DératisationDésinsectisationMétier

Profession : dératiseur. Un métier discret au cœur des enjeux sanitaires

Dératisation et santé publique
@lccd

Invisible pour le grand public, la dératisation est pourtant un pilier essentiel de la santé publique. C’est le constat que dresse Le Club des Dératiseurs, le podcast qui donne la parole à celles et ceux qui veillent dans l’ombre sur notre santé, nos villes et nos entreprises. Animé par Kevin Granada, ce premier épisode d’une nouvelle série reçoit Romain Lasseur, docteur en biologie, entrepreneur et expert reconnu du secteur, pour une vaste mise en contexte du métier de dératiseur, de ses enjeux invisibles et de son rôle sanitaire fondamental. Pourquoi les techniciens hygiénistes ne sont-ils sollicités qu’en situation de crise ? Le réchauffement climatique est-il vraiment responsable de la prolifération des nuisibles ? Que peuvent faire les collectivités et les entreprises pour mieux anticiper ? Autant de questions posées dans cet épisode, qui invite à reconsidérer en profondeur la place des professionnels de gestion des nuisibles, dans la société d’aujourd’hui et de demain.

Le contrôle des nuisibles, un enjeu central de santé publique

La lutte antiparasitaire ne se résume pas à l’hygiène. Elle constitue une composante majeure de la santé publique, au même titre que la médecine préventive. Romain Lasseur, expert reconnu du secteur et invité du premier épisode du podcast Le Club des Dératiseurs, rappelle que la santé publique repose sur trois piliers : la santé humaine, la santé animale et la santé environnementale.

Or, les espèces animales envahissantes rats, moustiques tigres, insectes nuisibles — perturbent cet équilibre. Leur capacité à transmettre des maladies vectorielles (comme la dengue) ou à impacter l’image des entreprises en fait des cibles prioritaires. Dans un contexte d’urbanisation accélérée, la gestion des nuisibles devient une condition essentielle à la souveraineté sanitaire des territoires.

Technicien hygiéniste : un métier invisible mais essentiel

Le paradoxe du métier de dératiseur, c’est son efficacité silencieuse. Quand tout va bien, on l’oublie. Quand les nuisibles prolifèrent, il devient l’ultime recours. Ce positionnement curatif rend la profession peu visible et souvent peu valorisée, malgré son rôle fondamental.

Romain Lasseur évoque le manque de reconnaissance, tant du grand public que des décideurs. Et pourtant, dans les secteurs de la grande distribution ou de la restauration, une seule infestation peut provoquer une crise sanitaire et réputationnelle majeure. En cela, les dératiseurs assurent une mission de protection continue, souvent dans l’ombre.

Urbanisation, climat et explosion des rongeurs : quelles causes réelles ?

Face à la montée des populations de rats en ville, certains invoquent le réchauffement climatique. Si ce facteur peut jouer à long terme (modification des biotopes, déplacement des espèces), il ne saurait être l’unique cause.

Le terrain révèle d’autres réalités : paupérisation urbaine, gestion défaillante des déchets, végétalisation anarchique, zones de reproduction et d’alimentation mal contrôlées. Les politiques publiques tendent à invoquer la météo pour éluder leurs responsabilités, là où une maîtrise structurelle des déchets et de l’aménagement urbain serait bien plus efficace.

L’exemple du compostage urbain mal encadré illustre cette contradiction : il fournit aux rongeurs un accès direct à la nourriture.

Des collectivités souvent mal armées face au problème

Autre point sensible : la gestion publique des appels d’offres en matière de dératisation. Romain Lasseur dénonce :

  • la primauté accordée au prix sur la qualité technique,
  • le turnover excessif des prestataires, qui empêche tout suivi efficace,
  • des cahiers des charges mal rédigés, déconnectés du terrain et parfois non conformes à la réglementation.

Ce fonctionnement nuit à la performance globale du secteur. Il favorise une logique d’urgence, de réaction, au détriment de la prévention durable. Or, la dératisation ne s’improvise pas : elle requiert des connaissances biologiques fines, des moyens adaptés, et une stratégie de territoire.

Prévention et formation : faire évoluer le rôle de l’expert antiparasitaire

Heureusement, le secteur évolue. On passe progressivement d’une logique de « pest control » à un « pest management », où le diagnostic et l’analyse de terrain priment sur la simple application de produits. Ce glissement donne plus de responsabilités aux techniciens hygiénistes… à condition qu’ils soient formés et informés.

D’où l’importance de :

  • la formation continue, pour rester à jour sur les produits, les réglementations et les techniques,
  • la curiosité professionnelle, moteur d’évolution dans un métier encore trop souvent choisi par défaut,
  • la communication professionnelle maîtrisée, pour valoriser les bonnes pratiques et écarter les dérives.

Romain Lasseur insiste aussi sur le rôle de la représentation syndicale et des outils collectifs comme les podcasts, les articles spécialisés ou les plateformes de formation pour accroître la visibilité du secteur. Face aux défis sanitaires croissants, la dératisation ne peut plus être perçue comme une simple action curative. C’est une fonction stratégique, qui mérite d’être mieux intégrée aux politiques publiques et aux plans de prévention des entreprises. Former, anticiper et sensibiliser : voilà les clés d’un changement durable.

Pour approfondir ces enjeux, découvrez l’intégralité de l’épisode du Club des Dératiseurs avec Romain Lasseur.

ÉCRIVEZ-NOUS
Avez-vous des nouvelles sur le secteur 3D,  que vous souhaitez partager avec nous? 
communication@hamelin.info

Que pensez-vous de cet article?

J'aime
3
Bravo
2
Instructif
2
Intéressant
1

Découvrez aussi

commentaires clos