Comprendre la biologie et le comportement des punaises de lit
Mieux connaître la punaise de lit permet d’améliorer les traitements d’infestation. Le Dr Jette Knudsen, chercheuse chez Nattaro Labs (Suède), partage ses connaissances sur le comportement et la biologie de ces insectes.
Sommaire
Les comportements clés des punaises de lit en milieu intérieur
Les professionnels de la lutte antiparasitaire savent que les punaises de lit sont parfaitement adaptées à la vie cachée dans les environnements intérieurs. Leurs corps aplatis leur permettent de se glisser dans les fissures et crevasses, et elles sont capables de tolérer la dessiccation, survivant longtemps sans se nourrir. Lorsqu’un hôte est disponible, elles peuvent s’alimenter plusieurs fois par semaine, multipliant leur poids corporel en quelques jours. Chez les larves, les mues dépendent de la disponibilité de la nourriture.
Les punaises de lit sont alertées par le CO2 présent dans l’haleine humaine et attirées à courte distance par la chaleur et les odeurs corporelles. Elles utilisent également des signaux volatils pour identifier leur environnement et localiser leurs hôtes. Ces signaux, perçus par les antennes des punaises, incluent des composés volatils provenant des excréments et des émissions des glandes odorantes des autres punaises de lit. Ces phéromones d’agrégation jouent un rôle crucial dans la cohésion des colonies, attirant les punaises vers des zones déjà infestées.
Pourquoi le contrôle des punaises de lit est-il si difficile ?
L’un des principaux défis du contrôle des punaises de lit est leur tolérance à la consanguinité. Cette tolérance leur permet de survivre et de se reproduire même avec une faible diversité génétique, facilitant ainsi leur propagation lors des déplacements humains. Une seule femelle fécondée peut engendrer une nouvelle infestation. De plus, les punaises de lit peuvent se déplacer activement d’une pièce à l’autre, surtout si la nourriture se fait rare( cas d’un appartement vide de ses occupants) ou si elles sont perturbées après l’utilisation d’insecticides par exemple.
Bien que plusieurs agents pathogènes humains aient été isolés chez les punaises de lit, il n’existe aucune preuve de transmission de maladies. Toutefois, leurs piqûres provoquent souvent des réactions allergiques et un stress mental important chez les victimes. Un facteur préoccupant en cours d’étude est l’effet potentiel des histamines présentes dans les excréments des punaises de lit, qui pourraient provoquer des crises d’asthme, un élément à surveiller pour le secteur de la santé publique.
Communication et vie en colonies chez les punaises de lit
Les punaises de lit cohabitent dans des environnements ultra-denses, formant des agrégats qui protègent adultes et larves, ces dernières étant particulièrement résistantes à la déshydratation. Leur vitesse de développement s’accélère en présence d’agrégats. Ce comportement social est crucial pour leur survie, notamment dans des conditions défavorables.
Les émissions glandulaires des punaises de lit ont une fonction double. En petites quantités, elles sont attractives, mais en grandes quantités, elles deviennent dissuasives et servent de phéromones d’alarme pour prévenir les autres punaises d’un danger ou pour stopper les tentatives d’accouplement des mâles.
Les punaises de lit se nourrissent principalement la nuit, sur les parties du corps exposées des dormeurs. Leurs piqûres passent souvent inaperçues, mais provoquent des démangeaisons plus tard. Certaines personnes ne réagissant pas aux piqûres, une infestation peut rester non détectée pendant des mois, compliquant ainsi l’éradication.
Le mécanisme de reproduction des punaises de lit
Le processus de reproduction des punaises de lit est dite “reproduction traumatique” pour la femelle. Le mâle perfore son abdomen pour injecter son sperme, ce qui réduit l’espérance de vie de la femelle en cas d’accouplements fréquents. Après chaque repas de sang, une femelle fécondée peut pondre 2 à 5 œufs par jour pendant plusieurs mois. Les mâles, en revanche, se nourrissent moins souvent. Le cycle de vie complet, de l’œuf à l’adulte, dépend de la température et de l’accès à la nourriture. À des températures inférieures à 13°C, leur développement cesse.
La reproduction traumatique des punaises de lit a un autre aspect crucial : la femelle, traumatisée, quitte l’agrégat pour coloniser de nouveaux territoires (à quelques dizaines de centimètres seulement, ce qui n’est pas une grande traversée). Plus tard, les mâles en quête de femelles les retrouvent. C’est ainsi que l’on observe ces petits agrégats visibles aux plafonds dans les cas de forte infestation de punaises.
Benoît Cottin, entomologiste LGH
Détection et surveillance : clés du contrôle des punaises de lit
La mise en place de stratégies basées sur la biologie des punaises de lit améliore les chances de succès. Une inspection visuelle minutieuse, combinée à la détection canine ou à l’utilisation de pièges passifs ou actifs, augmente les chances de détecter une infestation à ses débuts.
Les pièges passifs, comme les intercepteurs, capturent quelques punaises si elles sont présentes, tandis que les pièges actifs, appâtés avec des leurres imitant un hôte humain ou une cachette idéale, attirent les punaises à distance. Ces leurres reposent souvent sur des combinaisons de chaleur et de CO2 pour imiter les conditions idéales d’un hôte humain. Cependant, il est important de noter que les punaises de lit récemment nourries réagissent différemment aux signaux que celles qui sont affamées. Ainsi, un piège ne capture qu’un sous-ensemble des punaises présentes, ce qui constitue un défi pour les développeurs de pièges.
Dans des environnements tels que les hôtels, les dispositifs de surveillance active sont fréquemment utilisés pour détecter et limiter les infestations dès leur introduction. Ils permettent de capter les punaises avant que celles-ci ne puissent se propager de manière significative.
Méthodes de traitement recommandées
Pour éviter la propagation involontaire des punaises de lit, il est conseillé de limiter la préparation demandée aux clients avant un traitement. Les programmes de traitement intègrent diverses méthodes comme l’aspiration, la chaleur, la vapeur, ou le froid, en complément de la terre de diatomée et des traitements chimiques.
Des innovations récentes, telles que l’encapsulation de la terre de diatomée dans des bandes adhésives ou l’utilisation de pesticides fongiques, prolongent l’efficacité des traitements. Ces innovations offrent de nouvelles perspectives pour mieux contrôler les infestations.
La nécessité de l’éducation pour une meilleure prévention
L’éducation des professionnels et des particuliers est essentielle pour combattre efficacement les punaises de lit. Dans les logements collectifs et les hôtels, la surveillance proactive est cruciale pour détecter les introductions avant qu’elles ne deviennent des infestations majeures.
Des produits plus ciblés et innovants, associés à une gestion intégrée des infestations, sont indispensables pour lutter efficacement contre les punaises de lit. La sensibilisation aux nouvelles techniques et une bonne application des pratiques de lutte permettent d’obtenir des résultats durables, même face aux populations résistantes.
Résumé des mesures essentielles
- Où chercher les punaises de lit : autour des lits, matelas, sommiers, meubles, plinthes et installations électriques.
- Signes d’infestation : taches sombres de sang séché, exuvies, œufs, larves et adultes.
- Cycle de vie : à 22°C, une femelle pond plusieurs œufs par jour, conduisant à des centaines de larves en moins de 10 semaines si l’infestation n’est pas détectée.
- Résistance : Les populations de punaises de lit présentent souvent plusieurs mécanismes de résistance aux insecticides, rendant les traitements uniquement chimiques moins efficaces. La gestion intégrée, associant méthodes chimiques et non chimiques, reste la stratégie la plus efficace pour l’élimination.
SOURCE : PPC
Contributeur : Benoit COTTIN, entomologiste – LGH
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