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Biodiversité urbaine et nuisibles

biodiversité urbaine et nuisibles en ville
@Viva Protect

Multiplication des espaces verts, installation de ruches en milieu urbain, plans d’eau et trous de verdure… Les collectivités ne chôment pas pour développer la biodiversité urbaine et rendre les villes plus habitables. Les citadins s’en félicitent. Et les nuisibles en ville ? On a mené l’enquête.

Nuisibles en ville : impact de la biodiversité urbaine sur la santé

La ville verte a le vent en poupe. Le maintien et le développement de la biodiversité en milieu urbain sont vus par de nombreux spécialistes comme indispensables pour la survie des villes. « La qualité de vie des citadins, voire leur santé, sont étroitement liées à la qualité de la biodiversité dans les quartiers où ils habitent », explique Nathalie Machon, professeure d’écologie urbaine au Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), à Paris, dans une interview pour le site de la Caisse des Dépôts.

Les végétaux permettent en effet de rafraîchir l’air en temps de canicule. Ils améliorent la santé physique et mentale des citadins en absorbant les particules fines présentes dans l’air et en améliorant sa circulation, mais aussi en construisant des environnements relaxants et apaisants. « Des études montrent que dans les quartiers plus verts, les habitants urbains sont moins sujets aux allergies, aux maladies cardiovasculaires… », détaille Nathalie Machon.

La nature en ville est également une invitation à faire de l’activité physique et participe à la réduction des nuisances sonores. Un levier précieux pour améliorer la qualité de vie et lutter contre le changement climatique, en somme.

 

Vers une ville verte ?

« Incontestablement, les mairies et les communautés de communes ont fait des efforts importants pour développer ces espaces verts et donc recréer de la biodiversité dans les milieux urbains », constate Dominique Parriaud, directeur des opérations chez IZIgreen, une société qui installe des ruches pour des entreprises engagées dans une démarche éco-responsable.

Abeilles, ruches et équilibre avec les nuisibles

Avec ses ruches, il participe au développement de la biodiversité. « On reconstitue un écosystème à proximité du lieu où on met les ruches avec un parterre de plantes mellifères. Et les abeilles, premier vecteur de pollinisation, interviennent sur un rayon de 3 kilomètres autour de la ruche et participent au développement de la végétation. »

Alors que les restrictions réglementaires encadrent de plus en plus sévèrement l’utilisation de biocides, le développement de la biodiversité urbaine complexifie-t-il la gestion des populations de nuisibles ? « Les nuisibles vont être moins présents sur des espaces verts aménagés dans les agglomérations que dans les zones dans lesquelles ces espaces ne sont pas créés », estime Dominique Parriaud.

Dominique-Parriaud

@Dominique-Parriaud

 

Cela dit, les rats sont appâtés par les composts et les résidus alimentaires. Et certains effets de bords peuvent être gênants : « Le frelon asiatique est très attiré par les ruches, surtout à partir de la mi-juillet quand les nids se sont développés et qu’ils sont très actifs autour de tout ce qui peut servir de protéine pour leur larve », déplore Dominique Parriaud. 

Une question de santé publique

Dans un article publié dans Viva Protect n°3 et actuellement en ligne sur Hamelin.info, Franck Munoz, directeur Pest Control France chez Elis, rappelle « l’impact que peuvent avoir les infestations de nuisibles sur la santé publique et les écosystèmes ». La prolifération des moustiques et des rongeurs dans les espaces verts peut en effet entraîner des risques accrus de transmission de maladies.

Moustique : un nuisible aux risques sanitaires accrus

Les moustiques, en particulier avec la dengue et le virus du West Nile, sont dans l’œil du cyclone (voir notre dossier sur le sujet). « Les moustiques se développent beaucoup à partir de points d’eau », ajoute Dominique Parriaud. 

Antonin Leclercq, ingénieur en développement de produits chez La Boite à Moustique voit d’un mauvais œil la tendance des terrasses sur plots dont la rentabilité est appréciée par les promoteurs immobiliers : « Ce n’est pas cher et rapide à poser, mais ça ne prend pas en compte le moustique tigre.

Photo de Antonin Leclercq

@Antonin Leclercq

On peut avoir une retenue d’eau sous la dalle et donc beaucoup de moustiques. Certaines personnes n’arrivent même plus à sortir sur leur terrasse. » Cela dit, le moustique tigre n’est pas un grand fan des espaces verts : « Il y en a énormément en milieu urbain mais il va avoir beaucoup de mal à s’installer dans un espace vert avec des poissons, des libellules et un peu de nature », explique Antonin Leclercq.

Intégrer le risque nuisible en amont

Les plans d’aménagement urbain et notamment les projets de végétalisation prennent trop rarement en compte les risques nuisibles. Résultat : des interventions moins efficaces, car le problème est déjà installé. Avec davantage d’interventions et des coûts d’entretiens accrus, c’est une charge supplémentaire pour les collectivités ainsi que pour les acteurs du secteur. D’où le besoin urgent de repenser la place du secteur 3D dans la planification des villes vertes.

image illustrant de la verdure en ville

@ville et biodiversité

La lutte contre les nuisibles ne doit pas être la dernière roue du carrosse, c’est-à-dire une action réactive, mais doit être intégrée dès la conception des projets urbains. Cela permettrait aux spécialistes du secteur d’assumer réellement leur rôle de conseil et d’accompagnement. « À nous d’alerter les entreprises, les collectivités et les citoyens sur l’impact des nuisibles sur la santé et les écosystèmes. Et de les sensibiliser aux bonnes pratiques afin d’éviter les infestations », déclare Franck Munoz. 

Saluons tout de même certaines initiatives récentes comme la mise en place de composteurs sécurisés pour éviter d’attirer les rats ou de techniques de lutte intégrée, comme l’introduction d’espèces prédatrices naturelles, qui ont montré des résultats prometteurs dans certaines villes françaises.

À RETENIR

  • De plus en plus de collectivités tentent de rendre la ville plus verte en y aménageant des espaces verts.
  • L’impact est positif sur la santé physique et mentale des citadins : plus de sport, espaces relaxants, lutte contre la pollution et le réchauffement climatique.
  • Cependant, la situation profite à certains nuisibles (moustiques attirés par les eaux stagnantes, rats friands de compost, frelons asiatiques appâtés par les ruches installées en milieu urbain…)
  • D’où l’importance d’intégrer en amont le secteur 3D dès la conception des projets visant à renforcer la biodiversité urbaine. À la clé : un meilleur contrôle des populations de nuisibles, moins d’interventions et donc moins de coûts.

Auteur : Nicolas Zeisler

Source : Extrait du magazine Viva protect n.4 – été 2025

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