L’aedes albopictus, notre proche ennemi !
Article mis à jour le 30 septembre 2024
Si le moustique tigre prolifère sous nos contrées, c’est majoritairement grâce à l’Homme qui lui offre le gîte et le couvert. Interdire l’accès aux récipients en eau est la solution fondamentale simple pour limiter sa prolifération, à condition que chacun fasse sa part à son échelle. Guillaume Lacour, entomologiste médical et responsable R&D – Altopictus, nous éclaire sur ce sujet.
Sommaire
L’aedes albopictus : connaître le nuisible
Tout le monde a entendu parler du “moustique tigre”, Aedes (Stegomyia) albopictus, implanté en France hexagonale depuis 20 ans et désormais responsable chaque année de transmissions locales d’arbovirus tels que la dengue ou le chikungunya. L’année 2024 s’annonce particulièrement à risque de survenue d’une situation sanitaire exceptionnelle, en relation avec l’épidémie historique de dengue en cours sous les tropiques. Au quotidien, ce sont les piqûres de ce moustique diurne et agressif qui empoisonnent la vie des habitants, souvent contraints de limiter leurs activités extérieures
Stratégies de contrôle du moustique tigre
Tous les moustiques ont une phase larvaire aquatique réalisée dans des gîtes naturels (marais, prairies inondées, etc.) ou artificiels (récipients divers). Le moustique tigre pond ses œufs uniquement dans des récipients en eau, où les œufs collés aux parois verticales peuvent résister plusieurs mois au sec si le récipient s’assèche ou pour passer l’hiver. Cette dépendance aux récipients artificiels constitue la meilleure opportunité de contrôle, en privant Aedes albopictus d’accès à l’eau. Ces actions doivent être assurées – et maintenues dans le temps – par tous afin de d’obtenir une diminution effective et ressentie de la nuisance.
L’engagement des collectivités locales dans la lutte contre l’aedes albopictus : un rôle crucial
Les mairies et agents communaux jouent un rôle clé dans la lutte contre le moustique tigre. La majorité des moustiques tigres sont produits sur les propriétés privées, pourtant 75 % des administrés ont une “volonté de report de responsabilité vers la puissance publique”. Cette demande sociétale impose une appropriation de la problématique par les mairies, en priorisant les actions protégeant les populations “fragiles” (crèches, écoles, établissements de santé) des piqûres. La réalisation d’un diagnostic de la production en moustique tigre des espaces gérés par la collectivité et des propriétés privées permet d’obtenir une vision objective des spécificités locales. Sur cette base, une stratégie à long terme peut être établie – idéalement en étant co-construite avec les habitants –, visant à ne pas produire de moustique tigre sur le domaine public et, fort de cette exemplarité, accompagner les habitants pour la lutte antilarvaire.
Stratégies italiennes contre le moustique tigre
La stratégie combinant : a) un traitement larvicide du réseau pluvial public et b) une intervention mensuelle en porte-à-porte auprès de toute la population pour supprimer les gîtes larvaires et former les habitants aux bonnes pratiques a démontré son efficacité en Italie, avec une réduction du taux de piqûres atteignant 70 % pour un coût annuel estimé inférieur à 9 € par habitant. Une réduction plus importante de la nuisance pourrait être obtenue en complétant cette stratégie avec une lutte par mâles stériles, qui sera prochainement opérationnelle contre Aedes albopictus en France hexagonale.
Professionnels 3D : experts au service de la prévention
Les professionnels 3D opérant auprès des particuliers doivent adapter leurs stratégies face au moustique tigre. Les particuliers sollicitent couramment le recours à des traitements adulticides sur leur propriété pour diminuer temporairement la nuisance. Cependant, ces traitements exercent une pression de sélection sur les populations d’insectes, dont le moustique tigre qui possède déjà des allèles de résistance envers la matière active, raison pour laquelle les ARS insistent sur le recours exclusif à ces biocides dans le cadre de la lutte antivectorielle curative : “Les traitements adulticides doivent rester des moyens ponctuels destinés à éviter la propagation de la maladie autour des foyers de contamination.”
Adaptation technico-pédagogique
Le métier des professionnels 3D doit ainsi évoluer vers plus de technicité et de pédagogie – une évolution qui n’est pas spécifique au moustique tigre – et adapter leurs offres en associant lutte antilarvaire, proofing et piégeage. À partir d’une connaissance fine de la biologie de l’espèce, des travaux propres et pérennes de proofing doivent être effectués dans l’espace de vie de la clientèle : isolation des pièges à sable en descente de gouttières et des réserves d’eau pluviale, installation de moustiquaires aux fenêtres et accès, etc. La qualité technique et esthétique des travaux réalisés est ici un facteur important pour se différencier de la concurrence. L’efficacité de ces travaux sera renforcée par le déploiement adapté de pièges dont l’efficacité contre Aedes albopictus est prouvée dans la littérature scientifique. Veillez à ne pas survendre l’efficacité des pièges, dans un contexte où la productivité en moustique tigre dans le voisinage vous est inconnue, pour ne pas nourrir d’attentes disproportionnées chez les résidents.
Prévention et protection contre l’aedes albopictus sur vos sites
Il est crucial de prévenir la présence du moustique tigre sur vos sites, car la nuisance est particulièrement intense près des gîtes larvaires. Intégrez des pratiques qui assurent la protection des usagers contre les piqûres de moustique tigre, telles que la mise à disposition de raquettes électriques et une ventilation adéquate sous les tables. L’efficacité des pièges dépend de la topologie des lieux ; un placement stratégique est essentiel pour minimiser l’attrait des moustiques envers les usagers non protégés. En agissant de manière concertée, vous pouvez réduire les populations de moustique tigre à un niveau supportable, préservant ainsi les activités quotidiennes telles que le jardinage, les sorties et les activités scolaires.