. La connaissance, le savoir-faire et la dextérité du technicien priment pour garantir efficacité et respect de l’environnement.
“Lors d’une intervention où il existe un fort risque de dispersion des frelons dans la nature, nous pouvons recourir à l’obstruction de l’entrée du nid. À l’aide d’un morceau de coton humide, il faut parvenir à boucher l’entrée du nid pour éviter la dispersion des individus”, explique Guillaume Castagné.
Développer des nouvelles techniques en synergie
L’intervention curative ne suffit pas toujours, il faut anticiper la menace et mettre en place des solutions préventives pour lutter contre le frelon. “Parmi les techniques préventives, le piégeage de printemps est souvent le plus efficace contre les frelons asiatiques”, ajoute Guillaume Castagné. “Cependant, il faut que le piège soit sélectif, au risque de piéger également les autres insectes.”
Le principal enjeu de la lutte contre les frelons est la protection des abeilles. “Il existe un piège qui permet de filtrer l’entrée des ruches. Entre deux fils électriques, il y a juste la place pour l’abeille de passer, quant au frelon il se fait électrocuter.” Il s’agit d’une technique efficace mais dérisoire au regard de l’enjeu de protection des abeilles.
De nouvelles techniques de lutte contre les frelons sont développées de concert avec la recherche universitaire. “La recherche travaille sur un piège à base de phéromones sexuelles pour essayer d’attirer les mâles. Il s’agit peut-être d’un début de solution qui pourrait permettre de réguler les populations dans une certaine mesure”, indique Guillaume Castagné.
D’autres techniques s’appuient sur les nouvelles technologies. “Aujourd’hui des drones permettent de repérer les nids grâce à la chaleur qui s’en dégage, à condition de réaliser le repérage tôt le matin, avant l’arrivée de la chaleur du soleil.” Nouvelles technologies, techniques et savoir-faire sont des atouts majeurs qui doivent aider les professionnels à endiguer, à terme, l’invasion du frelon asiatique.
Source : article paru dans le magazine Viva Protect – été 2024
Auteur : Mia Rozenbaum
Contributeur :
Guillaume Castagné, Allo Frelons
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