Désinsectisation

Stratégies avancées pour un appâtage efficace des blattes

Appâtage des blattes germaniques
@as

Article mis à jour le 7 mai 2025

L’appâtage des blattes est une méthode incontournable en gestion des nuisibles, particulièrement en milieux urbains et industriels. Malgré les avancées scientifiques et l’arrivée de formulations insecticides toujours plus performantes, les blattes restent difficiles à éradiquer de manière durable. L’efficacité d’un traitement repose sur plusieurs leviers complémentaires : la justesse de l’application, le choix des emplacements, l’adaptation des  formulations et la prise en compte des comportements d’évitement. Une mauvaise mise en œuvre — qu’il s’agisse d’un dosage mal maîtrisé, d’un positionnement inadapté ou d’un appât mal accepté — peut réduire considérablement l’impact du traitement. C’est pourquoi la réflexion doit porter à la fois sur la quantité, l’emplacement, la formulation et les réactions comportementales des blattes. Face à ces enjeux, une approche méthodique, fondée sur l’observation de terrain, le respect des bonnes pratiques et l’ajustement progressif des paramètres, permet d’optimiser les résultats et de mieux maîtriser les infestations. 

Appâtage des blattes germaniques : quelle quantité utiliser ?

Une cause fréquente d’échec dans l’appâtage des blattes germaniques réside dans une application mal maîtrisée du produit. Il ne s’agit pas seulement de quantité, mais surtout de répartition et de précision. Pour être efficace, l’appât doit être appliqué en multiples petits points, à la dose homologuée, et non en grosses gouttes trop concentrées. C’est le nombre de points de gel qui permet de couvrir un large périmètre et d’atteindre différents individus au sein de la colonie.

L’emplacement des appâts est tout aussi déterminant : ils doivent être placés dans des zones abritées, discrètes, à l’abri des courants d’air, à proximité des lieux de passage ou de refuge des blattes (fissures, dessous d’équipements, angles sombres). Il convient d’éviter les endroits visibles ou exposés comme les bouches de ventilation, qui sont rarement fréquentés par les insectes et nuisent à l’efficacité autant qu’à l’esthétique.

cafard/blatte

@cafard/blatte

Avant l’application, un nettoyage soigneux des surfaces est recommandé pour éliminer poussières, graisses et débris alimentaires susceptibles d’altérer l’attractivité du gel. Enfin, la quantité d’appât doit être ajustée en fonction du niveau d’infestation, en s’appuyant sur des dispositifs de surveillance (comme les pièges à glu) et en réévaluant après chaque intervention. En cas de persistance, l’augmentation du nombre de points ou une meilleure couverture spatiale peut faire la différence.

Rotation des appâts : un levier essentiel contre la résistance

L’utilisation répétée du même appât peut parfois entraîner une perte d’efficacité du traitement. Mais cette baisse de performance peut avoir deux origines distinctes, qu’il convient de ne pas confondre. La première est la résistance : elle concerne la molécule insecticide (le principe actif) contenue dans l’appât. Certaines populations de blattes développent, avec le temps, une tolérance aux substances actives utilisées de manière répétée.

Ce phénomène de résistance réduit l’effet létal de l’insecticide, même si l’appât est ingéré. Pour y faire face, il est essentiel de pratiquer une rotation des substances actives, en alternant les familles chimiques selon un protocole rigoureux. Il ne suffit pas de changer de marque commerciale : il faut s’assurer que le principe actif diffère réellement d’un produit à l’autre.

La seconde cause possible est l’aversion alimentaire, un phénomène comportemental. Dans ce cas, les blattes détectent et évitent la matrice alimentaire de l’appât (par exemple, en développant une aversion au glucose). Le produit peut donc rester toxique, mais il n’est plus consommé. Pour éviter cette situation, il est recommandé de varier également la composition des matrices (sucrée, protéinée, grasse, etc.).

Il ne faut pas confondre résistance aux insecticides et aversion alimentaire. La résistance concerne le principe actif, tandis que l’aversion — phénomène comportemental — peut pousser les insectes à éviter certaines matrices alimentaires, sans lien direct avec l’efficacité toxique du produit.

Benoit Cottin

Variation de la matrice alimentaire pour éviter l’aversion aux appâts

Les blattes peuvent, au fil du temps, développer une aversion alimentaire vis-à-vis de certaines formulations d’appâts, même si la substance active reste efficace. Ce comportement se traduit par une évitement du produit, rendant le traitement inopérant simplement parce que l’appât n’est pas consommé.

Ce phénomène d’aversion est souvent lié à la matrice alimentaire, c’est-à-dire la composition du support dans lequel est incorporée la molécule insecticide. Lorsqu’un même type de matrice est utilisé de manière répétée, certaines populations de blattes peuvent progressivement rejeter son goût ou son odeur.

Pour maintenir l’attractivité des appâts, il est essentiel de varier régulièrement les matrices alimentaires. Cela peut passer par l’alternance de formulations à base de protéines, de sucres ou de matières grasses, en fonction des préférences comportementales des insectes ciblés. On distingue généralement deux grands types de matrices :

  • Les gels synthétiques, souvent de couleur blanche, formulés sans allergènes et adaptés à certains environnements sensibles (ex. : cuisines collectives).
  • Les gels organiques, souvent plus riches en arômes naturels, mais parfois moins stables dans le temps.

Une surveillance attentive des zones traitées, couplée à des tests de consommation si nécessaire, permet d’ajuster le choix des appâts et d’anticiper les phénomènes d’aversion.

Emplacement stratégique des appâts pour maximiser leur efficacité

L’efficacité d’un appât ne dépend pas uniquement de sa composition : son positionnement est un paramètre déterminant. Une application mal ciblée, même avec un produit de qualité, peut compromettre l’ensemble du traitement. Les blattes privilégient les zones sombres, calmes, abritées et proches de la chaleur ou de l’humidité.

Elles évitent les zones exposées aux courants d’air ou à la lumière directe. Il est donc peu probable de les trouver devant un radiateur ou une bouche de ventilation, contrairement à ce que certaines pratiques laissent penser. Les appâts doivent être placés au plus près des lieux de passage ou des refuges potentiels : fissures, dessous d’équipements, recoins difficiles d’accès, faux plafonds, etc. Il vaut mieux appliquer quelques gouttes discrètes et bien placées que de surdoser en plein champ de vision.

Des erreurs fréquentes, comme la pose de gel directement sur des surfaces visibles ou peu fréquentées, nuisent à la fois à l’efficacité et à l’esthétique du traitement. Un nettoyage préalable est souvent indispensable : les graisses, poussières ou résidus alimentaires peuvent diminuer l’attractivité du gel. Une observation fine du site, appuyée par la surveillance (pièges à glu, détection visuelle), permet de positionner les appâts de manière optimale et de garantir leur accessibilité aux insectes cibles.

L’application simultanée d’un insecticide et d’un appât est à proscrire, car elle risque de provoquer un rejet de l’appât par les blattes.

Vincent Ergen

Surveillance et ajustement du programme d’appâtage

Un programme d’appâtage efficace repose sur une surveillance continue pour évaluer son impact et ajuster la stratégie si nécessaire. L’utilisation de pièges à glu et de relevés réguliers permet de mesurer la diminution des populations et d’identifier d’éventuelles zones de persistance. Si les infestations ne régressent pas, plusieurs facteurs doivent être examinés :

  • Quantité d’appât insuffisante : une application plus généreuse peut être nécessaire.
  • Mauvais positionnement : les appâts doivent être placés au plus près des zones de passage.
  • Appât inadapté : une rotation du produit ou un changement de matrice alimentaire peut améliorer l’efficacité.

Un suivi régulier garantit une adaptation rapide des interventions, permettant une réduction durable des populations de blattes. Un appâtage efficace des blattes germaniques repose sur une quantité suffisante d’appât, un positionnement stratégique, une rotation des formulations et une surveillance régulière. L’adaptation continue de ces paramètres garantit un contrôle durable et limite les échecs liés à la résistance ou à l’aversion aux appâts.

Contributeurs
Benoit Cottin – Biofox
Vincent Ergen – Hyptis Consult

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