Ces dernières années, le nombre d’infestations par les punaises de lit a considérablement augmenté, alimentant au passage des phénomènes de panique collective. Que n’a-t-on craint, avant les JO de Paris, une arrivée massive de ces petites bêtes dans les valises des touristes du monde entier. Mais sommes-nous tous égaux face au stress provoqué par les punaises de lit ? Une récente étude, menée à Lyon, a tenté d’y voir plus clair. Cédric Thénoz, entomologiste et spécialiste de la stratégie de lutte à grande échelle contre les punaises de lit, y a participé. Interview.
Pour quelles raisons avez-vous réalisé cette étude ?
Cédric Thénoz – La construction de cette étude a démarré dès la création du projet lyonnais « Oh punaises » qui a regroupé et regroupe toujours de nombreuses institutions publiques et quelques acteurs privés réunis par le laboratoire d’innovation sociale « le Centsept » (ARS, CAF, CHU du Vinatier, Métropole de Lyon, Ville de Lyon, préfecture, bailleurs sociaux lyonnais, acteurs des Entreprises à But d’Emplois, entomologistes etc…).
L’objectif du projet « Oh punaises » est de poursuivre les travaux réalisés sur le sujet lors de la publication du plan interministériel de lutte contre les punaises de lit. Dans cette continuité nous avons donc tenté d’identifier sur notre territoire les éventuelles carences de la lutte contre les punaises de lit, de trouver des alternatives et/ou des solutions complémentaires qui ne sont actuellement pas pourvues par les entreprises du secteur, pour créer des activités au sein des entreprises et de l’emploi. Cette étude analytique sans prétention fait donc partie intégrante des autres travaux réalisés dans ce projet.
@Photo d’une punaise de lit
Comment expliquer le gouffre entre le fait que les infestations de punaises de lit soient considérées comme médicalement bénignes et leur impact sur la santé mentale des personnes qui les subissent ?
En entomologie médicale, lorsque le risque pour la santé est évoqué, il l’est principalement sous le prisme de la capacité vectorielle d’une ou de plusieurs espèces capables de transmettre des arboviroses potentiellement mortelles.
La punaise de lit, à ce jour, ne transmet pas de maladies, ne provoque pas d’épidémies et ne tue pas. Finalement peu d’espèces d’insectes ont un impact sur la santé mentale. La santé mentale n’était peut-être pas non plus une « priorité nationale » jusqu’à présent.
Quels sont les symptômes du stress lié aux punaises de lit ?
Une diminution de la qualité de vie, de l’insomnie et des symptômes similaires aux troubles de stress post-traumatique.
Y a-t-il des catégories de la population qui ont plus de chances d’être victimes d’un haut niveau de stress en cas d’infestation ?
Le jeune âge, le sexe féminin, l’absence d’enfant, le fait d’être célibataire, l’isolement social, la gravité de l’infestation et le traitement par insecticides chimiques, notamment lorsque les problèmes de santé ne sont pas pris en compte.
Les auteurs de l’étude
- Dr Guillaume Barbalat, MD PhD MSc, ingénieur Recherche Hospitalier Santé mentale, économie de la santé, épidémiologie sociale et environnementale, Centre Ressource Réhabilitation, Le Vinatier.
- Virginie Berthillot, coordinatrice du Conseil Local de Santé Mentale – CLSM – Lyon 3ème, 6ème et 8ème arrondissements, Le Vinatier.
- Pr Nicolas Franck, professeur des universités – praticien hospitalier au CHU de Lyon, responsable du Centre ressource de réhabilitation psychosociale (CRR) et du pôle Centre rive gauche (exerçant une mission de secteur sur les 3ème, 6ème et 8ème arrondissements de Lyon).
- Cédric Thénoz, entomologiste, spécialiste de la stratégie de lutte à grande échelle contre les punaises de lit.
Auteur : Nicolas Zeisler
Source : Extrait du magazine Viva protect n.4 – été 2025
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