Chacun cherche son piège
Pièges à CO2, pièges lumineux, pièges olfactifs, pièges mécaniques… Les offres en pièges à moustiques ne manquent pas sur le marché. Et leur efficacité varie grandement selon les situations ou les espèces visées. Alors, comment s’y retrouver ? Suivez-le guide.
Sommaire
Pourquoi la prolifération des moustiques renforce le recours aux pièges à moustiques ?
Les moustiques, ça pique ! Ce n’est pas un scoop, mais depuis que ces piqûres sont susceptibles de véhiculer des maladies comme la dengue ou le virus du West Nile, nos compatriotes foncent s’équiper dans les rayons des magasins de bricolage ou sollicitent les services des professionnels.
« Il y a eu une explosion de la demande l’année dernière. Il y avait énormément de moustiques et les gens étaient exaspérés », se souvient Manon Dargent, dirigeante de la société Prodhyg, basée dans l’Isère, qui est intervenue auprès de plusieurs restaurateurs dont les clients avaient déserté les terrasses à cause des moustiques.
Pourquoi les pièges à moustiques remplacent les biocides et comment choisir le bon modèle ?
Hier, une telle prolifération aurait sans doute provoqué un recours massif aux produits chimiques. Aujourd’hui, le contexte réglementaire a changé et limite de facto l’usage des biocides. « Nous n’en utilisons quasiment plus. Les pièges sont la meilleure alternative : sans insecticide et très efficaces », abonde Manon Dargent. Rappelons également que seulement trois pièges à CO2 disposent d’une AMM (autorisation de mise sur le marché) pour lutter contre le moustique tigre.
Dans ces conditions, comment faire le bon choix ? « C’est le milieu où a lieu l’intervention qui conditionne le choix de tel ou tel piège. Au global, ceux-ci sont particulièrement efficaces en milieu urbain où la densité de moustiques reste contrôlable », éclaire Rubén Bueno-Marí, directeur technique de Rentokil Initial España.
Panorama des pièges à moustique
Il existe plusieurs grandes familles de pièges à moustiques avec des modes d’attraction et des mécanismes de capture différents. Les pièges à CO2 sont très efficaces mais coûteux. Équipés d’une bombonne à CO2, ils supposent une logistique plus lourde. « Ce sont les pièges qui se sont le plus développés pour faire face aux moustiques qui piquent de jour. Surtout quand ils émettent en même temps une substance attractive qui imite la sueur humaine », détaille Rubén Bueno-Marí. Cela dit, tous les modèles ne se valent pas.
Pièges CO2 : retour d’expérience et différences d’efficacité sur le terrain
Manon Dargent se souvient d’un cas client édifiant : « C’était un grand terrain avec un petit ruisseau, à côté de marécages, avec des bambous et de la végétation dense : un vrai paradis à moustiques. » Pendant plusieurs semaines, la dirigeante de la société Prodhyg a testé une grande quantité de pièges disponibles sur le marché : « J’y allais tous les jours pour relever les pièges et compter les moustiques. J’ai vu de grandes différences d’efficacité. »
Elle a fini par opter pour un piège combinant CO2 et attractif qui a la particularité de ne pas être enfermé dans un caisson : « C’est un modèle hachuré de partout, ce qui lui permet sans doute d’être plus efficace », confie-t-elle. Avec leur bonbonne à gaz, les pièges à CO2 présentent cependant certaines contraintes techniques : la plupart des modèles demandent une alimentation électrique et une protection contre les intempéries, le vol et les dégradations.
Autres types de pièges à moustiques
Il existe également des pièges lumineux avec lampe à UV qui peuvent être utilisés pour lutter contre certaines espèces. Ils produisent de la chaleur et attirent les moustiques qui ont des habitudes nocturnes : « Ça marche pour le moustique classique, mais pas pour le moustique tigre qui est actif pendant la journée », précise Rubén Bueno-Marí.
Les pièges olfactifs qui attirent les moustiques en émettant des kairomones sont plus sélectifs et spécifiques à l’espèce ciblée. Mais ils sont plutôt utilisés en complément des autres pièges. Enfin, il y a les pièges mécaniques ou collants qui ont l’avantage d’être discrets, passifs et longue durée, mais qui sont d’une efficacité variable. Bien qu’ils ne rentrent pas forcément dans le piégeage au sens propre, on peut tout de même citer les pièges à larves. « Ils contiennent de l’eau stagnante qui attire les femelles lors de la ponte. Les larves restent coincées dans le piège », pose Rubén Bueno-Marí.
Quel est le coût d’un piège à moustiques et comment optimiser son efficacité ?
Ces pièges ont un coût. Bien que les différents modèles soient plus ou moins chers, les spécialistes constatent que, rapporté à la surface protégée, le prix est généralement à peu près le même au mètre carré. Pas étonnant que le critère principal de choix reste donc celui de l’efficacité.
Pour maximiser cette dernière, les professionnels militent pour une approche de lutte intégrée. « Il faut agir sur les trois stades du moustique : du bacille de thuringe dans les eaux stagnantes pour les larves, des pièges attractifs pour les adultes et des pièges pondoirs pour les femelles gravides », avance Manon Dargent.
Poser correctement un piège à moustiques : erreurs fréquentes et bonnes pratiques
Cela dit, les campagnes de démoustication sont vouées à l’échec si elles n’intègrent pas la formation des citoyens. « On a besoin de programmes éducatifs pour que chacun s’approprie les bonnes pratiques en matière de lutte contre les moustiques », dit Rubén Bueno-Marí qui a recours aux table-rondes citoyennes et aux réseaux sociaux pour éviter l’accumulation d’eaux stagnantes dans le cadre privé. La pose des appareils est également au cœur des débats.
Beaucoup de gens pensent que les pièges se mettent près d’eux, alors que ce sont des pièges attractifs. Il faut plutôt les poser plus loin, dans les lieux de repos des moustiques
Manon Dargent.
Autres erreurs fréquentes : poser un appareil en plein courant d’air ou au soleil. Face à la hausse des populations de moustiques et les enjeux de santé publique qui y sont liés, c’est toute la population qui doit monter en compétences pour adopter les bonnes pratiques, savoir reconnaître les différentes espèces et leurs habitudes… Afin d’être en mesure de choisir le bon piège.
Encadré
Quel moustique t’a piqué ?
Culex pipiens: c’est le moustique le plus courant. Il apprécie les eaux stagnantes et pique la nuit, à l’intérieur comme à l’extérieur.
Anopheles SPP. : il pique la nuit comme le jour, à l’intérieur comme à l’extérieur, et peut transmettre la malaria.
Aedes albopictus : également connu sous le nom de moustique tigre, c’est un moustique urbain qui pique également en journée et peut transmettre de nombreuses maladies (Zika, chikungunya, fièvre jaune, dengue).
Aedes Aegypti : il se développe surtout dans les réservoirs d’eau et pique principalement après le lever et avant le coucher du soleil.
Auteur : Nicolas Zeisler avec Vincent Ergen
Source : Extrait du magazine Viva protect n.4 – été 2025
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