Dératisation

Le furetage : une méthode ancestrale face aux défis actuels de la dératisation

Gros plan sur un furet utilisé pour le furetage
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Article mis à jour le 4 février 2025

Alors que les préoccupations environnementales et sanitaires prennent une place centrale dans le débat public, la gestion des nuisibles, notamment des rats, doit impérativement évoluer. Face à des méthodes chimiques de plus en plus contestées, les professionnels de la dératisation recherchent des solutions à la fois efficaces et respectueuses de l’environnement. C’est dans ce contexte que le furetage, une méthode ancestrale de lutte par prédation naturelle, connaît une renaissance. En exploitant les instincts de chasse du furet, cette approche durable et sans recours aux produits chimiques offre une réponse aux défis contemporains de la dératisation. Plus qu’une simple technique, elle s’inscrit dans un mouvement global vers une gestion raisonnée et éthique des nuisibles, répondant à la demande croissante de solutions moins toxiques et plus responsables.

La prédation naturelle comme alternative aux méthodes chimiques

Utiliser des furets dans la chasse aux nuisibles n’est pas une pratique récente. Elle trouve son origine dans l’Égypte ancienne puis au Moyen Âge où déjà, des mustélidés (famille de mammifères dont font partie les furets) étaient utilisés contre les rongeurs. Le furet descend du putois, prédateur sauvage du lapin et des rongeurs. Au fil des siècles, l’animal a été domestiqué et choisi pour ses traits physiques afin de seconder l’homme dans la dératisation. Grâce à sa petite taille (entre 30 et 60 cm de long), son faible poids (jusqu’à 1 kg pour les femelles et 2 kg pour les mâles) et son corps flexible, il se glisse sans difficulté dans les terriers. Son puissant odorat et ses griffes en font un excellent chasseur.

Petite précision : ce sont les femelles qui sont principalement utilisées, car elles possèdent un instinct de chasse plus prononcé et une plus petite taille. Avec une remise en question des méthodes classiques (appâts chimiques, pièges mécaniques), la prédation naturelle suscite un intérêt croissant. Les raisons ? Des avantages indéniables, à commencer par une lutte plus saine et sécurisée pour l’homme. Les furets vont être mobilisés pour atteindre des zones difficiles d’accès, un gain d’efficacité et de temps non négligeable pour le professionnel.

Transition vers des méthodes de bioprédation

Pour Yannick Le Couillard, fondateur de Dera Ty Breizh, la transition entre chimie et lutte naturelle coule de source : « C’est dans l’air du temps, c’est la logique que devraient avoir tous les dératiseurs, on essaye d’utiliser le moins de produits possible. » Yannick pratique le furetage depuis 3 ans et « utilise encore des poisons si c’est impossible mais c’est très rare« . Comme lui, de nombreux professionnels ont choisi cette méthode par souci de sécurité et de préservation de l’environnement. « Je me suis tournée vers les furets par amour de la bioprédation et pour ne pas mettre de rodenticides« , explique Patricia Estivalet, qui a fondé RAFU il y a deux ans. « Quand les communes m’ont demandé de mettre des raticides au pied des immeubles, j’ai dit non parce qu’il y a trop d’enfants, des chiens… et c’est là que j’ai pensé au furet ! » poursuit-elle. Jérôme Guillemin, gérant de Furax Dératisation, s’est tourné quant à lui vers une lutte entièrement sans biocides. Ces professionnels ont choisi des pratiques qui s’inscrivent dans le cadre du RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises).

Un cadre réglementé pour la gestion avec furets

Pour Myriam Juan, superviseur chez un bailleur social à Talence (Gironde), c’est « une méthode qu’il faut envisager dans l’avenir« . Suite à une importante prolifération de rats et sans résultats après l’intervention à base de produits chimiques d’une première, elle a fait appel aux services de Jérome. « On voulait aller au plus près de la biodiversité avec des solutions plus adaptées et on a trouvé que les furets pouvaient être intéressants (…) on a été très satisfaits », explique Myriam Juan.

Le furetage, bien que prometteur, nécessite souvent d’être combiné à d’autres techniques, explique Yannick Le Couillard : « Il faut utiliser toutes les méthodes, il n’y en a pas une qui va être meilleure que d’autres, cela dépend des sites. » Lors de ses interventions, il combine furetage et travaux : hermétisation, plomberie… De plus, plusieurs passages sont effectués pour s’assurer que les rats ne reviennent plus. Les professionnels effectuent un état des lieux puis fournissent aux clients un rapport sur le travail à effectuer. Plusieurs facteurs sont pris en compte.

Pour Patricia Estivalet, les zones doivent être vierges de raticides depuis au moins 35 jours, pour la sécurité de ses animaux. Elle délimite ses interventions à des zones de 5 à 6 m².

Travailler avec des furets impose un sérieux vis-à-vis de ses animaux. « Il ne faut pas compter ses heures quand on travaille avec ses animaux« , précise Jérôme Guillemin. Tout repose sur eux : « C’est très compliqué, je passe minimum une heure par jour avec mes furets, c’est chronophage et ça doit être un minimum rentable« , complète Patricia Estivalet.

Pour éviter des dérives, un cadre législatif existe. En plus de posséder le Certibiocide, l’Acaced (Attestation de Connaissance pour les Animaux de Compagnie Domestique) et le TAV (Transport d’Animal Vivant) sont nécessaires pour pouvoir travailler avec des animaux et les transporter.

Un intérêt croissant pour le furetage en dératisation

Le furetage remporte un véritable succès, Patricia Estivalet explique : « Parfois, on m’appelle là où on ne peut pas en faire. » Avec des demandes croissantes, elle précise effectuer des tests dans des restaurants ou des vides sanitaires, certaine qu’avec le temps, le furetage dans ces zones sera possible.

Pour les élus, les résultats sont encourageants. « La ville de Dole a pu découvrir cette nouvelle méthode efficace et écologique (…) qui présente le double avantage de déloger tous les rats (…) et de laisser une odeur musquée, persistante et répulsive dans les galeries, réduisant les risques de recolonisation » analysent le maire de Dole Jean-Baptiste Gagnoux et son adjoint Stephane Champanhet suite à l’intervention de RAFU.

Auprès des habitants, Yannick Le Couillard observe un autre atout à cette pratique : « Les comportements des gens évoluent« . Le furetage offre un cadre de sensibilisation notamment sur les bons gestes à adopter pour freiner les proliférations de rats.

L’utilisation des furets dans la lutte contre les rongeurs trouve aujourd’hui un écho favorable auprès de nombreux professionnels et collectivités, séduits par son efficacité et son caractère respectueux de l’environnement. Si cette méthode attire de plus en plus d’adeptes, elle reste néanmoins complémentaire des pratiques traditionnelles. Le furetage, bien encadré et pratiqué avec rigueur, semble répondre aux attentes d’une lutte raisonnée, mais son adoption à plus large échelle dépendra des résultats futurs et des évolutions réglementaires. Dans un contexte où les méthodes sans biocides sont de plus en plus recherchées, cette approche naturelle pourrait constituer un atout parmi les nombreuses solutions disponibles aux professionnels.

Auteur : Adrien RIBERA

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