Le mode de vie risqué des insectes sociaux exposés aux virus
Comment les fourmis, les abeilles et les guêpes sociales traitent-elles les virus ? De nos jours, lorsque les gens entendent les mots « virus » et « épidémie », les réalités humaines du COVID-19 leur viennent à l’esprit. Mais les insectes qui vivent en colonies sont également confrontés à des virus. Pourtant, leur mode de vie – l’exact opposé de la distanciation sociale – est propice aux épidémies et aux éclosions…
Les guêpes sociales, ou les organismes sociaux – eusociaux pour les intimes – peuvent lutter et répondre aux virus. Il s’agit des communautés d’insectes qui utilisent les défenses immunitaires innées et agissent également comme un superorganisme, en déployant des tactiques d’immunité sociale pour relever le défi.
Le mode de vie risqué des insectes sociaux exposés aux virus
L’immunité des insectes eusociaux de l’ordre des hyménoptères (fourmis, abeilles et guêpes) n’avait pas été étudiée en profondeur jusqu’à aujourd’hui. Valerie Renee Holmes, diplômée d’une formation en santé publique et en épidémiologie, aux Etats-Unis, estime que la vie en colonie offre aux virus des possibilités uniques de passer facilement d’un hôte à l’autre.
Des quartiers confortables sont synonymes de températures accueillantes, d’un approvisionnement facile en nourriture, de contacts fréquents entre les membres de la colonie et de la présence de larves vulnérables.
De plus, les insectes d’une colonie partagent la même génétique, de sorte qu’un virus qui élimine un individu est probablement une mauvaise nouvelle pour l’ensemble du groupe.
Selon les expert, ce sont des insectes dans un avion. C’est notamment pour cette raison qu’on dit que les avions sont le pire cauchemar des épidémiologiques et la vie eusociale est en quelque sorte l’avion des insectes en termes d’immunité. Ils sont donc très sensibles aux conséquences des maladies épidémiques.
Comment les insectes eusociaux combattent les virus ?
Les vertébrés possèdent deux types d’immunité, dont l’immunité adaptative, qui reconnaît les agents pathogènes lors de rencontres précédentes et envoie des réponses immunitaires ciblées. Les insectes ne possèdent qu’une immunité innée, qui reconnaît simplement qu’un agent pathogène est étranger et met en place une réponse non spécifique, à l’échelle du corps entier.
Cette immunité non spécifique utilise des voies chimiques où un événement (comme la reconnaissance d’un envahisseur étranger) déclenche une série de réactions. Chez les insectes. Il s’agit notamment des voies Imd, Toll et JAK/STAT, qui remplissent d’autres fonctions importantes dans la cellule, comme le développement ou le métabolisme. Mais elles peuvent également être activées pour combattre un pathogène.
Une autre voie est la voie ARN, un mécanisme de neutralisation des gènes qui élimine également les virus. Elle repose sur des protéines Argonaut flottant dans la cellule qui reconnaissent l’ARN viral comme étranger et le digèrent afin que le virus ne puisse pas se répliquer.
Selon l’experte épidémiologiste, les insectes sont devenus très efficaces dans l’utilisation des voies dont ils disposent pour réguler un certain nombre de fonctions différentes, tant sur le plan immunitaire que sur celui du développement et de la vie en général.
Les hyménoptères eusociaux bénéficient également d’une immunité sociale, agissant comme un grand organisme pour aider la colonie à survivre. C’est peut-être la raison pour laquelle les reines ont tendance à être monogames et à s’accoupler en une seule fois. Cela réduit les possibilités de rencontrer un agent pathogène.
Mais une grande partie de l’immunité sociale est liée aux travailleurs. Lorsque les butineuses reviennent au nid, les gardiens de la colonie peuvent refuser l’entrée aux butineuses malades. À l’intérieur du nid, d’autres travailleurs peuvent toiletter les butineuses pour éliminer les agents pathogènes. La colonie peut même utiliser une défense collective comme la fièvre sociale, en se regroupant autour d’un individu malade jusqu’à ce que leur chaleur corporelle combinée tue la menace pour le groupe.
Les butineuses peuvent également rapporter des restes de plantes que la colonie peut consommer pour renforcer son immunité. Dans certains cas, même le propre venin d’un individu – qui peut être antimicrobien – peut être appliqué sur l’exosquelette à des fins sanitaires.
Comprendre le fonctionnement des insectes eusociaux face aux virus
Comprendre comment les insectes eusociaux combattent les envahisseurs viraux permet de mieux comprendre la biologie des hyménoptères. Mais cela a aussi une valeur concrète. Dans le cas des abeilles mellifères, qui ont une importance économique, la compréhension de l’immunité pourrait aider à soutenir les plus de 30 % de colonies qui meurent chaque année.
Selon les experts, l’une des applications les plus intéressantes est la lutte biologique. S’il est clair qu’il n’existe pas de « solution miracle » pour les fourmis de feu envahissantes, leurs virus ont tendance à être extrêmement spécifiques à l’hôte, de sorte qu’un virus pourrait anéantir une colonie sans les effets non ciblés des appâts ou des insecticides.
Source : entomologytoday.org
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