Un secteur qui se pique d’innovation
Les moustiques sont de plus en plus nombreux, mais les professionnels du secteur n’ont pas dit leur dernier mot. Pièges connectés et/ou sélectifs, technologies autonomes, stérilisation des mâles… Et si innovation rimait avec solution ? Tour d’horizon des dernières (ou futures) nouveautés.
Pièges connectés : l’innovation clé de la lutte contre les moustiques
Aveugles, les pièges ? Pas si sûr. Pendant longtemps, les professionnels du secteur ont pourtant déploré qu’ils attirent indistinctement moustiques et autres insectes volatiles. « Quand tu produis du CO2 et de la chaleur, tu vas forcément aussi capturer d’autres espèces, en particulier des lépidoptères », explique Vincent Ergen, fondateur de la société Hyptis Consult, spécialisée dans le Pest Management.
Cela dit, les choses sont en train de changer, à mesure que les pièges connectés se développent. « On utilise des pièges avec des capteurs d’intelligence artificielle qui nous renseignent sur le nombre de moustiques capturés, distinguent les moustiques qui piquent de ceux qui ne piquent pas, les différents types de moustiques (tigre, …), et les autres insectes », détaille Rubén Bueno-Marí, directeur technique chez Rentokil Initial España.
De la capture sélective au suivi en temps réel
Les pièges connectés permettent un suivi en temps réel du nombre de moustiques, une reconnaissance des espèces, voire même une distinction entre moustiques mâles et femelles. « Le mâle est phytophage. Il va plutôt aller chercher la sève des plantes, alors que la femelle est hématophage strict et se nourrit uniquement du sang des hommes », rappelle Vincent Ergen.
On l’aura compris, les pièges connectés sont un outil précieux pour les professionnels de la démoustication. « On dispose d’un système de détection précoce avec des informations en temps réel sur l’évolution des populations de moustiques et l’on peut utiliser ces données pour planifier des interventions de contrôle », abonde Rubén Bueno-Marí.
La guerre des moustiques
L’information est le nerf de la guerre, y compris quand celle-ci concerne les moustiques. Des données fiables permettent d’optimiser le fonctionnement des pièges. « Si l’on a un comptage précis des moustiques, avec envoi automatique des données, on peut par exemple réduire ou augmenter le dosage du piège », avance Vincent Ergen. Et des pièges de plus en plus sélectifs réduisent considérablement l’impact sur les espèces non-cibles.
La technologie permet également d’augmenter l’autonomie des pièges. « C’est un vrai besoin, car on a parfois des problèmes pour alimenter les pièges en électricité », explique Vincent Ergen. Plusieurs pistes sont actuellement à l’étude ou en train d’être développées : le plug and play solaire, des systèmes rechargeables ou des appareils longue durée. « Je crois davantage dans les batteries que dans les panneaux solaires, car les pièges sont souvent censés être placés à l’ombre des haies », précise Manon Dargent, dirigeante de la société Prodhyg.
Autre innovation récente qui optimise l’efficacité des pièges : la possibilité de relier jusqu’à 20 pièges autour d’une seule alimentation électrique. « Chaque piège a un rayon d’action de 15 mètres. Du coup, avec ce système, je peux quadriller une vaste zone d’intervention et limiter les nuisances », détaille Manon Dargent. De son côté, Rubén Bueno-Marí évoque un autre type de technologie pour augmenter la portée des actions contre les moustiques : « On travaille déjà avec des drones pour appliquer des produits larvicides sur de grandes étendues d’eau. »
Rayons X
Et quand ce genre d’intervention ne donne pas de résultats ? « Deux grandes stratégies sont en train d’être déployées en Europe, là où les produits et les pièges ne suffisent pas. La première consiste à libérer des mâles préalablement irradiés en laboratoire pour qu’ils rendent stériles les moustiques femelles lors de la copulation.
La seconde obéit à la même logique : les mâles sont infectés avec une bactérie qui provoque une incompatibilité ectoplasmique et tue dans l’œuf les larves des femelles », détaille Rubén Bueno-Marí. Un bon moyen de faire baisser la population de moustiques dans les zones infestées.
On l’a vu, les professionnels sont à pied d’œuvre pour développer des solutions innovantes. Celles-ci doivent également être écologiques et durables. « L’avenir, ce sont des solutions qui vont diminuer l’utilisation de biocides tout en restant efficaces », dit Vincent Ergen qui insiste sur un dernier point : « Pour que les pièges soient acceptables socialement, il faut qu’ils soient discrets et se fondent dans le paysage. » Certains modèles prennent en effet beaucoup de place alors que des pièges plus récents s’intègrent parfaitement dans l’environnement. « Parfois, on dirait un pot de fleurs », conclut Vincent Ergen.
Source : Extrait du magazine Viva protect n.4 – été 2025
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