Pouvoir des fleurs : le Pyrèthre, un insecticide naturel, innovant et efficace

Méfiez-vous des apparences : cette délicate petite fleur blanche, surnommée « la marguerite de la mort », peut produire un pyrèthre insecticide naturel à l’efficacité redoutable. Une solution naturelle qui s’inscrit dans l’air du temps. Explications.

Le pyrèthre, une fleur aux pouvoirs insecticides insoupçonnés

À l’heure de la transition écologique, la lutte contre les nuisibles est, elle aussi, en pleine transformation. L’objectif ? Limiter les effets négatifs des substances chimiques sur la nature (pollution de l’eau, déchets chimiques, empreinte carbone) et sur l’homme. Le défi ? Conserver un haut niveau d’efficacité dans la lutte contre les nuisibles. Pas étonnant que de plus en plus d’acteurs du secteur explorent les potentialités des mollécules naturelles, par définition plus respectueuses de l’environnement.

Comment le Pyrèthre insecticide naturel agit-il sur les nuisibles ?

L’utilisation du Pyrèthre ne date pas d’hier. Depuis des siècles, les fleurs pressées servent d’insecticide naturel pour protéger les cultures, les animaux domestiques et les humains contre les nuisibles. Celles du pyrètre de Dalmatie, originaire de la côte Adriatique et qui ne pousse qu’à partir de 1 500 mètres d’altitude, contiennent six composés chimiques actifs – les pyrethrines – qui permettent de fabriquer des insecticides naturels efficaces. Comment ? En attaquant le système nerveux des insectes. Utilisé avec mesure, le Pyrèthre a un effet paralysant ou répulsif sur les insectes. Si l’on force la dose, son impact peut être fatal. La liste des potentielles victimes souligne l’efficacité de son action neurotoxique : cafards, punaises de lit, moustiques… Les œufs et les larves n’y échappent pas non plus. Sans oublier les ravageurs du jardin : pucerons, araignées rouges, chenilles, mouches et larves, ce qui est apprécié par les professionnels de l’agroalimentaire qui cherchent à protéger leurs cultures en faisant appel à une solution naturelle.

Pourquoi le pyrèthre est une alternative écologique aux insecticides chimiques ?

Contrairement aux molécules chimiques susceptibles d’empoisonner le sol longtemps, le Pyrèthre disparaît rapidement sans laisser de traces dans l’environnement. Son utilisation est ainsi admis en agriculture biologique. Bien que le pyrèthre soit un produit naturel et respectueux de l’environnement, des précautions s’imposent. Cet insecticide non sélectif doit être utilisé en toute conscience car il affecte sans distinction tous les insectes, les indésirables comme les auxiliaires, ainsi que les organismes aquatiques, poissons et reptiles. 

@Fleur de pyrèthre

Attention au greenwashing : comment bien choisir un insecticide au pyrèthre ?

Attention également à certaines dérives. Un insecticide végétal à base de pyrèthre n’est certes pas conçu de manière artificielle en laboratoire, mais il peut être mélangé avec d’autres ingrédients, comme des synergistes, pour améliorer son efficacité et sa durée de vie. Dans ce cas, bien que le Pyrèthre lui-même soit naturel, la formulation finale peut inclure des composants artificiels. N’hésitez à regarder les fiches techniques et la composition des produits finaux. Privilégiez également les fournisseurs et fabricants qui sont transparents sur leur chaîne d’approvisionnement, leurs processus de production et leurs impacts environnementaux.

Bien qu’ancestrale, la culture du Pyrèthre s’inscrit aujourd’hui dans une dynamique d’innovation durable. C’est le cas en Italie, Espagne, Japon, Afrique du Nord, mais aussi et surtout en Afrique de l’Est où de nombreux projets fleurissent et affichent un impact économique et social largement positif. 

Le Kenya, leader mondial de la production de pyrèthre naturel

Le cas du Kenya est édifiant. Autrefois, ce pays produisait plus de 80 % du pyrèthre mondial. Au siècle dernier, la corruption et la concurrence des alternatives synthétiques ont fait s’effondrer l’activité. Mais la petite fleur blanche n’a pas dit son dernier mot : ces dernières années, la demande croissante en solutions naturelles a revitalisé la production et le Pyrèthre kenyan s’exporte de plus en plus, ce qui valorise l’agriculture locale et crée des emplois.

La culture du pyrèthre procure en effet aux agriculteurs un revenu stable, nettement supérieur à celui de nombreuses autres cultures. En collaborant avec des milliers de petits exploitant agricoles partenaires, une société comme Kentegra a, par exemple, fait prospérer le commerce équitable du Pyrèthre. Kentegra achète des fleurs séchées aux agriculteurs dans le cadre de contrats à long terme et leur donne accès à du matériel, des équipements et des formations pour les aider à mieux gérer leurs plantations. Aujourd’hui, près de 30 000 agriculteurs sont soutenus par cette société, dont près de la moitié sont des femmes, et vivent avec un salaire moyen jusqu’à 6 fois supérieur à la normale.

Face à l’essor du pyrèthre kenyan, certains industriels européens s’engagent concrètement pour structurer des filières d’approvisionnement durables. C’est le cas d’Armosa, entreprise belge qui a récemment obtenu l’autorisation de commercialiser le pyrèthre naturel en Europe. Son PDG, Vincent Samain, revient en détail sur les enjeux de ce choix stratégique dans une interview à Viva Protect.  Lire l’interview complet.

Le pyrèthre, une solution d’avenir pour l’agriculture et la gestion des nuisibles

Avec le retour en force des méthodes de lutte antiparasitaire plus naturelles, c’est peu dire que le Pyrèthre a de beaux jours devant lui. C’est vrai en agriculture biologique mais également dans la gestion intégrée des ravageurs et des nuisibles en ville, dans les jardins comme à la maison. Reste un défi de taille : son prix, plus élevé que celui de ses dérivés ou alternatives synthétiques. Une situation qui pourrait changer si d’autres molécules chimiques venaient à être interdites. Dans un contexte de demande mondiale croissante pour des insecticides d’origine naturelle, le Pyrèthre reste donc une solution plus que prometteuse.

Auteur : Mia ROZENBAUM

Source : Extrait du magazine Viva protect n.3 – Mars 2025