
Article mis à jour le 13 juin 2025
La prolifération d’espèces comme le rat ou le pigeon est largement favorisée en milieu urbain par l’abondance de nourriture et par un environnement simplifié (pauvres en structure et en biodiversité) par l’Homme.
Les intervenants ont rappelé que l’humain, seul responsable de l’artificialisation des milieux, est également le seul capable d’intervenir pour prévenir les risques sanitaires et restaurer des équilibres écologiques.
Dans ce contexte, le webinaire a permis de faire un tour d’horizon des enjeux liés aux nuisances aviaires : évolution réglementaire, espèces concernées, sensibilité sociétale, méthodes de capture ou de dissuasion, et nécessité d’une professionnalisation accrue. Cet article propose une synthèse des échanges tenus lors de cette rencontre.
Sommaire
Un contexte urbain propice à la prolifération des volatiles
Lors de l’ouverture du webinaire, Romain Lasseur a expliqué que la forte disponibilité de nourriture et les environnements pauvres en structure et en biodiversité favorisent la prolifération d’espèces qualifiées de « plastiques », capables de s’adapter à des milieux diversifiés pour peu qu’elles y trouvent ressources alimentaires et opportunités de reproduction. C’est le cas du pigeon, mais aussi d’autres espèces envahissantes comme la punaise de lits ou le frelon asiatique.
Romain Lasseur a souligné que, bien que l’urbanisation ait déréglé les écosystèmes, l’intervention humaine est désormais indispensable pour maîtriser la prolifération excessive de ces espèces et éviter leurs impacts négatifs.
Des facteurs multiples amplifiant les nuisances
Plusieurs facteurs clés intensifient cette problématique de la gestion des nuisibles volatiles :
- L’urbanisation : les zones de forte concentration humaine génèrent une abondance de déchets et de ressources alimentaires, attirant diverses espèces dans des écosystèmes simplifiés par l’activité humaine.
- Le changement climatique : il contribue à une réduction de la mortalité hivernale de certaines espèces. Par exemple, il a été noté une augmentation de la survie des jeunes ragondins.
Cette tendance entraîne pour certaines populations de volatiles, un doublement, voire un triplement de leurs effectifs, au cours des cinq dernières années, augmentant ainsi les risques sanitaires.
- L’évolution réglementaire : la réglementation est en constante mutation, ce qui peut complexifier les interventions nécessaires.
- Le changement d’échelle migratoire des animaux : des espèces comme le pigeon ramier (palombe) se sédentarisent de plus en plus en France. Ne migrant plus vers des zones plus chaudes en Espagne ou au Maroc en raison de conditions environnementales et de ressources alimentaires suffisantes, leur présence a des impacts considérables sur le milieu agricole.
- Les échanges internationaux : ils facilitent l’introduction et le déplacement d’espèces. La perruche à collier, par exemple, échappée du Muséum d’Histoire Naturelle, est désormais très présente à Paris, avec des impacts sur la biodiversité (compétition avec les espèces indigènes) et sur les infrastructures (dégradations de câbles électriques).
L’ensemble de ces conditions favorise l’installation durable de fortes populations de volatiles invasifs. Une étude Ipsos, mentionnée par les intervenants, confirme d’ailleurs que les Français sont fortement impactés par ces nuisances et que la tendance est à la hausse. La régulation durable exige donc un respect rigoureux du cadre réglementaire et une prise en compte de la sensibilité sociétale croissante envers le bien-être animal, privilégiant des approches comme le délogement plutôt que le piégeage.
Décrypter le ‘millefeuille’ réglementaire des volatiles indésirables
Le webinaire a consacré une séquence clé à l’encadrement réglementaire des interventions contre les volatiles envahissants, un aspect jugé d’une complexité notable pour la profession. Les intervenants ont notamment qualifié le dispositif actuel de véritable « millefeuille administratif », une superposition de textes, codes et arrêtés dont l’application varie selon les territoires, les espèces ciblées et les périodes de l’année.
Plusieurs références légales fondamentales régissent ces interventions, notamment le Code rural, le Code des collectivités territoriales et les règlements sanitaires départementaux (RSD). À cela s’ajoutent des normes sectorielles spécifiques comme celles de l’AIB ou du BRC. L’ensemble de ces cadres juridiques conditionne la nature des actions, définissant les périmètres d’intervention en fonction de la dangerosité avérée des espèces et de leurs impacts sur la santé publique ou les infrastructures.
Espèces protégées vs. Espèces susceptibles d’occasionner des dégâts (ESOD) : Une distinction cruciale
Une distinction cruciale a été mise en exergue : celle entre les espèces « susceptibles d’occasionner des dégâts » (ESOD) et les espèces protégées. Si la régulation des ESOD suit des procédures établies, toute action concernant les espèces protégées, même non létale, requiert des démarches administratives particulièrement longues et rigoureuses. À titre d’exemple, l’obtention des autorisations nécessaires peut s’étendre de 6 mois à 1 an, notamment lorsqu’un avis d’écologue est indispensable, comme c’est le cas pour le goéland argenté. Ces délais peuvent laisser la situation s’aggraver, puisque pendant l’attente, les populations d’espèces envahissantes continuent de proliférer.
Le webinaire a par ailleurs insisté sur les risques significatifs en cas de non-respect de ces obligations réglementaires : les conséquences peuvent aller des sanctions financières aux peines de prison, et même à des condamnations pénales pour toute perturbation intentionnelle d’espèces protégées. Un intervenant a partagé un témoignage frappant : il a lui-même été condamné pour avoir dérangé des goélands avec un dispositif d’effarouchement acoustique, malgré une intention éthique de sa démarche. Cet exemple souligne la sévérité et la complexité des attentes légales.
Face à ce cadre exigeant, un message clair et unanime a été délivré aux professionnels de la lutte antiparasitaire : la nécessité de se former continuellement, de documenter rigoureusement chaque intervention, de conserver tous les justificatifs pertinents, et de ne jamais hésiter à solliciter des conseils juridiques en amont de toute opération.
Espèces ciblées : identifier et comprendre les principaux nuisibles volatiles
Poursuivant les échanges, les intervenants du webinaire ont abordé les espèces les plus fréquemment rencontrées dans le cadre de la lutte antiparasitaire aviaire. Il a été rappelé que la qualification de « nuisible » dépend avant tout de l’impact que l’espèce génère sur l’environnement humain, qu’il soit sanitaire, économique ou structurel.
Les experts ont notamment détaillé les caractéristiques et les nuisances associées aux espèces suivantes :
- Le Pigeon biset (Columba livia) : espèce emblématique des milieux urbains, sa prolifération est favorisée par l’abondance de nourriture et les sites de nidification protégés. Ses nuisances sont principalement sanitaires (propagation de maladies via les fientes et les parasites qu’il transporte), esthétiques (dégradations des bâtiments et monuments par les fientes corrosives) et structurelles (obstruction des gouttières, dégradation des charpentes).
- Le Corbeau freux (Corvus frugilegus) et la Corneille noire (Corvus corone corone) : ces corvidés sont de plus en plus présents en milieu urbain et périurbain. Leurs nuisances sont significatives, notamment dans le secteur agricole où, comme il a été mentionné, « l’estimation de coût c’est 129 millions d’euros de pertes liées au ravageur aviaire » en France. Ils sont responsables de la destruction de semis (maïs, tournesol, céréales), obligeant parfois les agriculteurs à ressemer plusieurs fois. En milieu urbain, ils peuvent également causer des nuisances sonores et des dégradations. Timothée a d’ailleurs confirmé ces problématiques en évoquant les « ravageurs des champs » et les efforts de protection des parcelles de semences.
- Le Moineau domestique (Passer domesticus) : bien que souvent perçu comme inoffensif, le moineau peut devenir un nuisible en milieu urbain lorsqu’il niche en grand nombre dans des bâtiments. Ses nids peuvent obstruer les conduits, provoquer des courts-circuits et ses fientes générer des problèmes d’hygiène. Il est important de noter que le moineau domestique est une espèce protégée dans certaines régions, ce qui complexifie sa régulation.
- La Perruche à collier (Psittacula krameri) : cette espèce, introduite en Europe et désormais bien établie, notamment à Paris, a été citée comme un exemple de nuisance liée aux échanges internationaux. En forte densité, les perruches à collier peuvent avoir un impact sur la biodiversité locale en compétitionnant avec les espèces indigènes pour les cavités de nidification et les ressources alimentaires. Elles sont également connues pour ronger des câbles électriques et causer d’autres dégradations aux infrastructures.
Les intervenants ont insisté sur le fait que la connaissance précise de l’espèce et de ses comportements est fondamentale pour choisir la méthode de régulation la plus adaptée et la plus conforme à la réglementation en vigueur.
La régulation : une nécessité pour l’équilibre de la biodiversité
Le webinaire a ensuite mis en lumière un aspect souvent méconnu ou débattu : la régulation des espèces envahissantes, ne relève pas d’un caprice, mais d’une nécessité pour la préservation de la biodiversité. Cette démarche est essentielle pour maintenir les équilibres écologiques, particulièrement dans les environnements altérés par l’activité humaine.
Les intervenants ont expliqué que, si l’Homme a souvent été responsable du déséquilibre des écosystèmes par l’urbanisation ou l’introduction d’espèces, il est aussi le seul à pouvoir intervenir pour restaurer un certain ordre. La prolifération incontrôlée de certaines espèces « plastiques » ou envahissantes, comme le pigeon biset ou la perruche à collier, a un impact direct et négatif sur les espèces indigènes. Ces espèces envahissantes entrent en compétition pour les ressources alimentaires et les sites de nidification, pouvant aller jusqu’à l’éviction des espèces locales, menaçant ainsi leur survie et la diversité génétique.
Timothée a d’ailleurs appuyé cette problématique en évoquant la nécessité de « protéger les parcelles de semences », faisant référence aux impacts économiques majeurs des ravageurs aviaires sur l’agriculture. Ces espèces, bien que faisant partie de la faune, peuvent devenir des menaces significatives pour les cultures, compromettant la production et la rentabilité agricole, ce qui à son tour a des conséquences sur la biodiversité agricole et les écosystèmes associés.
Pourquoi la régulation est essentielle pour la biodiversité ?
En somme, la régulation est présentée non pas comme une destruction arbitraire, mais comme un outil de gestion responsable. Elle vise à :
- Protéger les espèces indigènes : en limitant la compétition pour les ressources et les habitats.
- Maintenir l’équilibre des écosystèmes : En évitant la dominance excessive d’une espèce au détriment des autres.
- Prévenir les impacts économiques : en réduisant les dégâts sur l’agriculture et les infrastructures, ce qui soutient indirectement la diversité des pratiques agricoles et des paysages.
Cette approche, bien que parfois controversée, est essentielle pour gérer les conséquences des activités humaines sur la faune et garantir un environnement plus sain et équilibré pour toutes les espèces.
La fauconnerie : une méthode de régulation spécifique et professionnelle
Parmi les méthodes de régulation détaillées, la fauconnerie a été présentée comme une approche technique exigeant des compétences pointues. L’intervention de « Fauconnerie Team » a illustré son application concrète, notamment pour la protection des cultures agricoles.
Timothée a souligné l’importance de la fauconnerie dans la lutte contre les ravageurs des champs, en particulier les corvidés (Corbeau-freux, Corneille noire) dont l’impact économique est significatif. Il a ainsi précisé que cette méthode est privilégiée pour la « protection des parcelles de semences », où les pertes peuvent s’élever à « des dizaines de milliers d’euros ». L’objectif est clair : protéger les cultures à forte valeur ajoutée comme le maïs ou le tournesol, une protection qui serait économiquement non viable pour le fourrage.
Expertise et synergie technologique
L’efficacité de la fauconnerie repose sur plusieurs piliers :
- Le dressage des oiseaux de proie : nécessite une expertise approfondie des rapaces et de leur comportement.
- La connaissance du terrain et des espèces cibles : indispensable pour adapter l’intervention au contexte spécifique de chaque site et aux habitudes des nuisibles.
- La combinaison des techniques : la fauconnerie s’intègre désormais dans un ensemble de moyens techniques et technologiques innovants. Timothée a d’ailleurs mentionné l’utilisation « plus récemment avec la technologie du drone automatisé » pour l’effarouchement, illustrant la synergie entre tradition et avancées technologiques.
Le respect de la réglementation est bien sûr un impératif constant. Comme pour toute méthode de régulation, l’usage de rapaces est encadré par des règles strictes concernant le bien-être animal et le dérangement des espèces protégées.
Cette partie de la discussion a mis en exergue le haut niveau de professionnalisme requis pour la mise en œuvre de la fauconnerie et son intégration dans une stratégie globale de régulation des nuisibles, alliant tradition et innovation.
CertiVolatiles® : une référence pour la professionnalisation de la lutte aviaire
Poursuivant l’exploration des outils et des compétences professionnelles, l’accent a été mis sur le dispositif CertiVolatiles®. Ce dernier se positionne comme un atout majeur pour garantir la qualité et la conformité des interventions de régulation des volatiles envahissants.
La formation CertiVolatiles® vise à :
- Renforcer les compétences techniques : assurer que les opérateurs maîtrisent les méthodes de régulation les plus efficaces et respectueuses.
- Actualiser les connaissances réglementaires : face à un « millefeuille administratif » complexe et évolutif, la certification permet aux professionnels de rester à jour sur les lois et les meilleures pratiques.
- Promouvoir l’éthique professionnelle : intégrer les attentes sociétales croissantes en matière de bien-être animal et de respect de l’environnement dans les pratiques de régulation.
Comme mentionné lors de cette présentation, la formation CertiVolatiles® aborde non seulement les aspects techniques et réglementaires, mais aussi la gestion de situations complexes. Il a été précisé que ce programme couvre les « moyens techniques et technologiques », en faisant référence à la combinaison de techniques traditionnelles comme la fauconnerie et de technologies modernes comme les drones automatisés pour l’effarouchement. Cela souligne l’approche globale et innovante promue par la certification.
L’obtention de cette certification est présentée comme un gage de sérieux et de fiabilité pour les entreprises et leurs clients. Elle répond directement au besoin de « montée en compétence des professionnels de la lutte antiparasitaire » pour garantir une « régulation durable, responsable, et acceptée », des points cruciaux pour l’avenir de la profession.
Source : Webinaire IZIPest
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