Dératisation

Sécurité alimentaire et rongeurs : vers une gestion préventive et durable

Lutte contre les rongeurs - rat dans l’évier
@as

Article mis à jour le 27 octobre 2025

La lutte contre les rongeurs reste un enjeu majeur de la sécurité alimentaire. Sur les sites agroalimentaires , usines, entrepôts ou points de distribution — une intrusion suffit à compromettre la conformité sanitaire, les rongeurs pouvant transporter et disséminer des pathogènes (risque microbiologique). Pour garantir une maîtrise durable, il faut dépasser la simple dératisation et instaurer une stratégie proactive fondée sur la prévention, le diagnostic et le suivi.

Les limites des programmes traditionnels de lutte contre les rongeurs

Malgré leur ancienneté, de nombreux programmes de lutte contre les rongeurs en milieu agroalimentaire reposent encore sur des protocoles standardisés : quelques appâts extérieurs, des pièges répartis à intervalles fixes et un suivi mensuel. Ces dispositifs, longtemps considérés comme suffisants, peinent aujourd’hui à répondre aux exigences de traçabilité et de prévention imposées par les référentiels modernes (HACCP, BRC, IFS, FSMA…).

Des approches dépassées

Avant de repenser la stratégie de lutte, il est essentiel de comprendre pourquoi certains modèles traditionnels ne suffisent plus à garantir la maîtrise sanitaire.

  • Trop passives : attendre les captures ou les signes d’activité ne permet plus d’anticiper les infestations.
  • Partiellement conformes : les audits exigent désormais une évaluation continue de l’efficacité des dispositifs et une mise à jour documentaire rigoureuse.
  • Peu prédictives : les schémas figés négligent la dynamique réelle des rongeurs et leur adaptation aux environnements industriels.

Les audits BRC et IFS soulignent régulièrement que les défauts structurels ou d’étanchéité du bâti, souvent à l’origine d’intrusions de rongeurs, figurent parmi les non-conformités les plus récurrentes. Il est reconnu que les rongeurs peuvent entrer dans les bâtiments depuis l’environnement du site mais aussi voyager dans les matières premières entrant sur le site. Pour rester conforme et efficace, il est indispensable de passer d’un modèle réactif à une démarche proactive, intégrant prévention, diagnostic et suivi. C’est cette transition qui marque la différence entre une dératisation classique et une gestion intégrée des nuisibles réellement performante.

schéma transition vers une gestion intégrée de nuisibles

@schéma transition vers une gestion intégrée de nuisibles

Les fondations d’un programme proactif de maîtrise des rongeurs

Un plan de prévention contre les rongeurs efficace ne repose pas uniquement sur la pose de pièges ou d’appâts. Il débute par une analyse approfondie du site : niveau d’infestation, points d’entrée, conditions favorables et zones critiques. Des actions correctives pour améliorer l’herméticité du site seront proposées à l’issue de cette analyse.

Les piliers d’une approche préventive

Une démarche efficace repose sur quelques fondements incontournables, qui permettent de passer d’une réaction ponctuelle à une véritable prévention durable.

  • Évaluation initiale : repérer les sources de nourriture, les zones humides et les signes de présence comme les crottes ou marques de frottement.
  • Cartographie du risque : dresser un véritable “profil nuisible” du site pour visualiser les zones d’activité et les circuits d’accès. C’est sur les zones à forte activité « nuisible » ou comportant la plus grande sensibilité, que la grande majorité des actions porteront.
  • Plan d’intervention ciblé : adapter les traitements, le matériel et les fréquences de contrôle à la configuration du site et à la biologie des rongeurs.

En combinant prévention, surveillance et réactivité, cette méthode transforme une simple dératisation en un programme global de gestion intégrée. Elle valorise l’expertise du technicien et renforce la conformité du site aux exigences de sécurité alimentaire. A l’heure des outils connectés, la surveillance du site doit être continue.

Mettre en place une stratégie adaptée à chaque site

Chaque environnement présente ses propres vulnérabilités. Dans un site de production alimentaire, un entrepôt logistique ou une zone de conditionnement, la stratégie de maîtrise des rongeurs doit tenir compte de la structure des bâtiments, des flux de marchandises et des activités quotidiennes.

Une planification sur mesure

Pour être réellement performante, la lutte contre les rongeurs doit s’adapter aux spécificités de chaque site et s’appuyer sur une planification rigoureuse.

  • Analyse du terrain : comprendre les itinéraires potentiels d’intrusion, les points d’accès (portes, câbles, canalisations) et les zones à forte attractivité alimentaire.
  • Discussion avec toutes les parties prenantes des actions de nettoyage et d’herméticité à mener
  • Priorisation des zones sensibles : espaces de stockage, locaux techniques, zones de réception ou de déchets nécessitent un contrôle renforcé.
  • Installation ciblée des dispositifs : pièges mécaniques, postes d’appâtage ou capteurs électroniques doivent être positionnés selon les données recueillies, et non selon une simple grille standard.

Une stratégie personnalisée, fondée sur les données d’observation et les bonnes pratiques de prévention, assure une protection cohérente du site tout en optimisant le temps et les coûts d’intervention. 

En outre, si l’entrée de rongeurs par les flux de matières premières est détectée, un travail d’analyse chez les fournisseurs devra être mené en parallèle. Les populations de souris et de rats noirs trouvent très souvent leur origine par l’entrée de matières premières souillées en Industrie Agro-Alimentaire.

Romain Lasseur

Rat brun dans la nature

@Rat brun dans la nature

Inspections, suivi et communication entre équipes

Un programme de prévention des rongeurs ne peut être efficace sans une inspection rigoureuse et un dialogue constant entre les acteurs concernés. Chaque contrôle doit produire des données exploitables, permettant d’ajuster les dispositifs avant qu’une infestation ne s’installe.

Une inspection au service de la performance

L’inspection constitue bien plus qu’une simple formalité : c’est un levier de performance qui alimente la prévention et guide les ajustements continus du programme.

  • Observation active : inspection des zones non visibles — plafonds, cloisons, gaines techniques, zones sous les quais — souvent à l’origine de foyers persistants.
  • Analyse des indices : traces, excréments, nids ou marques de frottement permettent de reconstituer les trajets et points d’accès.
  • Mise à jour du plan de surveillance en temps réel : tout constat doit être intégré au plan de site pour améliorer la réactivité lors des audits ou interventions ultérieures.

L’importance du dialogue interne

La communication entre le technicien hygiéniste et les équipes qualité, maintenance ou production est essentielle. Elle permet de signaler rapidement toute anomalie (porte déformée, fuite, stockage non conforme) et d’adapter le protocole en temps réel. Une réunion de synthèse après chaque passage favorise la traçabilité, l’amélioration continue et la conformité avec les exigences des référentiels de sécurité alimentaire.

Si des actions sont attribuées au professionnel suite à l’observation d’une anomalie « rongeur », d’autres le sont à l’exploitant du site notamment en termes de nettoyage et d’herméticité des bâtiments. Un suivi rigoureux de la réalisation de ces tâches doit être mis en place par le professionnel et si possible avec un outil de dialogue collaboratif.

Romain Lasseur, IziGroup

Optimiser la maîtrise des rongeurs dans les sites agroalimentaires

Une gestion efficace des rongeurs dans l’industrie agroalimentaire ne repose pas seulement sur la pose de pièges ou de stations d’appâtage. Elle exige une approche intégrée, où prévention, diagnostic et actions correctives sont étroitement coordonnés.

Les piliers d’un programme intégré

Dans une logique de gestion globale, plusieurs composantes complémentaires assurent la cohérence et l’efficacité d’un programme intégré de maîtrise des rongeurs.

  • Prévention environnementale : maintien de la propreté des zones de production, réduction des sources de nourriture et d’eau, et entretien rigoureux des abords extérieurs.
  • Surveillance active : utilisation d’outils connectés, de pièges intelligents ou de capteurs d’activité pour suivre l’évolution des populations en temps réel.
  • Action corrective raisonnée : choix de produits homologués et interventions limitées aux zones à risque, conformément à la réglementation biocide et aux exigences HACCP.

Une collaboration interservices

La réussite d’un plan de maîtrise des rongeurs dépend aussi de la coordination entre les équipes internes : qualité, maintenance, production, nettoyage. Chacun joue un rôle clé dans la détection précoce, la gestion des anomalies et l’application des recommandations du prestataire spécialisé. Un plan de communication interne structuré permet d’assurer la continuité du programme, même en cas de rotation du personnel ou d’audit externe.

La maîtrise des rongeurs en milieu agroalimentaire repose sur une seule règle : anticiper plutôt que subir. Inspection, prévention et coordination entre services forment le socle d’une stratégie durable. Un site sans nuisibles, c’est avant tout une organisation réactive, des procédures maîtrisées et une exigence constante de sécurité alimentaire.

Article rédigée par l’équipe editoriale de Hamelin.info

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