Biocides et alternatives : l’art de trouver l’équilibre
Ces dernières années, la lutte contre les nuisibles a vu naître de nombreux débats autour de l’utilisation des biocides. Longtemps considérés comme des solutions incontournables, ces produits chimiques sont aujourd’hui au cœur de réflexions sur leurs impacts environnemental et sanitaire. Les réglementations sont devenues plus strictes, tandis que les attentes croissantes des clients pour des solutions durables poussent la profession à relever de nouveaux défis. Jérémy Soret, Directeur de la BU Armosa, partage ici ses observations et ses questionnements. Il explore les défis et les opportunités qu’offre une approche équilibrée entre l’efficacité des biocides et l’essor des alternatives respectueuses de l’environnement.
Les biocides, une complémentarité
Dans notre profession, l’utilisation des biocides est un sujet de discussion récurrent. Il est évident que leur usage doit être réfléchi et limité, mais dans certaines situations, ils restent indispensables pour obtenir des résultats fiables, rapides, et garantir une rémanence. Chaque intervention doit être adaptée à la situation spécifique, en prenant soin de minimiser l’impact sur l’environnement.
Et c’est cet état d’esprit que nous retrouvons souvent chez nos clients : une volonté d’adopter des méthodes alternatives, mais avec une compréhension pragmatique des contraintes. Comme j’aime à le rappeler : « Lorsqu’un danger est maîtrisé par un professionnel, le risque devient nul ou quasi nul. »
Cette maîtrise est la clé de notre métier et permet de garantir l’efficacité des interventions, tout en assurant la sécurité. Ces échanges m’ont conforté dans l’idée qu’il est essentiel de trouver un juste milieu. En tant que professionnels, nous avons la responsabilité de proposer la solution la plus adaptée à chaque situation, qu’elle repose sur des biocides ou sur des méthodes alternatives.

@Jeremy Soret
Maîtriser et comprendre l’usage des biocides : une transition nécessaire
Cependant, je suis persuadé que l’avenir de notre profession réside dans la maîtrise de l’utilisation des biocides. J’ai beaucoup évolué sur cette question au fil des années, cherchant à privilégier des méthodes moins intrusives et plus respectueuses de l’environnement.
Mais cela nécessite également de sensibiliser les clients sur les raisons pour lesquelles nous choisissons une méthode plutôt qu’une autre.
Léo Daudenet, de la société Nuisibles 13 à Marseille, m’a expliqué :
« La peur du produit est souvent liée à une incompréhension de ce que nous faisons. »
“Il est important d’expliquer aux clients pourquoi nous utilisons certains produits et quelles sont les mesures que nous prenons pour garantir leur sécurité. La pédagogie est essentielle dans notre métier.”
En tant que professionnels, nous devons être transparents et pédagogues. En expliquant les options disponibles et en démontrant l’efficacité des solutions conventionnelles et alternatives, nous pouvons apaiser les craintes des clients tout en les accompagnant vers des méthodes plus durables.
L’innovation technologique : un outil clé pour accompagner les biocides
L’un des aspects les plus prometteurs pour lutter contre les nuisibles est l’innovation technologique. Ces dernières années, de nouvelles solutions ont vu le jour, permettant d’intervenir de manière plus précise et ciblée, tout en minimisant l’impact sur l’environnement.
Des pièges intelligents, des capteurs, et d’autres dispositifs non toxiques offrent des résultats intéressants. Pour moi, il est important de souligner que : “Nous ne sommes pas obligés de détruire un mode de fonctionnement, une technologie pour en utiliser une nouvelle, car la plupart du temps les deux sont complémentaires.”

@ARMOSA – Site de production
L’innovation n’exclut pas les méthodes existantes, elle les complète et les améliore, ce qui nous permet de trouver le meilleur équilibre entre efficacité et durabilité. Nadia Hummel, de Nuisibles Assistance PACA à Nice, m’a récemment confié son retour d’expérience après la période Covid :
“Pendant et après la crise, les clients étaient très réticents à l’idée d’utiliser des produits chimiques.”
“Aujourd’hui, grâce à une meilleure connaissance des nuisibles et des solutions disponibles, nous pouvons expliquer nos méthodes et choisir des interventions adaptées, en combinant des solutions biocides avec des techniques non chimiques.”
Cette approche hybride, combinant innovation technologique et méthodes traditionnelles, montre que la profession évolue dans la bonne direction. Elle permet de répondre aux exigences des clients tout en respectant une démarche plus respectueuse de l’environnement.
Attention : Il est cependant essentiel de ne pas confondre les produits d’origine naturelle – qui, bien qu’ils ne soient pas biologiques, demeurent des biocides – avec les alternatives, souvent de nature mécanique.
Une profession en transition, vers un avenir durable
Ce que je retiens de toutes ces discussions, c’est que la profession est en pleine mutation. Nous ne pouvons plus envisager la lutte contre les nuisibles de la même manière qu’il y a quelques années. Les clients sont mieux informés, les réglementations se font plus strictes, et les attentes en matière de respect de l’environnement sont désormais une priorité.

@Formation avec des clients
Je suis convaincu que l’avenir de notre métier passe par une utilisation raisonnée des biocides, combinée à une adoption croissante des innovations technologiques et des méthodes innovantes. Ce chemin demande du temps, des efforts, et une collaboration étroite entre les professionnels et les clients. Mais je suis optimiste. En poursuivant sur cette voie, nous parviendrons à concilier efficacité et durabilité, tout en restant fidèles à nos valeurs.
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